A few thoughts, a few sayings

-"Je suis celui qui te connais quand tu fuis jusqu'au bout du monde" Jacques Bertin (Je suis celui qui court)

- "Je ne suis pour toi qu'un renard semblable à cent mille renards. Mais, si tu m'apprivoises, nous aurons besoin l'un de l'autre. Tu seras pour moi unique au monde. Je serai pour toi unique au monde..." Saint-Exupéry (Petit Prince)

- "Et le plus beau, tu m'as trahi. Mais tu ne m'en as pas voulu" Reggiani (Le Vieux Couple)

- "We all got holes to fill And them holes are all that's real" Townes Van Zandt (To Live is To Fly)

- "Et de vivre, il s'en fout, sa vie de lui s'éloigne... Tu marches dans la rue, tu t'en fous, tu te moques, de toi, de tout, de rien, de ta vie qui s'en va." Jacques Bertin (Je parle pour celui qui a manqué le train)

- "I thought that you'd want what I want. Sorry my dear." Stephen Sondheim (Send in the clowns)

- "Pauvre, je suis de ma jeunesse, De pauvre et de petite extrace. Mon père jamais n'eu grand richesse, Ni son aïeul nommé Orace. Pauvreté nous suit à la trace, sur les tombeaux de mes ancêtres, Les âmes desquels Dieu embrasse! On n'y voit ni couronnes ni sceptres." François Villon (Pauvre, je suis)

- "Vous êtes prêts à tout obéir, tuer, croire. Des comme vous le siècle en a plein ses tiroirs. On vous solde à la pelle et c'est fort bien vendu" Aragon (Ce qu'il m'aura fallu de temps pour tout comprendre)

- "And honey I miss you and I'm being good and I'd love to be with you if only I could" Bobby Russell (Honey)

- "And I need a good woman, to make me feel like a good man should. I'm not saying I am a good man Oh but I would be if I could" Fleetwood Mac (Man of the World)

- "Je ne comprends pas ces gens qui peuvent s'installer n'importe où quand je cherche inlassablement avec la tête fermée que tu connais l'endroit où je retrouverai mon enfance" Jacques Bertin (Colline)

vendredi, septembre 14, 2007

Le Vengeur - Chapitre 20. Guylhom - Florian

Un chapitre frustrant. Le chapitre suivant (non encore écrit) est un chapitre que j'attends depuis le début, il fallait à tout pris que tout s'imbrique dans ce chapitre ci, que tout soit prêt pour la suite. Seulement voilà avec les changements faits sur la ligne temporelle j'oscillait et hésitait sur quoi y mettre exactement.
Et puis l'idée s'est construite petit à petit, mais ce qui fut vraiment frustrant c'est d'avoir eu l'inspiration, l'idée finale en pleine nuit. J'avais le choix entre dormir ou me lever pour écrire et franchement j'ai préféré dormir, seulement voilà, devoir écrire un chapitre de mémoire (surtout avec la mienne) n'est pas la même chose que de l'écrire sous l'inspiration donc bref un peu frustré de n'avoir pas pu rendre le dialogue Guylhom/Florian de façon exacte mais j'espère que le résultat reste dans le ton.

Musique d'inspiration: Basil Poleduris - Riddle Of Steel Riders Of Doom


Chapitre XX. Guylhom – Florian

Cette année avait été longue, Guylhom se souvenait de son crapahutage à travers le royaume. Il avait l’impression d’être en selle depuis toujours, ses jambes restaient archées lorsqu’il démontait et son dos le faisait souffrir jour et nuit. Il regarda les montagnes, elles contrastaient tellement avec ce qu’il avait pu voir depuis qu’il avait quitté la cité de Liudmark.

