A few thoughts, a few sayings

-"Je suis celui qui te connais quand tu fuis jusqu'au bout du monde" Jacques Bertin (Je suis celui qui court)

- "Je ne suis pour toi qu'un renard semblable à cent mille renards. Mais, si tu m'apprivoises, nous aurons besoin l'un de l'autre. Tu seras pour moi unique au monde. Je serai pour toi unique au monde..." Saint-Exupéry (Petit Prince)

- "Et le plus beau, tu m'as trahi. Mais tu ne m'en as pas voulu" Reggiani (Le Vieux Couple)

- "We all got holes to fill And them holes are all that's real" Townes Van Zandt (To Live is To Fly)

- "Et de vivre, il s'en fout, sa vie de lui s'éloigne... Tu marches dans la rue, tu t'en fous, tu te moques, de toi, de tout, de rien, de ta vie qui s'en va." Jacques Bertin (Je parle pour celui qui a manqué le train)

- "I thought that you'd want what I want. Sorry my dear." Stephen Sondheim (Send in the clowns)

- "Pauvre, je suis de ma jeunesse, De pauvre et de petite extrace. Mon père jamais n'eu grand richesse, Ni son aïeul nommé Orace. Pauvreté nous suit à la trace, sur les tombeaux de mes ancêtres, Les âmes desquels Dieu embrasse! On n'y voit ni couronnes ni sceptres." François Villon (Pauvre, je suis)

- "Vous êtes prêts à tout obéir, tuer, croire. Des comme vous le siècle en a plein ses tiroirs. On vous solde à la pelle et c'est fort bien vendu" Aragon (Ce qu'il m'aura fallu de temps pour tout comprendre)

- "And honey I miss you and I'm being good and I'd love to be with you if only I could" Bobby Russell (Honey)

- "And I need a good woman, to make me feel like a good man should. I'm not saying I am a good man Oh but I would be if I could" Fleetwood Mac (Man of the World)

- "Je ne comprends pas ces gens qui peuvent s'installer n'importe où quand je cherche inlassablement avec la tête fermée que tu connais l'endroit où je retrouverai mon enfance" Jacques Bertin (Colline)

lundi, avril 16, 2007

Le Vengeur - Chapitre 2. Thibaut

Voici le deuxième chapitre de mon histoire "Le Vengeur", étrangement et malgré que l'idée de base me soit venue il y'a longtemps déjà, il m'a fallu énormément de temps pour finir ce chapitre.
C'est seulement après avoir appréhendé le chapitre complètement différemment que j'en suis arrivé à bout.

Je ne suis pas encore parfaitement content du chapitre mais l'idée est là et le reste se fera au fil des relectures.

Edit: première relecture terminée, c'est un peu plus lisible, il faut maintenant laisser mûrir un peu l'histoire pour voir si elle prends ;).
Edit 2: j'ai terminé une deuxième relecture mais elle n'apparaît pas ici. Je suis encore assez mécontent du chapitre et je vais attendre de le travailler un peu plus avant de le mettre à jour sur le blog.

Thibaut


Son cheval s'ébrouait sous lui et piaffait d'impatience. Thibaut resserra ses mains moites sur sa lance. A seize ans, il était plus que temps pour Thibaut de se lancer dans son premier tournoi. Son père lui avait fait faire sa première armure sur mesure il y a un mois à peine. Il n’était toujours pas habitué à son poids et au manque de mobilité à cheval. Il savait aussi que s'il tombait il ne se relèverait pas, l'armure était bien trop lourde pour lui. Avec l'insouciance de la jeunesse, il ne comptait pas tomber. Il s'était entraîné et entraîné, encore et encore, jusqu'à être meurtris par l'armure. Son adversaire n'était pas le plus grand des chevaliers non plus. Il portait un casque argenté orné d’un cygne blanc, ailes déployées. Thibaut n’avait pas peur. En fait, celui-ci se forçait à voir ce même mannequin d'entraînement qu'il avait réduit en bouillie à force de charges.

