A few thoughts, a few sayings

-"Je suis celui qui te connais quand tu fuis jusqu'au bout du monde" Jacques Bertin (Je suis celui qui court)

- "Je ne suis pour toi qu'un renard semblable à cent mille renards. Mais, si tu m'apprivoises, nous aurons besoin l'un de l'autre. Tu seras pour moi unique au monde. Je serai pour toi unique au monde..." Saint-Exupéry (Petit Prince)

- "Et le plus beau, tu m'as trahi. Mais tu ne m'en as pas voulu" Reggiani (Le Vieux Couple)

- "We all got holes to fill And them holes are all that's real" Townes Van Zandt (To Live is To Fly)

- "Et de vivre, il s'en fout, sa vie de lui s'éloigne... Tu marches dans la rue, tu t'en fous, tu te moques, de toi, de tout, de rien, de ta vie qui s'en va." Jacques Bertin (Je parle pour celui qui a manqué le train)

- "I thought that you'd want what I want. Sorry my dear." Stephen Sondheim (Send in the clowns)

- "Pauvre, je suis de ma jeunesse, De pauvre et de petite extrace. Mon père jamais n'eu grand richesse, Ni son aïeul nommé Orace. Pauvreté nous suit à la trace, sur les tombeaux de mes ancêtres, Les âmes desquels Dieu embrasse! On n'y voit ni couronnes ni sceptres." François Villon (Pauvre, je suis)

- "Vous êtes prêts à tout obéir, tuer, croire. Des comme vous le siècle en a plein ses tiroirs. On vous solde à la pelle et c'est fort bien vendu" Aragon (Ce qu'il m'aura fallu de temps pour tout comprendre)

- "And honey I miss you and I'm being good and I'd love to be with you if only I could" Bobby Russell (Honey)

- "And I need a good woman, to make me feel like a good man should. I'm not saying I am a good man Oh but I would be if I could" Fleetwood Mac (Man of the World)

- "Je ne comprends pas ces gens qui peuvent s'installer n'importe où quand je cherche inlassablement avec la tête fermée que tu connais l'endroit où je retrouverai mon enfance" Jacques Bertin (Colline)

vendredi, novembre 07, 2008

La Nuit à Morwick

Petit texte écrit en vitesse sur Tubular Bells.

Ils étaient là. Quelque part au-delà du cercle de lumière. La buée qui sortait de sa bouche se condensait doucement pour former de fines goutelettes. Il frissonait malgré la chaleur. Son cœur battait à tout rompre. Les torches grésillaient, frémissaient projetant une lumière vascillante qui ne le rassurait pas.
Il respirait bruyemment, essouflé, incapable de rester en place. La sueur avait depuis longtemps mouillé sa chemise. Les yeux fous tentaient de percer les ténèbres, il n’osait pas cligner des yeux malgré qu’il sentait le tiraillement que cet effort lui demandait. Il savait qu’il n’avait pas droit à l’erreur, il ne pouvait s’assoupir une seule seconde. Il ne pouvait reposer ses yeux fatigués. L’un était plus faible que l’autre, capable à peine de percevoir les formes de la grange dans la pénombre. Il avait besoin de toutes ses facultés et dieu savait qu’elles étaient maigres.
Des plus forts que lui avaient succombés et il avait ri. Ri de leur folie. Qui était le plus fou maintenant ?
Il frissonnait en murmurant « je sais que vous êtes là ». Les heures s’égrainaient. La nuit était sans fin. Le bois travaillait et craquait. Un homme sain d’esprit aurait ri de ses peurs, n’aurait rien vu et serait mort, surpris. Un masque étonné sur son visage déssèché, vidé de toute vie. Il en avait vu des tas des cadavres ainsi surpris. Des femmes, des enfants et c’étaient les pires. Il pouvait s’accomoder de la vue d’un corps d’adulte mais ceux d’enfants étaient terrifiants. Toute innocence semblait avoir été absorbée ne leur laissant que des yeux accusateurs et une bouche aux lèvres relevées dans un rictus moqueur. Il en avait fait des cauchemards depuis.
Il sursauta de peur de s’être laissé aller à la rêverie. Le cercle de lumière qui l’entourait semblait s’être rétréci. Les torches ne tiendraient pas la nuit. Ils avaient profités de son inatention pour les réduire. Il voulu cracher mais sa bouche était trop sèche. Il allait mourir sans rien pouvoir faire. Non. « Non ! Vous ne m’aurez pas. Salopards ! » Il attrapa une torche et tout en tournant sur lui-même s’approcha de la porte. « Ce village est maudit, mais je m’en vais et vous ne pourrez rien faire….VOUS ENTENDEZ ? ». Il trébucha en poussant la porte, sa main plongea pour l’empêcher de s’affaler au sol. Il se releva en quelques pas incertains et se retourna, les yeux exorbités.
Il se mit à rire, un rire horrible, nerveux. « Ah…Ah…Vous ne m’avez pas eu…reculez ! »
Il lui semblait les distinguer maintenant. Ces visages décharnés, moqueurs, qui l’entouraient.
« Arrière » cria-t’il alors qu’il plongeait vers les bois, la torche en avant.
Sa main tremblait, son bras balayait devant lui comme s’il tâtait l’obscurité. Il se retournait parfois, hystérique, de peur de les voir s’abattre sur son dos et continuait d’avancer à reculons. Jusqu’à ce qu’il touche une branche ou qu’il sente un courant d’air et il tournait encore.
Perdu. Il parlait et bavait sans que lui-même ne comprenne plus ce qu’il marmonait. Le froid l’avait enveloppé et la torche faiblissait encore. Il se mit à courir. Une meute de visages défigurés, contemplateurs à ses trousses. Il maudit le soleil et les dieux et courut. Il courut jusqu’à ce que ses poumons explosent, que ses jambes le trahissent et alors il courut encore.

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