A few thoughts, a few sayings

-"Je suis celui qui te connais quand tu fuis jusqu'au bout du monde" Jacques Bertin (Je suis celui qui court)

- "Je ne suis pour toi qu'un renard semblable à cent mille renards. Mais, si tu m'apprivoises, nous aurons besoin l'un de l'autre. Tu seras pour moi unique au monde. Je serai pour toi unique au monde..." Saint-Exupéry (Petit Prince)

- "Et le plus beau, tu m'as trahi. Mais tu ne m'en as pas voulu" Reggiani (Le Vieux Couple)

- "We all got holes to fill And them holes are all that's real" Townes Van Zandt (To Live is To Fly)

- "Et de vivre, il s'en fout, sa vie de lui s'éloigne... Tu marches dans la rue, tu t'en fous, tu te moques, de toi, de tout, de rien, de ta vie qui s'en va." Jacques Bertin (Je parle pour celui qui a manqué le train)

- "I thought that you'd want what I want. Sorry my dear." Stephen Sondheim (Send in the clowns)

- "Pauvre, je suis de ma jeunesse, De pauvre et de petite extrace. Mon père jamais n'eu grand richesse, Ni son aïeul nommé Orace. Pauvreté nous suit à la trace, sur les tombeaux de mes ancêtres, Les âmes desquels Dieu embrasse! On n'y voit ni couronnes ni sceptres." François Villon (Pauvre, je suis)

- "Vous êtes prêts à tout obéir, tuer, croire. Des comme vous le siècle en a plein ses tiroirs. On vous solde à la pelle et c'est fort bien vendu" Aragon (Ce qu'il m'aura fallu de temps pour tout comprendre)

- "And honey I miss you and I'm being good and I'd love to be with you if only I could" Bobby Russell (Honey)

- "And I need a good woman, to make me feel like a good man should. I'm not saying I am a good man Oh but I would be if I could" Fleetwood Mac (Man of the World)

- "Je ne comprends pas ces gens qui peuvent s'installer n'importe où quand je cherche inlassablement avec la tête fermée que tu connais l'endroit où je retrouverai mon enfance" Jacques Bertin (Colline)

vendredi, juillet 04, 2008

Héphaistos - Chapitre 2 "Souvenir"

Les pêcheurs étaient rentrés au village dès qu’ils avaient aperçu les premières voiles. Tout le monde s’était massé sur le talus qui surplombait le rivage et protégeait le hameau du vent. Théos n’avait jamais vu de tels vaisseaux aussi majestueux auparavant. Ils avaient ramené les voiles carrées et ornée d’un symbole orange et ocre. Ils se semblaient se rapprocher du rivage à tire d’ailes, les mouvements synchronisés des rames ajoutaient à cette impression.
Ami ou ennemi ? Même les anciens étaient incapables de l’affirmer. Ils étaient par contre tous d’accord pour dire que cela n’amenait rien de bon mais Théos ne se rappelait pas les avoir jamais entendu qualifier quoi que ce soit de bon à part le vin de treille ouvert lors des fêtes du solstice.
Les galères ralentirent leur course, des yeux menaçants dessinés sur chaque côté leur donnait l’apparence de quelque monstre marin surgit des abysses. Les villageois se serrèrent les uns contre les autres avec l’impression d’être une proie impuissante. Certains désiraient fuir ou se barricader chez eux mais le patriarche insista pour que tout le monde reste calme et prêt à accueillir les hôtes de la mer, Poséidon ne pouvait leur envoyer un ennemi.