Ce n’est pas tous les jours qu’un tournoi était organisé à Montfaucon alors aujourd'hui Thibaut ferait honneur à sa famille. Le faucon ne ferait qu'une bouchée du cygne!
Ce même faucon pesait lourd sur son casque comme s'il était impatient de s'élancer vers sa proie. Aujourd'hui, Thibaut Montfaucon pulvériserait son adversaire Mélard de Swanec !
- Echraze-le Tsibaut! lui souffla son petit frère Sorj qui lui servait d'écuyer.
- Tiens-toi prêt avec une autre lance ! lui intima Thibaut d'un ton sec.
Sa voix, amplifiée par le casque, lui parut trop forte et il eut l’impression que les gens le regardaient les sourcils froncés. Ne voyant pas grand chose des tribunes, il décida de reporter son attention sur son adversaire. Tous deux attendaient le signal du prince Sigmund qui trônait dans la tribune d'honneur.

Le prince royal, Sigmund Forcefer était en pleine tournée des vassaux du Sud. C’était une sorte de rituel qui permettait aux populations de découvrir leur futur roi. Montfaucon, de par son prestige, avait eu droit à la première visite.
Bien sûr tout ceci avait été annoncé il y'a plusieurs mois. Le prince lui ne s'était mis en route que le mois passé avec tout ses suivants et il n'était arrivé qu'hier. Apparemment les jouvenceaux, courtisans et autres godelureaux avaient fait fort de rendre le voyage du prince le plus plaisant possible. Fêtes, beuveries et filles de joies accompagnaient celui-ci depuis son départ de ma capitale. Apparemment, tous les nobles présents tentaient de gagner quelque faveur en chemin. Le prince était un garçon de vingt ans à peine qui était bien trop bedonnant pour faire honneur à son nom.
Son père, le roi Kylios le sec, lui était un vrai Forcefer, droit et dur. Juste, parait-il. Assez juste, en tout cas, pour que la paix règne depuis son ascension au trône voilà trente-cinq ans.
Thibaut connaissait sa leçon: Sigmund Forcefer, fils de Kylios Forcefer, dit le sec, et frère de la belle Orlamund, La famille Forcefer était issue d’une lignée glorieuse qui avait conquis le trône. Renversant ainsi les Laperts, rois corrompus et durs qui n'hésitaient pas à faire juger leurs vassaux pour s'adjuger leurs biens. Une période de prospérité s’ensuivit une fois les derniers vestiges de la rébellion écrasés. En bref, le royaume était en paix et Thibaut faisait partie de la jeunesse qui servirait le futur roi.
Il s’entraînait depuis son plus jeune âge à succéder un jour à son père. "Justice et Honneur" ces mots résonnaient dans son esprit chaque jour, gravés comme sur le haut du pont levis.
La simple pensée de régner un jour sur Montfaucon l'apeurait et l'excitait à la fois. Il se voyait déjà à la tête de ses vassaux pour écraser quelques brigands ou encore à donner une fête somptueuse au château, qui n'en connaissait que de trop rares. Il savait pourtant que ce n'était que rêves et que le quotidien du seigneur de Montfaucon consistait surtout à faire le tour des terres, à régler l'intendance et les questions de justice sur celles-ci.

Le drapeau annonçant le début de la joute fut abaissé et Thibaut lança instinctivement son cheval au galop. Il se sentit fort secoué dans son armure et serra les genoux encore plus. Seule importait la silhouette de son adversaire qui se rapprochait. Son œil se focalisa sur le cygne qui lui fonçait dessus. Thibaut gardait sa lance baissée afin de ne la relever qu'au dernier moment et de surprendre le cavalier adverse Le but était de casser sa lance sur le bouclier de l’autre et si possible de faire tomber l'autre jouteur.

