A few thoughts, a few sayings

-"Je suis celui qui te connais quand tu fuis jusqu'au bout du monde" Jacques Bertin (Je suis celui qui court)

- "Je ne suis pour toi qu'un renard semblable à cent mille renards. Mais, si tu m'apprivoises, nous aurons besoin l'un de l'autre. Tu seras pour moi unique au monde. Je serai pour toi unique au monde..." Saint-Exupéry (Petit Prince)

- "Et le plus beau, tu m'as trahi. Mais tu ne m'en as pas voulu" Reggiani (Le Vieux Couple)

- "We all got holes to fill And them holes are all that's real" Townes Van Zandt (To Live is To Fly)

- "Et de vivre, il s'en fout, sa vie de lui s'éloigne... Tu marches dans la rue, tu t'en fous, tu te moques, de toi, de tout, de rien, de ta vie qui s'en va." Jacques Bertin (Je parle pour celui qui a manqué le train)

- "I thought that you'd want what I want. Sorry my dear." Stephen Sondheim (Send in the clowns)

- "Pauvre, je suis de ma jeunesse, De pauvre et de petite extrace. Mon père jamais n'eu grand richesse, Ni son aïeul nommé Orace. Pauvreté nous suit à la trace, sur les tombeaux de mes ancêtres, Les âmes desquels Dieu embrasse! On n'y voit ni couronnes ni sceptres." François Villon (Pauvre, je suis)

- "Vous êtes prêts à tout obéir, tuer, croire. Des comme vous le siècle en a plein ses tiroirs. On vous solde à la pelle et c'est fort bien vendu" Aragon (Ce qu'il m'aura fallu de temps pour tout comprendre)

- "And honey I miss you and I'm being good and I'd love to be with you if only I could" Bobby Russell (Honey)

- "And I need a good woman, to make me feel like a good man should. I'm not saying I am a good man Oh but I would be if I could" Fleetwood Mac (Man of the World)

- "Je ne comprends pas ces gens qui peuvent s'installer n'importe où quand je cherche inlassablement avec la tête fermée que tu connais l'endroit où je retrouverai mon enfance" Jacques Bertin (Colline)

vendredi, juin 29, 2007

Le Vengeur - Chapitre 10. Guylhom

Et voici le chapitre 10 (vu que le 8 avait déjà été posté fin mai).
On retrouve donc Guylhom qui continue son chemin initiatique.
J'espère que vous l'apprécierez autant que lui.

EDIT: Je me suis un peu emmêlé les pinceaux. Le Chapitre 9 sera posté + tard.


Chapitre X. Guylhom
Guylhom ouvrit les yeux et cilla plusieurs fois. La lumière lui était douloureuse et il voyait flou. Il resta allongé quelques minutes et laissa sa vision s’adapter à son environnement. Le feuillage au dessus de lui oscillait au rythme du vent. Que faisait-il donc en forêt ? Etait-il vivant ?
« Que …que se passe t’il ? » Sa voix croassait et sa gorge était sèche.
Le monde semblait pulser autour de lui et la lumière lui semblait trop éclatante. Il frissonna et réalisa alors qu’il neigeait, de petits flocons descendaient doucement d’un ciel blafard. Tout cela semblait irréel, il était probablement encore en train de rêver au monastère. Les marées empêchaient quiconque d’en sortir avant la fin du mois de toute façon.
Un flocon lui atterrit sur la joue, fondant doucement à la chaleur de sa peau.
Il réalisa alors qu’il ne rêvait pas, qu’il n’était probablement pas mort et que d’une façon ou d’une autre on l’avait amené ici. Il était allongé sur une couverture qui le protégeait du froid.

La nausée commençait à disparaître et il s’appuya sur les bras pour s’assoir. Il jeta un regard circulaire sur la clairière. Le paysage n’offrait qu’une haute futaie à perte de vue. Il lui semblait voir la forêt refluer comme une vague pour ensuite revenir à sa place. Quand allait-il se débarrasser de ses problèmes visuels ?
Pourtant ce n’était pas si désagréable que ça, il avait l’impression de voir la vie s’épanouir, de sentir battre le cœur des choses. Cela le réchauffait et il se sentait bien, juste un peu perdu.
A son côté, une épée, il sût immédiatement qu’elle avait été forgée pour lui. La lame était marquée d’une feuille de lierre. Il sourit, l’image lui remémorant la cérémonie. Que cette femme mystérieuse lui avait paru belle. De son esprit, remontèrent l’image du galbe de ses jambes, de la forme de ses…
Il partit en arrière, d’un coup tout était devenu noir et il avait senti une douleur sourde derrière la tête. « Non ! » Il rouvrit les paupières, d’où pouvait bien sortir ce murmure ?

