A few thoughts, a few sayings

-"Je suis celui qui te connais quand tu fuis jusqu'au bout du monde" Jacques Bertin (Je suis celui qui court)

- "Je ne suis pour toi qu'un renard semblable à cent mille renards. Mais, si tu m'apprivoises, nous aurons besoin l'un de l'autre. Tu seras pour moi unique au monde. Je serai pour toi unique au monde..." Saint-Exupéry (Petit Prince)

- "Et le plus beau, tu m'as trahi. Mais tu ne m'en as pas voulu" Reggiani (Le Vieux Couple)

- "We all got holes to fill And them holes are all that's real" Townes Van Zandt (To Live is To Fly)

- "Et de vivre, il s'en fout, sa vie de lui s'éloigne... Tu marches dans la rue, tu t'en fous, tu te moques, de toi, de tout, de rien, de ta vie qui s'en va." Jacques Bertin (Je parle pour celui qui a manqué le train)

- "I thought that you'd want what I want. Sorry my dear." Stephen Sondheim (Send in the clowns)

- "Pauvre, je suis de ma jeunesse, De pauvre et de petite extrace. Mon père jamais n'eu grand richesse, Ni son aïeul nommé Orace. Pauvreté nous suit à la trace, sur les tombeaux de mes ancêtres, Les âmes desquels Dieu embrasse! On n'y voit ni couronnes ni sceptres." François Villon (Pauvre, je suis)

- "Vous êtes prêts à tout obéir, tuer, croire. Des comme vous le siècle en a plein ses tiroirs. On vous solde à la pelle et c'est fort bien vendu" Aragon (Ce qu'il m'aura fallu de temps pour tout comprendre)

- "And honey I miss you and I'm being good and I'd love to be with you if only I could" Bobby Russell (Honey)

- "And I need a good woman, to make me feel like a good man should. I'm not saying I am a good man Oh but I would be if I could" Fleetwood Mac (Man of the World)

- "Je ne comprends pas ces gens qui peuvent s'installer n'importe où quand je cherche inlassablement avec la tête fermée que tu connais l'endroit où je retrouverai mon enfance" Jacques Bertin (Colline)

mercredi, novembre 19, 2008

Chronique de Kaos - Chapitre 1 : L'ascension du mont Ati Agappe

That's it. Je pense que j'ai trouvé ce qui me manquait pour commencer quelque chose de sérieux, un lien entre les éléments majeurs qui m'intéressaient (tant pis pour les autres). Bref un début, une ligne directrice. Premier chapitre, première découverte de ce nouveau monde qui est très différent du précédent, plus proche de nous, plus réel mais aussi plus loufoque, plus imaginaire. Reste à rentrer tout ça et à écrire. Ah oui évidemment il faut bien qu'il y'ait un couac.
Bonne lecture.

Musique d'inspiration: Cultus Ferox - Tamfanae

Il est des choses stupides que l’on fait quand on va mourir. Vincent Duroy ne fut pas une exception à la règle. Premier homme à atteindre le sommet de l’Ati Aggape, le mont des dieux, Vincent ne pensait pas voir son nom passer ainsi à la postérité. L’ascension fut rude, son équipement était rudimentaire. Ses guides l’avaient abandonné à trois mille mètres. D’après eux les dieux prendraient offense s’il continuait. Du haut de sa quarantaine désabusée, Vincent ne croyait pas aux dieux et savait qu’un de ses confrères avait tenté l’expérience l’année précédente. Il avait du abandonner un peu plus haut faute de préparation mais ce sommet serait bientôt vaincu et il ne pouvait pas laisser passer sa chance d’inscrire son nom dans l’histoire. Peut-être renommerait-on même la montagne en hommage.
Emmitouflé comme il le pouvait, sa moustache avait gelé au travers de son cache nez et il ne pouvait plus la lisser de ses doigts. Cela lui manquait. Le vent soufflait et des flocons se plaquait devant ses lunettes. Il devait souvent les retirer pour les essayer. L’ascension était lente et pénible, il manqua choir deux fois mais ce n’était rien comparé au niveau d’épuisement atteint, le vent combattait sans cesse contre vous, tentait d’empêcher le moindre pas en avant comme s’il voulait vous faire rouler jusqu’aux plaines en contrebas. Le toucher glacial s’infiltrait dans le moindre interstice de ses vêtements et il remercia en pensée son frère cycliste qui lui avait conseillé de se plaquer du papier journal sur la poitrine. L’image fugace de son corps gelé retrouvé quelques années plus tard avec les résultats sportifs collé à la peau le fit sourire. Ses lèvres gercées se fendirent mais il ne les sentait plus. Un chalumeau lui servirait de feu ce soir et son autonomie était trop faible pour l’utiliser bien longtemps. Il ne pouvait toujours pas voir le sommet, recouvert de nuages et commençait tout doucement à perdre espoir. Il actionna le levier de sa pompe à oxygène afin de lui redonner un second souffle, le levier grinça et donna du jeu. Il lui faudrait absolument arriver au sommet dès le lendemain sinon il lui faudrait abandonner. Il avait préparé son corps maigre au manque de nourriture mais ici tout était une bataille de l’esprit, de volonté.
Ses yeux bleus perçants, n’arrivait toujours pas à contempler le ciel alors que les nuages l’entouraient doucement. Il avait espérer bénéficier d’un panorama unique, d’une vision mémorable mais il ne voyait que des roches, de la neige et des nuages. Il trouva une anfractuosité qui lui permet de s’abriter du vent pour la nuit mais il dormit à peine deux heures en rêvant du bon repas qu’il ferait en rentrant. Il sursauta en se réveillant, craignant d’avoir trop dormis, ses jambes frigorifiées peinaient déjà à le remettre debout. Il se remit en route péniblement avant le lever du soleil et ce malgré le danger. Il avançait difficilement mais consciencieusement. C’est sans s’en rendre compte qu’il atteignit finalement le sommet. Il perçait le toit de nuage et contemplait le ciel lorsqu’il réalisa qu’il n’y avait plus rien au dessus de lui. Il installa le drapeau Vitalyan au sommet à côté d’une plaque où son nom était gravé en lettre d’or. Elle lui sembla terriblement déplacée ici mais il tenait à ce qu’on ne puisse pas contester son passage.
L’euphorie le gagna enfin, à jamais son nom resterait gravé sur ce sommet. Là tout de suite, il aurait voulu écrire à sa femme Léa mais ses doigts étaient gelés. Il se jura de revenir, avec d’autres cette fois, mieux équipés. Il rit sous cape en pensant à la déconvenue de ses concurrents et à la joie de son mécène. Il recevrait probablement beaucoup d’argent, il ferait des conférences autour du monde et…
Il lui fallait maintenant redescendre, il s’attela à la tâche, tout lui semblait plus facile, il ne sentait plus tellement la fatigue. Sa hâte à redescendre marqua la fin de l’humanité. Là où la montée avait été préparée, planifiée avec soin, la descente n’était que fébrilité insouciante. Il glissa bêtement, comme toujours dans ces cas là. Il tenta de se rattraper fébrilement, il planta son piolet fermement mais il n’accrocha que de la neige et atterrit lourdement sur le sol, sa tête cogna quelque chose de dur et il sombra dans l’inconscience en se sentant glisser doucement vers le précipice.