La distance diminuait rapidement. Tout cela paraissait irréel à Thibaut, jamais il n'avait chevauché si vite et aucune chevauchée ne lui avait semblé prendre autant de temps. Soudain, il lui sembla que l'adversaire était trop proche et Thibaut releva sa lance par réflexe. Ce geste précipité fit tout basculer.
Lorsque les deux lances rencontrèrent leurs cibles celle de Thibaut ne fit que glisser le long du bouclier au cygne alors qu'il sentit l'autre lance se fracasser en plein contre le sien. Il lui sembla qu'il fut, un instant, le souffle coupé, figé dans le temps et l'espace alors que le monde continuait de bouger tout autour.
Désarçonné, il tomba soudain en arrière et s'affala par terre dans un fatras de ferraille.

"Autant pour l'honneur" pensa t'il. Ses oreilles bourdonnaient et son dos le faisait souffrir. Ce soir, père, déçu, allait le regarder d'un air triste et distant. "Je ne suis pas à la hauteur" murmura t'il. Il commença à sentir les larmes lui monter aux yeux et il aurait probablement continué à s'apitoyer sur lui-même si quelque chose ne lui sembla pas étrange.
Personne ne venait le remettre sur pieds et personne ne le huait. Il commençait pourtant à percevoir des cris et des appels au travers du bourdonnement de ses oreilles. Il tourna la tête et tenta de se relever. Les tribunes se vidaient et tous semblaient se précipiter vers la tribune princière. Que se passait-il donc? Les gens passaient en courant sur le terrain pour rejoindre l’attroupement. Les dames n’hésitant pas à soulever leurs jupes pour aller plus vite ce qui eu pour effet d’encore plus le perturber.
Reprenant ses efforts pour se relever, il se mit à tanguer sur lui-même pour enfin réussir à s’appuyer sur ses bras et se mettre à genoux. Il maudit son petit frère de ne pas être venu le relever et partit vers la foule massée.
- Le prince est blessé...un attentat...un attentat.
Il mit du temps à comprendre la signification de ces mots. Il ne les réalisa pleinement que lorsqu’il vit, brièvement à travers la foule, une civière lourdement gardée que l’on emmenait au château.
Sonné et se sentant totalement ignoré, Thibault se demandait presque si le monde n’avait pas subitement décidé qu’il ne méritait pas qu’on le remarque. Le prince ? Blessé ? Comment ?
Cette journée resterait probablement longtemps dans les mémoires ainsi que son échec. La honte et l’inquiétude brulaient les entrailles de Thibault.

Des voix se mirent à monter, des nobles criaient au scandale pendant que des gardes en nombre fouillaient le château. Epuisé par sa défaite, Thibault se mit à la recherche de son frère afin de se débarrasser de son armure.
Il partit ensuite se réfugier dans sa chambre en tentant d’oublier le babillage de Sorj. C’est sur le chemin de ses quartiers qu’un serviteur le héla :
- Messire ! Votre père désire vous voir, messire Thibault.
- Déjà ? Quelle poisse !
Le jeune page disparut et Thibaut prit le chemin de la chambre de son père, trainant la patte, son corps lui faisant payer sa défaite en le torturant de partout.
Il arriva penaud, hésitant à frapper à la porte. Il finit par le faire et attendit que son père l’invite à entrer.
Celui-ci était assis, face au feu-ouvert sur son lourd siège en bois et couvert de fourrure. Il avait les yeux perdus dans le vide:
- Tu veux me voir père ?
- Oui fils, il faut te préparer à partir et vite.
- Quoi ? Tu me bannis ? Simplement pa…parce que j’ai échoué ?

Il sentit les larmes monter à ses yeux.
Son père le regarda, interdit pendant un instant et puis éclata de rire.
- Ah mon fils, non ! Je suis toujours fier de toi tu sais, tu n’es pas un jouteur mais, pour être honnête, je n’en suis pas un très bon non plus. J’ai besoin de toi pour une mission bien plus importante, retrouver celui qui a tiré sur le prince
- Je croyais que les gardes fouillaient déjà le château ?
- Ils le font, mais crois-tu vraiment que l’assassin va rester ici en attendant d’être pris. Non il est déjà partis et tu dois le retrouver, les nobles de la suite du prince mettront probablement des semaines pour se décider à faire la même chose. Des hommes fidèles t’attendent dans la cuisine. Ils t’aideront dans cette tâche.
C’est très important mon fils, si nous ne pouvons prouver que nous n’avons rien à voir là dedans, notre famille sera déshonorée et je finirai sur un échafaud. Le roi n’est pas quelqu’un de tendre, il ne me pardonnera jamais ce drame.