Valars était une ville étrange. Guylhom avait passé beaucoup de temps la tête dans les livres pendant sa vie, il connaissait la géographie du monde connu par cœur, seulement voilà les cartes n’avaient pas grand-chose à voir avec la réalité. Le voyage avait été long, terriblement long et ennuyeux.
Alors dès qu’il voyait quelque chose de nouveau, Guylhom s’émerveillait, se redressait sur son cheval et regardait au loin avec les yeux brillants. Valars était non seulement quelque chose de nouveau mais aussi quelque chose d’unique. Il y’a quelques décennies c’était à peine un petit village qui par chance se trouvait sur la route commerciale entre les cités libres et le Liudmark. Des marchands afin de maximiser les profits commencèrent à y construire des entrepôts. La ville grandit et fit de plus en plus de profit, on y installa une caserne et on y construisit une palissade. Le temps de finir celle-ci, la ville s’étendait déjà en dehors, grossissant presque à vue d’œil. C’était la première vraie cité de Liudmark, ici pas de donjon, pas de murailles, on ne vivait que par le profit et pour le profit.
Et pourtant lorsque Guylhom y arriva à la tête de ses cinq mille hommes, la plaine était couverte de tentes et de soldats. Des éclaireurs avaient déjà annoncé leur arrivée et un détachement assez important les attendait. Ici la religion n’était pas aussi prédominante que dans l’ouest. Les villageois ne le saluaient pas, ne cherchaient pas sa bénédiction. Ici il n’était qu’un soldat. Mais un soldat trop voyant, un sergent quelconque lui annonça qu’il devait rester en dehors de la juridiction sous peine d’être abattu à vue. Guylhom fut choqué par ces paroles. Ses années passées au monastère l’avaient complètement détaché de la réalité du monde où les hommes comme lui n’étaient pas toujours respectés.
Il ordonna donc d’installer le camp et c’est seulement deux jours plus tard que son frère le reçut. Il ne l’en blâma pas, il n’était pas au courant de leur lien de parenté et devait être très occupé par les préparatifs guerriers. « Contre Qui ? » demanda à nouveau la voix dans son crâne. Il avait fini par accepter cette présence interne, presque intime maintenant s’il devait se rappeler des nuits torrides qu’il avait passées au château de son père. Il se rappela ses moments en souriant, la journée il passait les hommes en revues, s’entraînait ou flânait dans les rues de sa ville natale. Guylhom était grand et on l’apercevait de loin, il avait apprécié le contact avec la population et surtout les enfants. Il se demanda d’ailleurs s’il en aurait jamais. Pourtant, il se rappelait surtout les nuits passées en compagnie de cette présence féminine, ces nuits où elles lui avaient fait découvrir le plaisir sous ses nombreuses formes.

Il chassa ces souvenirs et entra dans la tente de son frère, son escorte s’arrêta là et ne lui fit pas l’affront de lui demander de déposer son arme. L’homme assis à une table en face de lui tenait vraiment plus de son père que de sa mère : musclé mais presque bedonnant déjà, un regard sévère et des lèvres tombantes qui ne souriaient pas souvent. Lorsqu’il leva les yeux vers Guylhom, il n’y avait aucune sympathie dans sa voix.
- Que voulez vous prêtre ? Et que faites vous en compagnie de nos renforts ?
Guylhom n’avait rien d’un prêtre et il le savait tous deux.
- Bonjour Florian
L’homme l’examina, un éclair de compréhension passa dans ses yeux gris mais son visage ne trahit en rien qu’il avait deviné. Au lieu de ça, sa mâchoire se crispa encore plus.
- C’est moi Guylhom.
- Guylhom…je ne pensais pas que tu sortirais jamais la tête de tes livres.

Le ton était froid et il eut soudainement peur de son frère.
- Que fais-tu dans cet…accoutrement ?
- C’est récent et ça me surprend tout autant que toi je suppose.
- Qu’est-ce que vous voulez encore vous autre ?

Guylhom se sentit exclu de la famille. Il aurait tout aussi bien pu être mort que ça n’aurait fait ni chaud ni froid à son frère.
- Rien, enfin si, on m’a envoyé à la recherche d’Aelor, père m’a prêté cinq mille de ses hommes et…
- Comment ?! Ces hommes me reviennent, nous en avons besoin pour…ils sont à moi c’est tout !

Guylhom haussa les épaules.
- Je suppose que père t’en enverra d’autres bientôt. Je suis venu ici pour te voir et pour savoir si tu avais des informations sur Aelor.
- Tu te fous de nous, tu t’en es toujours foutu !
- Je, non mais…j’ai une mission.

- Et la famille alors ? Tu as rejoins un ordre qui s’est voué à notre chute.
- Ne dis pas de bêtises.
- Ah non et qui ? QUI s’est opposé à nous lors de la dernière guerre ?
- Je ne suis pas dans les confidences de l’ordre mais pour ce que j’en sais vous aviez attaqué les royaumes du sud en premier.
- Ah ! pour ce que t’en sais….Il l’avait brûlée Guylhom !
- De quoi tu parles ?

