mercredi, octobre 31, 2012
Knud Viktor - Clay Giant
J'ai grandi au milieu de géants d'argiles. Ces êtres gigantesques, imposants, qui disparaissent avec le temps et la pluie. Il y'a des voix et des visages qui restent. Knud Viktor est un homme du son, il a laissé ses micros partout dans le Luberon depuis 30 ans, il mixait les sons et les isolait. Chaque visite chez lui n'était pas pour savoir si ça allait, s'il y avait quelque chose de nouveau, pas pour parler de la pluie et du beau temps pour ce que je m'en souvienne mais un partage et une fenêtre dans son monde, le nôtre magnifié. La dernière fois que je suis allé chez lui, je me suis assis sur le sol avec mes parents pour regarder une vidéo sans le son d'une guerre civile dans une fourmilière, l'horreur, la tenacité, l'absurde et la bouillonement. 6h de film passées comme un charme, fasciné par ce revirement du son et de l'image, par ce choc de civilisation. Mais je me souviens aussi du son du petit duc (marqué à jamais en moi), de l'acide formique envoyé par les fourmis, des termites dans le bois, de la goute d'eau qui tombe, de la rivière face au gallets. De ces sons qui n'intéressent personne car on ne fait pas attention, on a pas le temps mais qui fascinent lorsqu'ils sont amenés à nos oreilles avec le savoir faire de Knud. Mais il y'a eu d'autres géants, d'autres que le monde oublie, qui ne seront jamais connu comme s'ils étaient des paysages d'exception au détour d'un chemin, non pas connu d'une élite mais connu de ceux qui ont la chance de tomber dessus car leur magie se donne à tous. J'ai grandi avec nombre de ces géants qui ne laisseront pas plus de trace (mais qui ont marqué bien plus de personnes que je ne le ferai jamais) car la beauté n'est qu'éphémère, car le monde n'a pas le temps et moi meme je me retrouve échoué dans un monde en mouvement, sans avoir la capacité de recréer la magie mais en l'ayant encore au fond d'un tiroir en moi. Mais en tant qu'adulte, je n'ai pas la capacité de ces êtres de lumière à capturer la beauté, je ne parle pas de s'émerveiller de tout (réservé aux simples d'esprit) mais de transformer la beauté en quelque chose d'unique, des sentiments. Je souris aux souvenirs chéris et regrette que mon chemin ne soit plus jaloné de grandes ombres aux voix riches et envoutantes, de personnages d'exception qui ont façoné un monde. Je ne suis plus qu'un témoin sans meurtre cherchant des indices d'un autre événement. http://www.youtube.com/watch?v=FKmfDy6xvfk
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