Il cligna plusieurs fois des paupières avant de recouvrer la vision, son corps tout entier hurlait de douleur, sa tête cognait sans cesse et sa jambe devait être cassée. Il n’arrivait pas à bien voir et mis du temps à réaliser que la nuit était tombée.
Quelques mètres au dessus de lui, les lèvres de pierres qui l’avaient avalées s’ouvraient sur un ciel sans étoile et sans nuage. Il tenta de bouger mais ne put que se trainer sur quelque pouces avant d’hurler de douleur. Ses maigres forces l’abandonnaient d’heure en heure. Il avait échappé de peu à une chute sur des rochers, son sac lui s’y était éventré. Il ne pourrait pas en récupérer grand-chose. Il s’y traina quand même, s’accordant de larges pauses. Au fil des heures, la lune emplit doucement l’espace. Ses rayons bleutés remplirent la grotte et se reflétèrent sur les parois de glace. Après avoir mâché ses dernières provisions, Vincent attendait la mort patiemment. Le froid avait maintenant englouti la douleur de sa jambe brisée. Il n’était plus en vie pour longtemps et se considérait déjà mort afin de limiter l’angoisse qui le tenaillait. Un reflet doré, fugace, attira son attention.
Là, engoncé dans la paroi, une corne. Elle faisait presque un pieds de long. Son embouchure, sertie d’or, ressortait intacte de la glace, à l’air libre comme si le froid n’avait pas d’emprise sur elle.
Le reste de la corne, lui, était enfoncé profondément dans la paroi et en avait presque la couleur. Le blanc d’albâtre qui la recouvrait devait être invisible en plein jour, seul la lune avait permis de la lui révéler. L’instrument était légèrement incurvé avec une extrémité qui semblait évasée mais le tout était assez fin. Suffisamment pour qu’il s’interroge de la provenance de celle-ci. Sans être spécialiste, il ne voyait pas quel animal avait une corne aussi allongée et étroite.
Il s’était relevé sans même s’en rendre compte, sa curiosité piquée au vif. Une pensée soudaine le frappa, n’était-il donc point le premier à avoir vaincu l’Ati Aggape ?
La chaleur se répondit dans ses membres comme une traînée de poudre, la colère l’envahit. Le voilà ridiculisé, ses efforts avaient été faits en vain et il mourrait enfermé ici, oublié de l’histoire.

Il grogna de douleur, tout son corps fourmillait en combattant le froid. Il ne sentait plus ses pieds mais il put quand même s’appuyer sur le valide. Il n’était pas encore mort. Son cœur battait la chamade, ses oreilles sonnaient comme si la trompe attendait sa venue et fêtait maintenant son visiteur. Il se demanda un instant s’il ne délirait pas mais au fond cela importait peu. Un souffle rauque s’échappa de ses lèvres et il réalisa qu’il n’avait pas respiré depuis qu’il avait posé ses yeux sur l’objet insolite. La glace tout autour donnait l’impression d’onduler, il ne savait pas si c’était dû à la lumière lunaire ou à sa santé mentale défaillante.

Il cligna des yeux avec l’impression qu’il avait manqué un instant, la lune quittait doucement l’ouverture sur le ciel. Il lui sembla à lui qu’une éternité s’était écoulée et qu’il l’avait mise à profit pour approcher ses lèvres de l’embout. Quelle idée saugrenue ! L’objet était trop enfoncé pour pouvoir produire le moindre son et il faudrait le travail de dix non de cents hommes pour le déloger. S’il avançait encore ses lèvres, elles resteraient collées à l’embout par l’effet du froid mais comment résister ?
D’où lui venait cet espoir soudain qui lui donnait l’illusion qu’il pourrait libérer l’objet, escalader les trois mètres qui le séparait de l’ouverture et redescendre la montagne avec une jambe cassée, sans équipement ni nourriture.

Folie ! Il rit ou tenta de le faire. Sa gorge endolorie qui n’avait maintenant plus prononcé un seul mot depuis des jours émit un couac pathétique.
Ses lèvres craquèrent, sa main remonta vers son visage hâlé et tira sur son manteau, dégrafa maladroitement des boutons. Il abaissa son cache nez fébrilement, déposant des cristaux de glace sur ses lèvres. Il les poussa contre l’instrument et souffla. Il vida ses poumons affaibli et recommença comme s’il pouvait en sortir un seul son magnifique.
Son cœur battait si fort que ses tympans vibraient en rythme rapide et BOUM BOUM BOUM. Il souffla une dernière fois, sans grand espoir mais euphorique. Le battement se faisait plus insistant, des instruments à vent s’y joignirent. La folie était aux portes de son esprit et dans un moment de bravade, il dansa. Oh rien de bien démonstratif. Il souffrait bien trop pour ça mais ce mince frémissement des hanches et le bras qui tressaillait était tout ce qu’il avait à offrir au monde.
Le dernier geste sain avant de sombrer dans la folie, une sorte de nique à la mort. La musique s’amplifia encore et il aurait voulu rire. Des tambours s’y joignirent, des flutes, des cornemuses qu’il reconnaissait maintenant. Lui, il voulait danser, persuadé que les dieux descendaient des cieux pour l’emporter.