Thibaut acquiesça, il avait toujours rêvé d’aventures mais il ne s’attendait pas à ce que de telles responsabilités lui incombent.
- Et le …le Prince ? Il va s’en sortir ?
- Il semblerait que le goût du Prince pour la bonne chair lui ait sauvé la vie, pour l’instant du moins. Reste à prier Bielor que sa blessure ne s’infecte pas.
Son père le serra dans ses bras :
- Va mon fils et sache que je serai toujours fier de toi. Fais surtout bien attention à toi, ceux qui ont fait ça peuvent tout autant être des courtisans jaloux de notre position que des ennemis venant de Liudmark. Quoi qu’il en soit, ils ne sont certainement pas à prendre à la légère. Ils ont eu des dizaines d’occasions de supprimer le prince sur la route mais ils ont préféré attendre pour le faire ici, dans notre maison ! Va maintenant et que Saint Lhor te protège.

Thibaut, rejoignit sa chambre, fébrile et oubliant presque la fatigue de son corps torturé. Il y choisit une tenue de voyage en cuir vert sombre, un haubert et des bottes solides. Il ceignit son épée à son côté et y ajouta le couteau qu'il avait reçu de mère pour ses quinze ans. Il partit ensuite vers la cuisine.
Il ouvrit la porte et découvrit quatre hommes, tous assis à table devant une bière et un pain creux plein de bouillon, les restes du repas princier probablement.
Un homme bien habillé dans des habits de satin avec de longs cheveux blonds lui cascadant sur les épaules se leva en souriant dès qu’il le vit arriver.
- Ah vl’a le petit seigneur ! Roland pour vous servir. Dit-il en s’inclinant. J’étais à la droite du prince lorsque celui-ci fut touché. J’aurais bien pris le carreau à sa place mais une grosse courtisane m’en empêcha pour se resservir de fraises à la…
Roland jouait des mains tout en parlant afin de mimer la scène ce qui fit sourire Thibaut.
- Arrête ton blabla, dit un autre homme à la mine grêlée et aux sourcils broussailleux, je m’appelle Adian mon seigneur, si l’assassin a pété à moins d’une lieue d’ici je le sentirai ! Et voici Philass, dit-il en désignant un petit homme en chausses élimées. Philass avait la mine fatiguée, il leva sa pipe en bois en signe de salut. Philass atteindrait une cible mouvante en pleine nuit avec son arc et le dernier laron est.. euh Luclin qui est…
- LUC-LIN ! finit le géant chauve dans un sourire dégoulinant de jus.
- Très doué pour être Luclin en effet.
- Je le connais répondit Thibaut en hochant la tête, il est souvent en faction à la porte du château.
Thibaut le connaissait en effet, Luclin s’il ne brillait pas par son intelligence était la plus grosse montagne de muscle des environs et il adorait les chats, il y’en avait toujours qui lui tournait autour pendant son tour de garde ce qui fascinait Thibaut.
Thibaut se dit quand même qu’il avait d’étranges compagnons, lui qui s’attendait presque à rencontrer des chevaliers immaculés de l’ordre de Saint Pryan, le voici avec quatre anciens gardes ou pire. Seul Roland était apparemment plus éduqué mais Thibaut voyait mal en quoi celui-ci allait être utile.
Ils prirent des provisions et se mirent en route, Roland lui collant aux basques racontait en détail ce qu’il avait vu : une ombre à la fenêtre du château avant que le prince ne s’effondre. Comme si ça allait aider quiconque quand bien même cela serait vrai.
Ils partirent vers le village de Préroman en bas de la butte où siégeait Montfaucon, si un étranger était passé inaperçu au château avec toute l’agitation, il ne serait par contre sûrement pas passé inaperçu au village.
Thibaut laissa Philass et Roland aller s’enquérir à l’auberge du village. Apparemment Luclin n’y était plus le bienvenu depuis qu’il y avait tout démoli parce qu’un homme l’avait traité de « mou du bulbe ». Thibaut nota mentalement de ne jamais faire la même erreur.