Peut-être ces puissants étrangers les récompenseraient-ils ou en tout cas épargneraient-ils leur village ? Une galère, plus grande que les autres, plus effrayante aussi, peinte de rouge et de reflets bleus continuait sa route droit sur le rivage. Les rames se levaient et s’abaissaient en faisant jaillir des gerbes d’eau de la surface bleutée qui la portait. Elle semblait blesser la mer même par ses coups. Un frison parcourut le corps de Théos et il fut tenté de sortir de sa cachette. Peut-être aurait-il dû rester auprès de ses parents ?
La proue du navire fendit le sable humide avant de s’échouer lentement. Les rames restaient suspendue dans l’air avec qu’elles ne claquent et soient avalées dans la coque. Les oiseaux semblaient avoir déserté la scène. Les vagues s’étaient faites dociles et timide sous l’imposant navire. Les villageois n’avaient pu s’empêcher de reculer comme s’ils craignaient que le bateau ne fende la terre comme il l’avait fait des flots. Des reflets apparurent le long du bastingage. Des cris humains incompréhensibles s’élevèrent et des formes se jetèrent par-dessus bord, atterrissant un genou dans le sable, tête baissée, leur cimier pointant vers les spectateurs, ajoutant à l’aspect théâtral de la scène. Leurs muscles huilés saillaient et leur armure scintillait au soleil. A cet instant, Théos envia la prestance de ces êtres et désira être l’un d’entre eux. Les jambières ovales étaient ornées de motifs cursifs simples et un large bouclier rond barrait leur dos. Sur le torse, une cuirasse de bronze ornée d’un motif sombre qui semblait faire ressortir leur peau claire. Tous les hommes du village avait la peau matte et halée des hommes qui passait leur journée en mer. Les soldats eux avaient une peau de bébé mais lorsqu’ils relevèrent leur cimier d’un air grave, Théos y vit des yeux bleu enfoncé dans un visage qu’une barbe sombre et taillée encadrait.
Le premier d’entre eux avait un cimier orné d’un panache bleu, il s’avança vers le patriarche. Celui-ci recula inconsciemment. Ces hommes étaient plus grands que la moyenne et en aucun cas voûté par le labeur. Le soldat se voulait impassible mais son casque frémit alors qu’il plissait le nez. Théos, fils de Poséidon et non Héphaïstos, se souvint que lui aussi sentait la mer à l’époque et n’avait jamais senti aucune répulsion à cette odeur forte et franche. Le soldat sembla s’entretenir à voix basse avec l’aïeul qui s’agenouilla. Il tendit ensuite un bras impérieux vers les villageois et ses hommes s’approchèrent.
Théos paniqua, il n’avait pas pensé à mal en s’éloignant ce matin pour mieux observer les gigantesques navires au loin mais maintenant il sentait qu’il était trop tard pour se montrer même s’il l’avait voulu. Ses jambes refusaient de le porter et il contemplait la scène comme au ralenti. Il aurait tant aimé que son ami, Dorian soit là à ses côtés plutôt qu’en bas avec les autres. Sa mère serrant ses bras autour de son cou comme s’il était encore un enfant qu’elle devait protéger. Théos n’avait appris la raison de toute ceci que plus tard, Héphaïstos la décadente avait besoin d’enfants pour combattre en son nom. La plupart des villages acceptait qu’on vienne prélever un tribu du sang mais la soif de la cité aux milles feu était inextinguible et ses recruteurs s’aventuraient de plus en plus loin pour remplir leur office. C’était la première fois que le village de Théos faisant face à une telle demande et la peur flottait dans l’air. Le malheur arriva par Nikos. Le beau, l’intrépide Nikos. Un imbécile qui ne plaisait qu’aux jeunes femmes et qui ne vivait que pour elles et son image. Comme si cela faisait partie des préoccupations d’un pêcheur. Les soldats attrapèrent les bras des jeunes hommes et commencèrent à les tirer vers le navire. Des pleurs et des cris fusèrent alors que les premières mères réalisaient qu’on leur arrachait leur fils. Tous les pêcheurs ont un petit couteau qui sert à évider le poisson. Nikos sortit le sien, Dorian l’aperçut mais ne put se dégager des bras de sa mère en pleur. Théos effaré vit Nikos, l’air serein s’approcher d’un soldat, le couteau bien en évidence. Personne ne faisait attention à lui, les soldats étaient trop occupés à repousser les parents éplorés et les villageois qui les maudissaient. Théos voulu crier mais aucun son ne sortit de sa gorge. Le couteau de Nikos s’enfonça sous le cimier du soldat et s’y enfonça comme dans le ventre mou d’un poisson. Il ressortit lentement accompagné d’un léger filet de sang. L’homme porta la main à son cou et le sang continua de jaillir entre ses doigts. Il se retourna doucement et sortit son arme alors que ses genoux s’affaissaient sous lui. Nikos réalisa ce qu’il venait de faire et s’éloigna alors que l’homme s’effondrait face contre terre sur le sable, son armure semblant tout à coup plus terne. Un ordre fut aboyé, les épées sorties et des corps innocents s’écroulèrent.
Alors que le sang mouillait le sable et que les cris devenaient hystériques, Théos aperçu Nikos qui courait vers l’intérieur des terres. Les soldats se lancèrent à sa poursuite se taillant un chemin au travers de la masse humaine devant eux. Coupant des bras, tranchant des gorges, éviscérant des enfants. Théos vit Dorian se placer devant sa sœur dans un geste protecteur, des formes cachèrent la suite mais lorsqu’il revit son ami il baignait dans son sang, un large sourire rouge lui barrait la gorge. Sa mère avait encore les bras tendus vers ses enfants. Sa sœur sanglotait en regardant fixement devant elle, les mains couvertes de sang. Théos fut toujours étonné d’avoir plus regardé le cadavre de son ami que celui de ses parents. Lorsque le soleil atteint le ciel de midi, il était debout à contempler le charnier de ce qui avait été sa vie jusqu’ici.
Il n’arrivait pas à mettre un nom sur ces corps allongés de façon grotesque. Les quelques survivant, choqués serraient les êtres aimés dans leur bras ou pleuraient en maudissant les dieux.
Les soldats étaient occupés à emporter le corps de celui des leurs qui était tombé. La tête de Nikos ornait la plage, les barques avaient été brisées, les maisons incendiées. Théos était gelé malgré le soleil, il sursauta en entendant un bruissement à côté de lui et se retourna. L’homme au cimier bleu se tenait devant lui, son épée de bronze dégoulinant du sang de ses amis et parents. L’homme haussa un sourcil et souris et tendit la main vers lui. Théos se plia soudain en deux pour vomir et sombra dans l’oubli, épuisé.