Là, il les vits, déformé par l’épaisseur de la glace, comme s’il les contemplaient de l’autre côté d’une vitre épaisse par un jour de pluie intense. Des formes, des dizaines ou des centaines de milliers, il n’aurait pu le dire, avançaient vers lui. C’était d’eux qu’émanait la musique.

Autour de la corne, la glace se fendillait doucement, sans un bruit qui pu déranger la musique divine. Il recula ou plutôt s’affala au sol, épuisé. Les formes devenaient de plus en plus distinctes, plus massives aussi. La musique se faisait plus forte, la montagne se mit à vibrer, protestant par une avalanche lointaine qui produisit un grondement gigantesque qui sembla à peine un murmure. Rien ne pouvait rivaliser avec la puissance des notes qui faisait vibrer l’air tout autour. Il commença à distinguer les premiers musiciens. Des hommes, fins et pourtant géants, la tête allongée et les mains disproportionnées. Les longs doigts tressautaient sur de longues flutes et leurs pieds virevoltaient entre chaque pas, exécutant une danse complexe et agile. D’autres. Il aurait voulu pouvoir se frotter les yeux mais il était pétrifier. Même sous l’empreinte de la folie, il n’arrivait pas à croire ce qu’il voyait. Quatre jambes massives, chacune lui faisant autant penser à un bœuf par la taille et au lézard par la manière d’évoluer, soutenaient un large torse velu qui tressaillait au son de l’énorme tambour qui y pendait par les épaules. Les cuisses repliées grignotaient la distance presque comme des araignées. Des bras titanesques soutenaient chacun un gourdin qu’ils abattaient sans ménagement sur la peau tendue.
D’autres encore. Des femelles dont les voiles n’était pas dissociés du corps, qui ne semblaient avoir nulle jambe mais des seins lourds qui vibraient et saillaient alors qu’elles tournoyaient encore et encore.

Il y’avait de nombreux êtres difformes qu’il n’arrivait pas à décrire ou appréhender la forme. D’autres bêtes légendaires, disparues, impossibles. Il manqua défaillir en apercevant la source du son de cornemuse.
Des sortes de dandys aux vêtements chamarrés et à la tête gonflée comme une baudruche, prête à exploser, luisant de l’intérieur en dévoilant les vaisseaux sanguins et pire encore. Des dents saillaient d’en dessous, pendantes comme prêtes à tomber. Il ferma les yeux un instant, gagné par la nausée. Et lorsqu’il rouvrit les yeux la procession s’était arrêtée et semblait le cerner de toutes parts. La musique ne s’était pas arrêtée un seul instant et il pensa que son cœur ne tiendrait pas le rythme. Et puis il le vit, ce qu’il pensait être la glace, ou une toile de fonds ou simplement le lointain, cet effet que l’on ne distingue plus quand la distance est trop grande, bref ce qu’il ne voyait pas. Ce n’était qu’un énorme torse remplit de bras, de soie noir et d’yeux. Et lorsqu’il leva les yeux vers ce qui lui servait de tête, il ne put en supporter la vue et tomba dans l’oubli.

vendredi, novembre 07, 2008

La Nuit à Morwick

Petit texte écrit en vitesse sur Tubular Bells.

Ils étaient là. Quelque part au-delà du cercle de lumière. La buée qui sortait de sa bouche se condensait doucement pour former de fines goutelettes. Il frissonait malgré la chaleur. Son cœur battait à tout rompre. Les torches grésillaient, frémissaient projetant une lumière vascillante qui ne le rassurait pas.
Il respirait bruyemment, essouflé, incapable de rester en place. La sueur avait depuis longtemps mouillé sa chemise. Les yeux fous tentaient de percer les ténèbres, il n’osait pas cligner des yeux malgré qu’il sentait le tiraillement que cet effort lui demandait. Il savait qu’il n’avait pas droit à l’erreur, il ne pouvait s’assoupir une seule seconde. Il ne pouvait reposer ses yeux fatigués. L’un était plus faible que l’autre, capable à peine de percevoir les formes de la grange dans la pénombre. Il avait besoin de toutes ses facultés et dieu savait qu’elles étaient maigres.
Des plus forts que lui avaient succombés et il avait ri. Ri de leur folie. Qui était le plus fou maintenant ?
Il frissonnait en murmurant « je sais que vous êtes là ». Les heures s’égrainaient. La nuit était sans fin. Le bois travaillait et craquait. Un homme sain d’esprit aurait ri de ses peurs, n’aurait rien vu et serait mort, surpris. Un masque étonné sur son visage déssèché, vidé de toute vie. Il en avait vu des tas des cadavres ainsi surpris. Des femmes, des enfants et c’étaient les pires. Il pouvait s’accomoder de la vue d’un corps d’adulte mais ceux d’enfants étaient terrifiants. Toute innocence semblait avoir été absorbée ne leur laissant que des yeux accusateurs et une bouche aux lèvres relevées dans un rictus moqueur. Il en avait fait des cauchemards depuis.
Il sursauta de peur de s’être laissé aller à la rêverie. Le cercle de lumière qui l’entourait semblait s’être rétréci. Les torches ne tiendraient pas la nuit. Ils avaient profités de son inatention pour les réduire. Il voulu cracher mais sa bouche était trop sèche. Il allait mourir sans rien pouvoir faire. Non. « Non ! Vous ne m’aurez pas. Salopards ! » Il attrapa une torche et tout en tournant sur lui-même s’approcha de la porte. « Ce village est maudit, mais je m’en vais et vous ne pourrez rien faire….VOUS ENTENDEZ ? ». Il trébucha en poussant la porte, sa main plongea pour l’empêcher de s’affaler au sol. Il se releva en quelques pas incertains et se retourna, les yeux exorbités.
Il se mit à rire, un rire horrible, nerveux. « Ah…Ah…Vous ne m’avez pas eu…reculez ! »
Il lui semblait les distinguer maintenant. Ces visages décharnés, moqueurs, qui l’entouraient.
« Arrière » cria-t’il alors qu’il plongeait vers les bois, la torche en avant.
Sa main tremblait, son bras balayait devant lui comme s’il tâtait l’obscurité. Il se retournait parfois, hystérique, de peur de les voir s’abattre sur son dos et continuait d’avancer à reculons. Jusqu’à ce qu’il touche une branche ou qu’il sente un courant d’air et il tournait encore.
Perdu. Il parlait et bavait sans que lui-même ne comprenne plus ce qu’il marmonait. Le froid l’avait enveloppé et la torche faiblissait encore. Il se mit à courir. Une meute de visages défigurés, contemplateurs à ses trousses. Il maudit le soleil et les dieux et courut. Il courut jusqu’à ce que ses poumons explosent, que ses jambes le trahissent et alors il courut encore.