- DE TA SŒUR ! Ce gros porc, il n’a pas supporté l’humiliation, il a attrapé une torche et il l’a brûlée ! Devant tout le monde ! Aujourd’hui encore je sens l’odeur de cheveux cramés et de porc cuit. Tu l’as vues ??? Tu savais que la chair avait cette odeur quand elle crame ?
Les gardes avaient ouvert le battant de la tente et observaient la scène la main sur leurs armes.
Son frère ne remarquait rien, il continuait de crier et de s’emporter sur Guylhom alors qu’il n’avait même pas été présent à cette époque.
- Et père, ce père que tu aimais tant, n’a rien fait. Il l’a laissé partir. Oh bien sûr après il a tenté de les envahir mais il ne voulait pas avouer que sa fille était défigurée par un pisseux. Je parie qu’il ne t’en a même pas parlé !
- Non, à vrai dire je ne savais même pas que j’avais une sœur jusqu’à ce qu’il me le dise.
- Tu as toujours passé ton temps dans les livres. Tu n’as jamais pris soin de la famille. Tu as préféré rejoindre l’ennemi, mais ils paieront un jour, tous autant qu’ils sont ! J’en ai fait le serment. Et tu ferais mieux de faire ton choix.

Voir son frère ainsi ravagé par la folie et la douleur affecta grandement Guylhom, d’autant plus qu’aux premières estimations il était à la tête de presque trente milles hommes. Qui sait ce qu’il contait en faire ?
- Un jour ils paieront et s’agenouilleront devant le Liudmark en demandant pardon.
- Tu es fou.
souffla Guylhom.
Le regard de son frère flamboya. Il tira son épée et s’approcha.
- N’ose jamais plus me critiquer dans mon propre campement. JAMAIS ! Ne crois pas que cette armure te protège, vous n’êtes pas infaillible vous chevalier blancs !.
« C’est lui ! C’est lui ! C’est lui ! » la voix dans sa tête s’affolait. Guylhom fut pris de vertiges, incapable de comprendre ce qui se passait sous cette tente. Son frère se méprit sur sa réaction.
- Tu es un pleutre ! Tu recules déjà, tu as toujours été un pleutre, déjà petit tu avais peur de te faire mal à l’épée. Ton ordre n’a vraiment plus personne vers qui se tourner pour te choisir, toi.
- Je veux juste savoir ce que tu sais d’Aelor, après je m’en vais. Dit Guylhom d’une petite voix.
- Tu t’en vas ? Tu crois que je vais te laisser partir avec mes hommes, tu iras seul dans les terres burgannes chercher ce soi disant messie. Seul ! Tu m’entends ? Comme tu nous as laissé seul toutes ces années.
Guylhom n’en pouvait plus de se faire reprocher les malheurs de sa famille lors de sa formation au monastère. Il essaya quand même d’apaiser la tension ambiante.
- Arrête Florian. Je ne veux pas me battre avec toi. Je te laisse mener ta guerre.
- Te battre ? Tu en es incapable. Tu es le déshonneur de cette famille. Vous les moinillons, vous vous croyez puissants mais vous exploitez le peuple pour votre propre gloire. Votre époque est finie. Tu es fini.

Florian le poussait en martelant sa cuirasse du poing.
- Arrête !
Guylhom reculait de plus en plus, jusqu’à se retrouver dehors. Un attroupement s’était formé autour de la tente. Des hommes observaient la scène avec amusement, la plupart avaient la bouche ouvert sur un rictus aux dents gâtées.
- Pars d’ici la queue entre les jambes si tant est que tu en as une. Fuis petit moinillon de merde !
Guylhom ne sut jamais si c’était sa propre colère refoulée ou celle de la voix mais il frappa son frère au visage. Son gant de métal ouvrit la pommette du général qui tomba par terre en arrière. Ses hommes tirèrent l’épée comme un seul homme. Un bruit formidable que des centaines d’épées qu’on tire du fourreau. Un bruit qui glaça le sang de Guylhom. Il mit la main sur la garde de son épée et la tira doucement. Les hommes hésitaient, ils crachaient sur son ordre mais tous avaient entendu parler de la prouesse des chevaliers de Saint Royan.
Florian se releva, se tâtant le visage.
- Va ! Pars faire ta quête si importante. Prends tes hommes s’ils veulent te suivre mais que je ne te croise plus jamais. Aujourd’hui, je n’ai plus de frère.