Il inspira profondément et tourna la tête de l’autre côté. Une armure d’un blanc immaculé l’attendait sur un mannequin de bois. Il resta bouche bée devant cette œuvre d’art. Elle aussi avait été forgée sur mesure, des serpents, gueules ouvertes, ornaient les genouillères et des motifs végétaux la parcouraient. Elle était neuve, polie à l’extrême. Il l’effleura d’une main craintive. Ce devait être un rêve ! Il réalisa alors qu’il s’était levé et que les vertiges semblaient avoir disparu.
Le monde pulsait encore sous son regard mais de manière plus discrète.
Jamais il n’avait espéré être chevalier de Saint Royan, prêtre, oui ! Mais chevalier ? Il n’avait même jamais eu d’entraînement à l’épée. Un seul chevalier était nommé tous les demi siècles et, pour ce qu’il en savait, le dernier avait été désigné il y’a à peine dix ans. Que se passait-il donc ici ?
Pourtant il ne pouvait se tromper, seuls les chevaliers de Saint Royan portaient une armure blanche. Il devait y avoir erreur sur la personne. Que c’était-il donc passé après la cérémonie ?
L’armure et l’épée n’était pas les seuls dons à sa disposition. Un bouclier en forme de feuille de lierre rêvait d’armer son bras. Sous une toile cirée, des sacoches remplies de nourritures ainsi qu’une selle neuve attendaient son bon vouloir. Manquait plus qu’à trouver un cheval.
« Ceyan… » Le monde redevint noir et la douleur lui parcourut l’échine à nouveau. Devenait-il fou ? Où était-il encore étendu sur les dalles de pierre de la nef, délirant en accueillant la mort ?
Il se souvint soudainement de l’éclat qu’il avait entraperçu à la fin de la cérémonie. « L’épée du guerrier ? » Il souleva sa chemise de lin pour s’inspecter le torse. Une longue cicatrice boursouflée lui barrait la poitrine. Il n’avait donc pas rêvé, on l’avait bien transpercé de l’épée mais alors…pourquoi était-il encore en vie ? Trop d’énigmes ! Il en eut mal la tête.
Il entendit des feuilles bruisser et releva la tête. Vision de rêve : entre deux arbres, un destrier blanc et majestueux s’approchait. Ses yeux étaient noirs et aussi sombres que la femme qui occupait ses pensées.
« Voici Ceyan, je suppose… » Il contempla les muscles puissants de l’animal. Sans être spécialiste, il était certain de n’avoir jamais contemplé de plus beau cheval auparavant.
L’équidé avait la tête baissée, il broutait les quelques herbes qu’il trouvait tout en gardant un œil sur lui. Il décida de s’approcher pour caresser l’animal. « Viens là mon beau… » A peine avait-il esquissé un pas que celui-ci partit au galop et s’enfonça dans la forêt.

«Hihihi…» la douleur revint, le petit rire avait explosé dans son crâne.
Il s’écroula sur le sol, accablé. Il se retrouvait chevalier au lieu de prêtre et ce sans aucun entraînement. On lui fournissait un cheval qui ne lui obéissait pas, il était perdu en pleine forêt et pour couronner le tout, il perdait la raison. Une folle envie de pleurer le submergea.
« Shhhhh» Il sentit le vent lui caresser le visage. « Aie confiance » Il releva la tête. « Aie la foi »
- Qui est là ? Que faites vous dans ma tête ?
« Hihihi » Il revit le masque d’argent de la femme et ses yeux de jais qui l’avaient tellement fasciné.
- Vous ? Comment…
« Tu me reviendras ! »
- Est-ce que je rêve ? Que dois-je faire ? Que se pass…« Tu me reviendras ? » La question était insistante.
-
Il réfléchit un instant. S’il était fou, il ne pouvait rien faire d’autre qu’ignorer la voix mais si c’était vraiment elle ? Son corps fut parcouru d’un frisson rien qu’au souvenir du désir qu’il avait éprouvé cette nuit là.
- Oui !
« Va alors…Ceyan te mènera »
Il était resté assis, les yeux dans le vide durant tout l’échange. La douleur s’était atténuée. Lorsqu’il releva la tête, il vit que la neige avait cessé de tomber et que le cheval était revenu. Celui-ci l’observait et faisait bouger sa crinière de droite à gauche, soufflant bruyamment d’un air mécontent. Eh bien soit, s’il délirait qu’il en soit ainsi. Et si ce n’était pas le cas, il reviendrait et découvrirait le visage caché par ces yeux de jais. Il fallait lui trouver un nom, quitte à être fou autant assumer sa folie jusqu’au bout.
- Hedera ? ça veut dire lierre…
La seule réponse qu’il reçut fut une vague de chaleur lui parcourant le bas ventre. Il supposa qu’elle appréciait.