jeudi, octobre 23, 2008

Texte Oublié

J'avais beaucoup aimé la Compagnie Noire de Glen Cook à l'époque (même si la fin de la série m'a un peu laissé de marbre). L'idée même d'avoir une compagnie de mercenaires, craints, inflexibles, ni bons ni méchants mais sûrement pas des enfants de choeur, j'adhère.

J'ai toujours voulu faire un petit clin d'oeil dans mes écrits sans l'avoir jamais fait. Surtout parce qu'il faut avant tout éviter de copier et arriver à faire quelque chose qui ai sa propre âme, sa personnalité propre. Bref si c'est pour faire la même chose c'est pas intéressant.

J'ai cependant retrouvé un petit brouillon qui mélange deux envies, celle de la compagnie noire et celle de l'homme inflexible, qui tue non pas pour le plaisir mais parce qu'il estime ça normal, salutaire. Une sorte de main de la mort qui plane au dessus de chacun.

Jusqu'à aujourd'hui j'avais complètement oublié cette ébauche donc non je ne compte pas la continuer, quoi que... ;)


L’homme s’avança doucement sur la place du village. Grand et mince, ses longs membres étaient enserrés dans une tunique de soie noire, la plus pure. Des lacets de cuirs maintenaient différentes gaines sur son corps, chacune contenant une arme. Des épaulières, descendaient de manière cursive le long de son cou et de son dos.
D’autres hommes, harnachés d’une armure sombre, salie au charbon, leur avait permi d’approcher du lieu sans être repérés. Ils maintenaient maintenant les plus récalcitrants au sol. L’un d’eux baignait déjà dans son sang, qu’on remarquait à peine sous la lueur de la lune. La terre le buvait pourtant avidement « …et elle n’avait pas finit d’avoir soif », pensa Eclo.
Les hommes, les femmes et les enfants présents tremblaient, ils savaient pourquoi il était ici. Ils savaient ce qu’il avait fait à Pirnuit, à Tirnuan et Corpshel aussi. A cet instant il n’avait même pas besoin de son don pour trouver les coupables, ceux qui avaient poussés le village vers la seddition. Ceux dont la bouche était remplie de mots tels que « liberté, égalité, injustices » et la tête pleine de « gloire, richesse et femmes ». Il grimaça. Il y’avait des jeunes, beaucoup, beaucoup trop. Des femmes aussi. Au fond il lui fallait accepter son rôle ou il n’y survivrait pas. Plus il s’enfoncerait dans les terres rebelles plus les gens seraient impliqués, plus il aurait à sévir. Mais en même temps il était triste pour eux, il était obligé de s’attaquer d’abord à des petits villages pour se faire la réputation nécessaire, obligé de faire des exemple, peut-être plus tard pourrait-il faire preuve de mansuétude.

Ses soldats attendaient ses ordres, ils avaient probablement autant peur de lui que ceux dont la vie était à l’instant même dans la balance divine. « Divine » Eclo pouffa à cette idée. Depuis quand le divin avait à faire dans les histoires des hommes, à moins qu’un nouveau nom fut trouvé à l’argent et au pouvoir, le divin n’avait aucune place ici, dans un autre monde peut-être.

Son visage seul inspirait la peur, car c’est de là que tout venait. Un voile sombre lui recouvrait l’œil droit, le cachant à la vue de tous comme s’il avait été fondu dans l’ombre. Le voile était tendu, comme un croissant de lune, épousant le visage comme s’il avait été lisse, inexistant. Doucement ses doigts se levèrent et il dégrafa la partie inférieure, leva le voile et l’accrocha au petit diadème discret qui le maintenant en place. Il écarta les doigts doucement sur sa tunique, comme pour les essuyer de la sueur, et commença à marcher vers le peuple à genou. Son œil complètement obscur avait un reflet tel qu’on peut en remarquer parfois au fond d’un puit alors qu’il fait nuit noire. C’était là la seule indication qu’il était bien vivant, réel et qu’il scrutait les visages un par un.