Guylhom avait encore les larmes aux yeux alors que résonnaient dans son esprit les dernières paroles de son frère. Il se détourna de la vision de Palis détruite, ravagée. Ce voyage ne lui apportait au final que des déceptions. Il avait l’impression que chaque étape lui montrait des ruines, son père n’était plus que l’ombre de ce qu’il était, son frère était devenu un fou sauvage et haineux, Palis, la cité frontière n’était plus que cendres froides, quelle serait la prochaine étape ?
« …être un chevalier de Saint Royan n’a jamais été facile »
- Je n’ai jamais demandé à l’être.
« Tu sembles croire qu’on ta choisis pour ton nom, alors que c’est lui qui nous à fait hésiter. Nous ne t’avons pas choisi, tu t’es désigné seul. »
- J’ai passé ma vie le nez dans les livres d’histoires et de droit. J’aurais à la limite été un juriste passable alors un chevalier, pfeu.
« Et tu crois que je n’aurais pas voulu vivre dans une jolie ferme au coin d’un bois ? »
Guylhom la voyait très bien cette ferme, l’image était apparue spontanément dans son esprit. Une petite construction en torchis, un toit de paille brune, des vitres sales derrières lesquelles oscillaient la flamme d’une bougie. Le bois était une plaque sombre sur ce tableau nocturne. Aucun chemin ne menait à la ferme car elle ne recevait jamais de visite. Jusqu’à cette fois là probablement. Cette nuit où une jeune fille avait vu sa vie basculer.
- Je suis désolé, je ne pense qu’à moi.
« Oui, mais je ne veux pas de ta pitié. Va rejoindre tes hommes, il est temps de se mettre en marche »
- Mais je n’ai pas encore reçu confirmation que les cols étaient désenneigés.
Personne ne lui répondit et il supposa qu’elle n’allait plus lui adresser la parole pendant quelques temps, probablement sa punition pour avoir remonté des souvenirs à la surface.
Il descendit de son promontoire et pris le chemin du campement. Enfin ! Ils allaient pouvoir traverser la montagne. « Elichzane : les dents des dieux » que les Burgans appelaient ces montagnes. Les pentes abruptes, les pointes effilées et enneigées ne rassuraient pas outre mesure sur la dentition des dits dieux. Impossible de les passer en hiver, les cols étaient enneigés et l’escalade impensable.
Ces dents n’étaient faites que de roche, pas un gramme de bronze alors qu’on en trouvait dans la moindre colline du Liudmark, pour tout le bien que ça faisait. Aucune ressource exploitable ce qui expliquait l’absence de ville d’importance dans le nord du pays. Seuls quelques forts ici et là afin de prévenir une attaque burganne. Palis avait été la seule implantation notable, la seule aussi à commercer avec les barbares. Dire qu’il n’avait pas fallu deux semaines à Aelor et à son armée pour la réduire à néant. Guylhom craignait de voir les dégâts qu’il allait apercevoir de l’autre côté des montagnes. Aelor avait été à la tête de la plus grande armée de ce monde, oh bien sûr, ils n’étaient pas entraînés comme les fiers soldats de Liudmark et les Burgans étaient des adversaires terribles mais quand bien même. Pourtant cela faisait plus d’un an que ces ruines ne fumaient plus. Qui sait s’il restait encore quoi que ce soit de vivant de l’autre côté de ces montagnes. Qui sait si cette quête avait encore un sens.
Ses hommes le saluèrent lorsqu’il rentra au camp, ceux-ci étaient couverts de fourrures, battant du pied pour se réchauffer en montant la garde. Leurs gants de cuir marron se serraient et se desserraient sur les longues hampes des lances et un souffle glacé sortait de dessous leurs capuches. L’hiver avait été rude et le printemps s’annonçait timide. Guylhom attrapa le premier sergent qu’il reconnu à son casque empennés et lui demanda de préparer les troupes. Mille hommes seulement mais cela suffirait pour une première traversée. Les quatre mille autre les rejoindraient d’ici quelques semaines quand les cols seraient moins dangereux, d’ici là ils allaient poser les bases de la nouvelle Palis. Le Liudmark ne pouvait rester sans protection et Florian n’avait pas eu l’air de s’en inquiéter lui.
Le camp s’activa, on chargea les chariots de vivres et d’armes. Impossible de faire porter les longues lances de plus de trois mètres aux hommes dans des montagnes encore gelées et glissantes, ils allaient se contenter de courtes lances de marche. On scella les chevaux.
Les éclaireurs revinrent avant qu’ils n’aient fini les préparatifs. Mais ils avaient le feu vert, les cols étaient accessibles. Demain, ils seraient en terre burganne.

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