Il se releva, son mouvement effrayant le cheval à nouveau, celui-ci reculait en renâclant. Il décida de l’ignorer et de s’occuper de son armure. Chaque pièce avait été calculée pour lui aller parfaitement, elles épousaient son corps comme une seconde peau. De plus, un système ingénieux d’attaches lui permettait de l’enfiler entièrement sans aide extérieure. Au bout d’une heure il était fin prêt. Il avait aussi pris le temps de manger un bout et de boire à la gourde qu’il avait trouvée dans son paquetage.
Ceyan n’avait pas bougé d’un pouce même s’il frappait le sol de ses sabots de façon périodique. Bizarrement il n’eut aucun problème à l’approcher et à lui mettre la selle sur le dos.
- C’est l’armure qui te plait hein mon grand, moi tu t’en moques comme de ton premier fer ?
- Brrrffff
Guylhom était fasciné par l’animal. Il se sentait mieux compris par lui qu’il ne l’avait été de la plupart des hommes. Décidemment la vie lui réservait de bien étranges découvertes. Il installa tout son paquetage derrière la selle, ne laissant que le mannequin de bois comme trace de son passage en ce lieu enchanteur.
Il adressa une prière rapide à Saint Royan avant de monter en selle. Il n’était plus monté à cheval depuis ses quatorze ans et jamais sur une telle bête. Après un premier moment de crispation, il sentit le cheval se faire à son poids et jouer des muscles. Ceyan partit d’un pas léger en compensant la plupart des cahots par des mouvements fluides et rapides. Son cavalier se laissa doucement aller et tout sembla alors plus facile. Il comprit sa monture et la façon dont il devait se placer pour épouser le rythme de la chevauchée. Le destrier sembla sentir sa soudaine assurance et accéléra le pas.
Dix minutes plus tard, le cheval fuyait au galop entre les arbres et Guylhom riait aux éclats sur son dos. Il s’abandonnait complètement au plaisir de l’instant et criait des remerciements aux cieux entre deux éclats. Jamais depuis l’enfance, il ne s’était lâché ainsi.
D’instinct, il était devenu le cavalier idéal pour un destrier parfait. Il ne savait pas quels autres dons il avait acquis lors de cette étrange cérémonie mais il se sentait beaucoup moins déprimé.
La liberté avait quelque chose d’enivrant et les mottes de terre que Ceyan faisait voler sous ses sabots donnait l’impression qu’il allait prendre son envol d’un instant à l’autre.
Et derrière son rire d’enfant, derrière son soulagement d’adulte, il sentit un autre rire, plus discret. Celui d’une petite fille aux yeux de jais qui pétillaient de bonheur.

La chevauchée dura plusieurs heures, son dos commençait à le faire souffrir. Les arbres étaient ici plus jeunes. Ils durent ralentir afin d’éviter les branches basses. Arrivé en lisière, il démonta carrément, trop de fougères et de ronces, qui risquaient de blesser Ceyan, leur barraient la route. Il les écarta et pris le temps de mener son destrier par les chemins les plus sûrs. Il marchait à ses côtés, lui flattant le flanc et lui parlant doucement de ce qu’il avait vécu dernièrement.
La forêt laissa la place à de grandes étendues d’herbe jaunâtre. Les vallons succédaient aux vallons à perte de vue. Guylhom s’arrêta, il connaissait cet endroit, il en était presque certain.
Il voulut en avoir le cœur net et malgré que le crépuscule approchait, il remonta sur le dos de Ceyan et le lança au galop.
Le vent s’engouffrait dans ses cheveux et il trouva étrange de n’avoir pas reçu de casque avec l’armure. Il chassa cette pensée et se concentra sur le paysage qui défilait devant lui.
Ils descendirent une colline, en montèrent une autre et au bout d’une heure alors que les derniers rayons de soleil disparaissaient à l’horizon, il le vit.
Un château imposant se découpait dans le ciel, posé sur une colline escarpée et entouré de plusieurs remparts, il surplombait une petite ville. « Liudmark… »
Il tira sur les rênes. « Eh bien mon vieux…je crois qu’on va aller rendre une petite visite à mon père »
Et la voix de Hedera de lui répondre « Ce n’est plus chez toi, tu n’es ici que pour une seule raison, Aelor»
- Qui est Aelor ?
Seul le vent lui répondit.
La ville était hors de portée pour ce soir. Il descendit de cheval, et défit son paquetage. Son cœur était glacé. La liberté n’avait pas duré tant que ça…