Il porta sa manche sous son nez, dérangé par l’odeur forte de la peur qui émanait de la foule. Les soldats s’écartaient sur son passage, qui à enlever la main qui maintenait un homme à genou. De toute façon en général ceux-ci n’osaient pas se relever. Le premier priait avec ferveur, son visage ruisselait de sueur dans la fraicheur de la nuit, ses cheveux clairsemés autour d’une calvitie naissante étaient poisseux et colés en mèches grasses. Eclo surmonta son dégoût et examina l’homme de plus prêt. « Bête oui, méchant parfois, les bajoues tremblaient, une telle ferveur, qu’as-tu à câcher mon petit père ? » Il marmonnait doucement de façon inintelligible. Il hésita, son rôle était de nettoyer la campagne des rebelles et des partisans du Duc d’Albie et non de traquer les criminels. Pourtant, lorsqu’il se détourna pour porter son regard vers un autre homme, la forme agenouillée avait cessé de prier et se vidait de son sang dans la boue, une entaille fine courait le long de la gorge, bouillonant légèrement avant de se tarir.
Ses mains jouaient du couteau alors que les corps tombaient, que les cris retentissaient et que les gens tentaient de fuir. « Coupable, Non Coupable, Coupable, Coupable ».
Les lames s’enfonçaient dans des orbites, sous la clavicule, tranchaient des gorges. Chacun avait droit à une mort qui correspondait à ses pêchers, longue et douleureuse, lente et paisible, rapide et sans douleur. « Pêchers ? » Il pouffa encore, il était vraiment temps qu’il se libère de se vocable religieux s’il devait continuer ainsi. Il regarda le jeune garçon qui était en face de lui. Oh il avait bien porté une ou deux lettres car il avait trouvé ça excitant mais il n’avait pas un mauvais fonds. Il avança sa main et sourit en lui tapotant la tête amicalement.
Il entendit un soldat se plier en deux pour vômir et fronça des yeux en regardant le capitaine. Celui-ci déglutit et s’empressa d’emmener le soldat hors de vue. Il n’aimait pas être perturbé dans son travail, c’est quand on est perturbé qu’on fait des erreurs. Une femme protégeait son enfant en pleurant. Il se demanda de quoi elle le protégeait exactement, elle ne pensait quand même pas qu’il pourrait jamais faire du mal à un enfant ? Les gens sont tellement étranges quand ils ont peur. Il s’accroupit doucement et lui releva le menton. Les larmes avaient gonflés et rongis ses yeux, sa bouche tremblait et laissait entrevoir un filet de bave. Elle était encore jolie, si on faisait abstraction de son front proéminent et de ses deux dents gâtées. « Victime…mais est-ce pardonnable ? ». Il réfléchit un instant. « Amoureuse oui….quel dommage ». Il lui enfonça doucement la lame sous le cœur et elle s’affaisa sans un bruit sans un sanglot. Il prit l’enfant dans ses bras et chercha une meilleure mère pour lui. La précédente n’avait décidemment pas sût choisir ses hommes. Il la trouva, terrifiée certes, moins jolies peut-être, juste un peu jeune peut-être. Elle pleurait à chaude larme, criant de peur. Mais son visage était lisse, lisse de tout méfait, de toute haine, de tout malheur. Il s’agenouilla près d’elle et lui demanda de sa voix masculine mais douce. « En prendras-tu soin ? Il a besoin d’une mère. Tu as cette envie n’est-ce pas ? d’être mère. » Il souriait, parlait doucement comme s’ils étaient assis pour prendre le thé et non au milieu d’une exécution.

vendredi, juillet 04, 2008

Héphaistos - Chapitre 2 "Souvenir"

Les pêcheurs étaient rentrés au village dès qu’ils avaient aperçu les premières voiles. Tout le monde s’était massé sur le talus qui surplombait le rivage et protégeait le hameau du vent. Théos n’avait jamais vu de tels vaisseaux aussi majestueux auparavant. Ils avaient ramené les voiles carrées et ornée d’un symbole orange et ocre. Ils se semblaient se rapprocher du rivage à tire d’ailes, les mouvements synchronisés des rames ajoutaient à cette impression.
Ami ou ennemi ? Même les anciens étaient incapables de l’affirmer. Ils étaient par contre tous d’accord pour dire que cela n’amenait rien de bon mais Théos ne se rappelait pas les avoir jamais entendu qualifier quoi que ce soit de bon à part le vin de treille ouvert lors des fêtes du solstice.
Les galères ralentirent leur course, des yeux menaçants dessinés sur chaque côté leur donnait l’apparence de quelque monstre marin surgit des abysses. Les villageois se serrèrent les uns contre les autres avec l’impression d’être une proie impuissante. Certains désiraient fuir ou se barricader chez eux mais le patriarche insista pour que tout le monde reste calme et prêt à accueillir les hôtes de la mer, Poséidon ne pouvait leur envoyer un ennemi.