Héphaistos - Chapitre 1 "Premier Sang"

Je ne vais quand même pas vous parler de ce que j'écris sans en présenter un petit bout. Voici le début du dernier brouillon.



Théos essuyait la pluie de ses yeux du revers de la main. Ses cheveux dégoulinaient sur son visage. Les goûtes chaudes chatouillaient sa peau et il se léchait les lèvres s’attendant presque à sentir le goût des larmes. Il resserra sa prise sur son arme, le gant de cuir crissant sur la poignée. Il en avait fait du chemin pour en arriver là. Cet instant où toute son attention était focalisée sur la brume et l’herbe humide, sur l’ennemi qu’on entendait respirer non loin, ahaner et frapper le sol du pieds. Ils arrivaient. Tout cela ressemblait trop à un mauvais rêve, sauf que ses mauvais rêves à lui étaient pires. Il ajusta le bouclier pour bien l’aligner contre celui de son voisin, attentif à ce que son coude et son côté soient bien protégés. Les derniers instants s’écoulaient lentement, la terre semblant les bercer d’une douce brise avant que le chaos ne se déchaîne.

Il vit une ombre fugace se déplacer dans les fumerolles d’une terre gorgée d’humidité. Deux milles hommes se tenaient à côté ou derrière lui. La fine fleur de l’armée d’Héphaïstos, la cité aux mille feux. Il frissonna comme si ont lui avait caressé l’échine avec amour mais la seule douceur qu’il connaissait encore était celle de sa lame. Lorsqu’un bras armé surgit du néant il bougea pour bloquer l’acier tranchant qui s’abattait. Tous firent un pas en avant, boucliers ronds levés. Un fracas retentit, la ligne se crispa, grogna, reflua mais tint bon.
Des voix s’élevèrent mais il ne les écoutait pas. Il revoyait les derniers instants de sa famille et la colère emplit ses veines.
Un second coup surgit du côté accompagné du faciès grimaçant, barbu et terrifiant d’un ennemi. L’homme suait et exultait, rageur. Ses cheveux mi-longs envoyaient valser des gouttelettes de sueurs alentours et son rictus ouvert sur des dents gâtées lui donnait un air féroce. La hache se planta dans le bois du bouclier, fendant le symbole divin orange et vert qui y était dépeint. Le choc se répercuta dans le bras de Théos qui sentit celui-ci s’affaisser, le bouclier étant soudainement trop lourd pour lui. Il savait que cela importait peu. Il n’était qu’une quantité négligeable. De la chair sacrifiable disposée en première ligne pour ralentir l’ennemi. Les vétérans attendaient calmement derrière, une ligne que même lui ne pourrait franchir s’il flanchait. Il ne fallait donc pas reculer. Secouant son épaule pour se libérer de la lanière qui retenait le lourd morceau de bois, il balança son bras droit en un revers court et cinglant. En combat rapproché, sa fine et courte épée de bronze avait largement l’avantage sur cette longue cognée. Il traça une ligne écarlate au travers du visage étonné de son adversaire. Le sang se mêla à la sueur et à la pluie, quelques gouttes atterrirent sur ses lèvres et il goûta enfin au sel du combat.