Peut-être ces puissants étrangers les récompenseraient-ils ou en tout cas épargneraient-ils leur village ? Une galère, plus grande que les autres, plus effrayante aussi, peinte de rouge et de reflets bleus continuait sa route droit sur le rivage. Les rames se levaient et s’abaissaient en faisant jaillir des gerbes d’eau de la surface bleutée qui la portait. Elle semblait blesser la mer même par ses coups. Un frison parcourut le corps de Théos et il fut tenté de sortir de sa cachette. Peut-être aurait-il dû rester auprès de ses parents ?
La proue du navire fendit le sable humide avant de s’échouer lentement. Les rames restaient suspendue dans l’air avec qu’elles ne claquent et soient avalées dans la coque. Les oiseaux semblaient avoir déserté la scène. Les vagues s’étaient faites dociles et timide sous l’imposant navire. Les villageois n’avaient pu s’empêcher de reculer comme s’ils craignaient que le bateau ne fende la terre comme il l’avait fait des flots. Des reflets apparurent le long du bastingage. Des cris humains incompréhensibles s’élevèrent et des formes se jetèrent par-dessus bord, atterrissant un genou dans le sable, tête baissée, leur cimier pointant vers les spectateurs, ajoutant à l’aspect théâtral de la scène. Leurs muscles huilés saillaient et leur armure scintillait au soleil. A cet instant, Théos envia la prestance de ces êtres et désira être l’un d’entre eux. Les jambières ovales étaient ornées de motifs cursifs simples et un large bouclier rond barrait leur dos. Sur le torse, une cuirasse de bronze ornée d’un motif sombre qui semblait faire ressortir leur peau claire. Tous les hommes du village avait la peau matte et halée des hommes qui passait leur journée en mer. Les soldats eux avaient une peau de bébé mais lorsqu’ils relevèrent leur cimier d’un air grave, Théos y vit des yeux bleu enfoncé dans un visage qu’une barbe sombre et taillée encadrait.
Le premier d’entre eux avait un cimier orné d’un panache bleu, il s’avança vers le patriarche. Celui-ci recula inconsciemment. Ces hommes étaient plus grands que la moyenne et en aucun cas voûté par le labeur. Le soldat se voulait impassible mais son casque frémit alors qu’il plissait le nez. Théos, fils de Poséidon et non Héphaïstos, se souvint que lui aussi sentait la mer à l’époque et n’avait jamais senti aucune répulsion à cette odeur forte et franche. Le soldat sembla s’entretenir à voix basse avec l’aïeul qui s’agenouilla. Il tendit ensuite un bras impérieux vers les villageois et ses hommes s’approchèrent.
Théos paniqua, il n’avait pas pensé à mal en s’éloignant ce matin pour mieux observer les gigantesques navires au loin mais maintenant il sentait qu’il était trop tard pour se montrer même s’il l’avait voulu. Ses jambes refusaient de le porter et il contemplait la scène comme au ralenti. Il aurait tant aimé que son ami, Dorian soit là à ses côtés plutôt qu’en bas avec les autres. Sa mère serrant ses bras autour de son cou comme s’il était encore un enfant qu’elle devait protéger. Théos n’avait appris la raison de toute ceci que plus tard, Héphaïstos la décadente avait besoin d’enfants pour combattre en son nom. La plupart des villages acceptait qu’on vienne prélever un tribu du sang mais la soif de la cité aux milles feu était inextinguible et ses recruteurs s’aventuraient de plus en plus loin pour remplir leur office. C’était la première fois que le village de Théos faisant face à une telle demande et la peur flottait dans l’air. Le malheur arriva par Nikos. Le beau, l’intrépide Nikos. Un imbécile qui ne plaisait qu’aux jeunes femmes et qui ne vivait que pour elles et son image. Comme si cela faisait partie des préoccupations d’un pêcheur. Les soldats attrapèrent les bras des jeunes hommes et commencèrent à les tirer vers le navire. Des pleurs et des cris fusèrent alors que les premières mères réalisaient qu’on leur arrachait leur fils. Tous les pêcheurs ont un petit couteau qui sert à évider le poisson. Nikos sortit le sien, Dorian l’aperçut mais ne put se dégager des bras de sa mère en pleur. Théos effaré vit Nikos, l’air serein s’approcher d’un soldat, le couteau bien en évidence. Personne ne faisait attention à lui, les soldats étaient trop occupés à repousser les parents éplorés et les villageois qui les maudissaient. Théos voulu crier mais aucun son ne sortit de sa gorge. Le couteau de Nikos s’enfonça sous le cimier du soldat et s’y enfonça comme dans le ventre mou d’un poisson. Il ressortit lentement accompagné d’un léger filet de sang. L’homme porta la main à son cou et le sang continua de jaillir entre ses doigts. Il se retourna doucement et sortit son arme alors que ses genoux s’affaissaient sous lui. Nikos réalisa ce qu’il venait de faire et s’éloigna alors que l’homme s’effondrait face contre terre sur le sable, son armure semblant tout à coup plus terne. Un ordre fut aboyé, les épées sorties et des corps innocents s’écroulèrent.
Alors que le sang mouillait le sable et que les cris devenaient hystériques, Théos aperçu Nikos qui courait vers l’intérieur des terres. Les soldats se lancèrent à sa poursuite se taillant un chemin au travers de la masse humaine devant eux. Coupant des bras, tranchant des gorges, éviscérant des enfants. Théos vit Dorian se placer devant sa sœur dans un geste protecteur, des formes cachèrent la suite mais lorsqu’il revit son ami il baignait dans son sang, un large sourire rouge lui barrait la gorge. Sa mère avait encore les bras tendus vers ses enfants. Sa sœur sanglotait en regardant fixement devant elle, les mains couvertes de sang. Théos fut toujours étonné d’avoir plus regardé le cadavre de son ami que celui de ses parents. Lorsque le soleil atteint le ciel de midi, il était debout à contempler le charnier de ce qui avait été sa vie jusqu’ici.
Il n’arrivait pas à mettre un nom sur ces corps allongés de façon grotesque. Les quelques survivant, choqués serraient les êtres aimés dans leur bras ou pleuraient en maudissant les dieux.
Les soldats étaient occupés à emporter le corps de celui des leurs qui était tombé. La tête de Nikos ornait la plage, les barques avaient été brisées, les maisons incendiées. Théos était gelé malgré le soleil, il sursauta en entendant un bruissement à côté de lui et se retourna. L’homme au cimier bleu se tenait devant lui, son épée de bronze dégoulinant du sang de ses amis et parents. L’homme haussa un sourcil et souris et tendit la main vers lui. Théos se plia soudain en deux pour vomir et sombra dans l’oubli, épuisé.

Héphaistos - Chapitre 1 "Premier Sang"

Je ne vais quand même pas vous parler de ce que j'écris sans en présenter un petit bout. Voici le début du dernier brouillon.



Théos essuyait la pluie de ses yeux du revers de la main. Ses cheveux dégoulinaient sur son visage. Les goûtes chaudes chatouillaient sa peau et il se léchait les lèvres s’attendant presque à sentir le goût des larmes. Il resserra sa prise sur son arme, le gant de cuir crissant sur la poignée. Il en avait fait du chemin pour en arriver là. Cet instant où toute son attention était focalisée sur la brume et l’herbe humide, sur l’ennemi qu’on entendait respirer non loin, ahaner et frapper le sol du pieds. Ils arrivaient. Tout cela ressemblait trop à un mauvais rêve, sauf que ses mauvais rêves à lui étaient pires. Il ajusta le bouclier pour bien l’aligner contre celui de son voisin, attentif à ce que son coude et son côté soient bien protégés. Les derniers instants s’écoulaient lentement, la terre semblant les bercer d’une douce brise avant que le chaos ne se déchaîne.