Le corps s’affala laissant place à un autre, plus jeune, moins hirsute, plus vif, tout aussi mort.
Théos lui planta son épée dans le ventre et se réjouit du doux gargouillis d’un homme qui s’étouffe dans son propre sang. La soif du combat le gagnait. La ligne avançait. Fou !
Ces ignorants incapables avaient cru pouvoir défaire l’armée d’Héphaïstos au réveil, hors de tous les combats auxquels Théos avait assisté jamais celle-ci n’avait manqué à son devoir et à son entraînement. Une discipline implacable régnait dans le camp et il n’avait fallu que quelques dizaines de minutes pour aligner les deux milles soldats en ordre serré sur le champ de bataille. Moins qu’il n’en avait fallu pour que l’ennemi arrive au contact. Et là, ceux-ci goûtaient le fruit du contact de l’acier dans leurs entrailles.

Ce bruit, reconnaissable entre tous, qui crissait et déchirait la chair. Il frissonna au souvenir de ces mêmes sons la première fois qu’il les avait entendus. Il s’était alors beaucoup moins réjouit.
Il se focalisa à nouveau sur le combat, la haine du passé ressurgit et mêla le sang aux larmes.
Il eut l’impression de pleurer et de crier, de chanter sa douleur au ciel lorsqu’il abattit son glaive au travers de l’épaule d’un barbare musculeux et torse nu. L’homme le regardait surpris et hagard, il tentait de relever son bras alors que le sang jaillissait par à coups de la profonde entaille qui l’avait mis à genou. Théos plaça doucement son pieds sur le large torse de l’homme et le poussa du pieds doucement, le regardant s’affaler alors que la vie quittait les yeux sombres et implorant qui le fixaient. Peu importe la force qui nous mène dans la vie, seule celle face à la mort compte.
Un pied sur le torse de l’homme agonisant, l’autre solidement planté dans l’herbe il sentait les boucliers de ses compagnons dans son dos, le poussant toujours de l’avant. La journée allait être longue. Combien de temps faudrait-il à l’ennemi pour comprendre que ses efforts étaient vains. A quoi un homme qui avance seul dans le noir reconnaît qu’il est perdu ?
Il avança de plusieurs pas et se retrouva soudainement seul. Perdu dans la brume et l’herbe, le son métallique du combat résonnant alentours bercé par les râles des mourants. Il tourna sur lui-même sans savoir dans quelle direction se tourner.
Une lance le frôla accompagnée par son servant qui plongeait tête baissée. L’homme le bouscule, le cogna, le renversa au sol et Théos resta allongé là en regardant le ciel et les nuages qui se dispersaient petit à petit. L’homme sur lui était lourd mais ne bougeait plus, le glaive de Théos planté entre deux côtes. Mais Théos ne s’en inquiétait plus, ses yeux brouillés par les larmes contemplaient le maigre morceau de ciel bleu que le soleil découpait dans la brume et tentait d’élargir avec force. Il vit une mouette passer et sourit. Il accompagna son vol jusque dans sa mémoire, ce jour maudit et bénit ou il s’était caché seul dans les taillis recouvrant la colline nord du village. De là il pouvait voir la mer et la place où étaient affalé quelques maigres embarcations de pèches. Spectacle insolite à cette heure où elles devaient se trouver en pleine mer à remplir leur ventre de poissons luisants. Le village était en émoi et lui s’en amusait. Lui était caché et eux étaient debout. Dorian. S’il avait su. Sa vue se brouilla alors qu’il oubliait le présent et plongeait dans les cauchemars du passé.

Déjà?

Et oui ça fait un bail.
En fait je ne compte plus publier d'extraits du vengeur ici. Les corrections ont bien avancés même si j'ai encore qq problèmes grammaticaux à régler. Je tente de créer un résumé digne de ce nom ce qui est loin d'être une sinécure.

En fait j'ai très peu de temps à y consacrer et les mois filent. Elohai n'a plus avancé suite à un léger problème technique (le callepin que j'utilisait pour écrire était rempli) et je suis donc retrouver à écrire d'autre choses sur le nouveau callepin. Rien de bien transcendant, juste de quoi assouvir ce besoin qu'est l'écriture. Tout ces petits chapitres serviront probablement pour un tout qui murit doucement mais une chose à la fois.