Il vit une ombre fugace se déplacer dans les fumerolles d’une terre gorgée d’humidité. Deux milles hommes se tenaient à côté ou derrière lui. La fine fleur de l’armée d’Héphaïstos, la cité aux mille feux. Il frissonna comme si ont lui avait caressé l’échine avec amour mais la seule douceur qu’il connaissait encore était celle de sa lame. Lorsqu’un bras armé surgit du néant il bougea pour bloquer l’acier tranchant qui s’abattait. Tous firent un pas en avant, boucliers ronds levés. Un fracas retentit, la ligne se crispa, grogna, reflua mais tint bon.
Des voix s’élevèrent mais il ne les écoutait pas. Il revoyait les derniers instants de sa famille et la colère emplit ses veines.
Un second coup surgit du côté accompagné du faciès grimaçant, barbu et terrifiant d’un ennemi. L’homme suait et exultait, rageur. Ses cheveux mi-longs envoyaient valser des gouttelettes de sueurs alentours et son rictus ouvert sur des dents gâtées lui donnait un air féroce. La hache se planta dans le bois du bouclier, fendant le symbole divin orange et vert qui y était dépeint. Le choc se répercuta dans le bras de Théos qui sentit celui-ci s’affaisser, le bouclier étant soudainement trop lourd pour lui. Il savait que cela importait peu. Il n’était qu’une quantité négligeable. De la chair sacrifiable disposée en première ligne pour ralentir l’ennemi. Les vétérans attendaient calmement derrière, une ligne que même lui ne pourrait franchir s’il flanchait. Il ne fallait donc pas reculer. Secouant son épaule pour se libérer de la lanière qui retenait le lourd morceau de bois, il balança son bras droit en un revers court et cinglant. En combat rapproché, sa fine et courte épée de bronze avait largement l’avantage sur cette longue cognée. Il traça une ligne écarlate au travers du visage étonné de son adversaire. Le sang se mêla à la sueur et à la pluie, quelques gouttes atterrirent sur ses lèvres et il goûta enfin au sel du combat.

Le corps s’affala laissant place à un autre, plus jeune, moins hirsute, plus vif, tout aussi mort.
Théos lui planta son épée dans le ventre et se réjouit du doux gargouillis d’un homme qui s’étouffe dans son propre sang. La soif du combat le gagnait. La ligne avançait. Fou !
Ces ignorants incapables avaient cru pouvoir défaire l’armée d’Héphaïstos au réveil, hors de tous les combats auxquels Théos avait assisté jamais celle-ci n’avait manqué à son devoir et à son entraînement. Une discipline implacable régnait dans le camp et il n’avait fallu que quelques dizaines de minutes pour aligner les deux milles soldats en ordre serré sur le champ de bataille. Moins qu’il n’en avait fallu pour que l’ennemi arrive au contact. Et là, ceux-ci goûtaient le fruit du contact de l’acier dans leurs entrailles.

Ce bruit, reconnaissable entre tous, qui crissait et déchirait la chair. Il frissonna au souvenir de ces mêmes sons la première fois qu’il les avait entendus. Il s’était alors beaucoup moins réjouit.
Il se focalisa à nouveau sur le combat, la haine du passé ressurgit et mêla le sang aux larmes.
Il eut l’impression de pleurer et de crier, de chanter sa douleur au ciel lorsqu’il abattit son glaive au travers de l’épaule d’un barbare musculeux et torse nu. L’homme le regardait surpris et hagard, il tentait de relever son bras alors que le sang jaillissait par à coups de la profonde entaille qui l’avait mis à genou. Théos plaça doucement son pieds sur le large torse de l’homme et le poussa du pieds doucement, le regardant s’affaler alors que la vie quittait les yeux sombres et implorant qui le fixaient. Peu importe la force qui nous mène dans la vie, seule celle face à la mort compte.
Un pied sur le torse de l’homme agonisant, l’autre solidement planté dans l’herbe il sentait les boucliers de ses compagnons dans son dos, le poussant toujours de l’avant. La journée allait être longue. Combien de temps faudrait-il à l’ennemi pour comprendre que ses efforts étaient vains. A quoi un homme qui avance seul dans le noir reconnaît qu’il est perdu ?
Il avança de plusieurs pas et se retrouva soudainement seul. Perdu dans la brume et l’herbe, le son métallique du combat résonnant alentours bercé par les râles des mourants. Il tourna sur lui-même sans savoir dans quelle direction se tourner.
Une lance le frôla accompagnée par son servant qui plongeait tête baissée. L’homme le bouscule, le cogna, le renversa au sol et Théos resta allongé là en regardant le ciel et les nuages qui se dispersaient petit à petit. L’homme sur lui était lourd mais ne bougeait plus, le glaive de Théos planté entre deux côtes. Mais Théos ne s’en inquiétait plus, ses yeux brouillés par les larmes contemplaient le maigre morceau de ciel bleu que le soleil découpait dans la brume et tentait d’élargir avec force. Il vit une mouette passer et sourit. Il accompagna son vol jusque dans sa mémoire, ce jour maudit et bénit ou il s’était caché seul dans les taillis recouvrant la colline nord du village. De là il pouvait voir la mer et la place où étaient affalé quelques maigres embarcations de pèches. Spectacle insolite à cette heure où elles devaient se trouver en pleine mer à remplir leur ventre de poissons luisants. Le village était en émoi et lui s’en amusait. Lui était caché et eux étaient debout. Dorian. S’il avait su. Sa vue se brouilla alors qu’il oubliait le présent et plongeait dans les cauchemars du passé.

Déjà?

Et oui ça fait un bail.
En fait je ne compte plus publier d'extraits du vengeur ici. Les corrections ont bien avancés même si j'ai encore qq problèmes grammaticaux à régler. Je tente de créer un résumé digne de ce nom ce qui est loin d'être une sinécure.

En fait j'ai très peu de temps à y consacrer et les mois filent. Elohai n'a plus avancé suite à un léger problème technique (le callepin que j'utilisait pour écrire était rempli) et je suis donc retrouver à écrire d'autre choses sur le nouveau callepin. Rien de bien transcendant, juste de quoi assouvir ce besoin qu'est l'écriture. Tout ces petits chapitres serviront probablement pour un tout qui murit doucement mais une chose à la fois.

jeudi, février 21, 2008

Is that allright?

Bonne nouvelle puisque j'ai terminé la première relecture du Vengeur (non présentée sur ce blog). Assez content de moi, j'ai exterminé un nombre effarant de fautes. Et pourtant, il en reste tant et tant. Je n'ai pas rencontré (à mes yeux) de grosses contradiction et le travail de réécriture (à mon humble avis) ne concerne qu'un seul chapitre qui m'a vraiment déçu. Il reste encore un nombre important de répétition (pourtant, pourtant, pourtant....qu'est-ce que je l'utilise celui-là). Et probablement un travail de longue haleine niveau grammatical et stylistique mais au moins j'en suis arrivé au bout et ce n'était pas si terrible. J'ai même réussi à apprécier ça.
Bref Elohaï prends du retard mais je pense qu'il est plus important de finir ce que j'ai commencé que de m'atteler à autre chose surtout qu'il bénéficiera probablement de ce travail et du temps de réflexion.
Bref, je me tourne maintenant vers d'autres pour leurs avis et leurs remarques en les remerciant d'avance pour leur patience.

samedi, février 16, 2008

Elohaï - Chap 1 "Un Chant"

Premier chapitre d'Elohaï qui devait servir d'introduction un peu sombre.
Musique d'inspiration: Goran Bregovic & Ofra Haza - Cantonero (Reine Margot Theme)

« Et le premier était l’Unique, car seul lui était assez arrogant pour se croire seul. »

Une voix douce et apaisante s’éleva dans l’air d’un petit matin brumeux. Une voix de femme, plaintive. Celle qui chantait était accroupie sur un muret de pierre, les jambes ramenées sous elle, recouvertes par sa jupe de toile brune. Un corsage serré au tissu rugueux complétait sa sombre panoplie. Seuls ses cheveux d’un rouge éclatant semblaient accompagner les vers clamés au vent.
Ses yeux d’un bleu aussi clair que l’eau d’une rivière regardaient fixement devant eux. « Elohaï ». Ce nom revenait souvent dans sa complainte. Personne ne pouvait dire si c’était là la raison de ses pleurs pourtant tous aurait juré que si et auraient pleurés avec elle. Pourtant l’air frais et vivifiant vous piquait les narines et vous tirait des larmes comme si ça ne suffisait pas.

Mais elle ne chantait pas pour les autres, ni pour elle-même, elle ne faisait que laisser sourdre la noirceur qui enserrait son cœur et l’étouffait. Elle clamait sa peine aux collines, aux arbres et au petit hameau en contrebas.

Une corneille tournoya un instant au dessus de celui-ci avant de se poser sur l’un des gibets qui ornaient la place du village. De si loin, on aurait pu croire à des jouets macabres ou des mats de cocagnes peut-être mais leurs fruits étaient autrement plus mûrs et suintaient des entrailles.

Des larmes coulèrent le long de ses joues, traçant un sillage humide que le vent tentait d’assécher. Sa voix ne faiblissait pas « Elohaï !»
Elle chantait et pleurait pour un homme, plus qu’un homme, un héro, un espoir. Et au-delà, elle pleurait pour un pays, une nation, pour le monde même peut-être.

Aujourd’hui sa chanson était connue de tous et jamais interrompue. Jamais aucun homme n’aurait osé railler son sujet et offenser ainsi les dieux. Pourtant, tous, sans exception auraient voulu qu’elle n’ait jamais existé.

Le dernier couplet s’éteignit dans l’aube. Un des soldats qui attendait patiemment s’éclaircit la gorge, gêné. Il n’aimait pas ce qu’il avait à faire mais c’était là son devoir.
La fille plus belle que l’aube se laissa emmener sans résistance, le visage inexpressif. La cueillette allait bientôt commencer.

vendredi, février 15, 2008

Elohaï - Les 40 dieux - Introduction

Entre quelques corrections pour "le vengeur" il m'arrivait d'avoir envie d'écrire autre chose, de me lancer dans un autre projet. Pourtant je ne le voulais pas aussi imprécis que le premier (malgré le plan que j'avais fait celui-ci à changé à de nombreuses reprises et les prémisses étaient vraiment plus dû à l'inspiration qu'à un plan mûrement réfléchit)
J'ai eu différentes idées (que je garde sous la manche, qui sait...) que j'ai laissé mûrir afin de voir laquelle allais gagner. Il me fallait quelque chose d'original, de différent.
Je ne voulais plus me lancer dans le suivit de 5 personnages comme pour le vengeur, trop contraignant, trop risqué.

Et puis finalement c'est sorti, une page puis deux et l'histoire d'Elohaï prends forme. J'ai déjà qq pages de notes et je suis en train d'en faire le plan. Je suppose qu'il faudra encore quelque temps pour que j'aie une base solide mais je tenais à faire partager un petit aperçu pour les rares visiteurs.

Voici donc l'introduction à Elohaï:
Ceci est l’histoire d’Elohaï, le plus grand guerrier que la terre ait porté à ce jour. Le récit de la vie d’un homme exceptionnel. Un homme que toute femme
rêve d’aimer, que tout homme rêve d’être.
Pourtant Elohaï était un mercenaire torturé, amer qui n’avait que la mort pour seule compagne, le meurtre pour seule raison de vivre. Ecoutez donc son histoire ! Et découvrez comment un jeune homme sans le sou va devenir le plus grand symbole de son
temps.

Vous tremblerez plus que lui lorsqu’il devra affronter la horde sanguinaire des Hsros, la plus grande armée que l’homme n’ait jamais vue.
Ces cavaliers, nés un arc à la main, ont traversé l’orient pour dévaster la
contrée de notre héro, celui-ci alors pétri de vengeance et de haine se retrouve
désoeuvré mais il ne baissera pas les bras ! Jamais !
Voici l’histoire de l’homme qui va changer la vie de tant d’autres alors qu’il est
destiné à être seul. Ecoutez donc et taisez-vous !

jeudi, janvier 24, 2008

Etat des lieux

J'en suis pour le moment à la moitié de ma première relecture et je commence en parallèle une relecture approfondie.

Si ça en intéresse certains voici la carte qui m'a servis de base lors de l'écriture (elle a évolué depuis principalement au niveau des noms etc)
Bon c'est du fait main et comme vous voyez je n'ai pas de compétences en dessins (sans vouloir prétendre que j'en ai pour l'écriture, j'appréhende celle-ci plus facilement quand même :) ) mais ça permet de visualiser un peu mieux les événements.