- Et la spécialité de Roland, qu’elle est-elle ? demanda Thibaut à Adian.
- Il ne faut pas se fier aux apparences, Roland invente beaucoup d’histoires et croit que son statut de bâtard de l’évêque de Rochefaud le met au dessus des autres. Mais il n’a pas son pareil pour faire parler quelqu’un.
- Faire parler…tu veux dire tor.. ?
- J’en sais rien et je veux pas le savoir mais en tout cas on pourrait avoir besoin de lui si on met la pate sur l’assassin.
Les autres revinrent bredouille. Roland avait cependant un petit sourire satisfait sur le visage. Thibaut en compris la signification lorsqu’il vit la serveuse lui faire signe de la porte avant de se faire rappeler à l’ordre, et accessoirement à l’intérieur de l’auberge, par le patron.
La nuit tombait et ils se mirent d’accord pour éviter la route royale, jamais un assassin ne prendrait le risque d’emprunter une route autant patrouillée. Ils partirent donc vers le nord en suivant les chemins forestiers en espérant qu’ils pourraient trouver un indice au prochain village.
Thibaut peinait sous son lourd sac de toile cirée, il n’était pas sûr d’avoir eu une si bonne idée en emmenant son haubert de maille. Il ne servirait de toute façon à rien dans son sac. Et il se doutait que les autres se plaindrait du bruit s’il l’enfilait.
Les autres voyageaient léger, Luclin ne portait qu’un gros sac de toile, rempli de boustifaille et de matériel, accroché à une hache qu’il portait à l’épaule. Adian et Philass portaient chacun une besace à leur ceinture et Roland ne portait rien du tout, évidemment.
Celui-ci se mit d’ailleurs à divaguer sur les yeux bleus de la serveuse de l’auberge et Thibaut cessa assez vite de l’écouter, d’ailleurs seul le géant semblait porter de l’intérêt à ce que disait Roland.
Ils montèrent le camp dans une clairière une fois la nuit tombée, Thibaut se sentait oppressé par les arbres et le ciel. Il n’avait encore jamais dormi en dehors des murs du château. Après avoir mangé chichement, chacun s’enroula dans une couverture, Roland avait apparemment fait porter ses affaires par Luclin.
Thibaut se sentait tellement différent par rapport à ses compagnons, tellement étranger à cette aventure et sur le moment il n’eut pas l’impression d’avoir à mener une mission capitale pour sa famille. Il frissonna en entendant les sons de la forêt, des rongeurs faisaient bruisser les herbes, un hibou appelait au loin. Il ne put s’endormir qu’une fois Luclin lui-même endormi. Jamais Thibaut n’avait entendu ronfler si fort mais étrangement cela le fit se sentir en sécurité et lui rappela les murs du château.


©2006-2007 SA_Avenger

dimanche, avril 15, 2007

De la musique, de l'inspiration et de l'épique

La musique m'accompagne quasi en permanence pendant mes journées.
J'ai des goûts disparates Blues, Musique Médiévale, Chanson française, Musique de film, House, folklorique (grecque entre autre), rock (ou hard rock) ou encor reggae et musique classique. Tout y passe. (ci-dessous Corvus Corax en concert à Mülheim an der Rhur, août 2003)










C'est d'elle que je tire la plus grande partie de mon inspiration (que je ne couche que rarement sur le "papier"). En fait elle crée des images dans mon esprit qui rendent un peu comme des extraits de films d'où la difficulté d'exprimer tout ça avec des mots et mes tentatives pour rendre les scènes les plus imagées possibles.

Petite exemple d'une démarche similaire via un vidéo de dance synchronisée dans un jeu (je précise que je ne joue pas à GW et ne participe pas à ce genre de chose, c'est juste pour illustrer. "Dance Vidéo 6" de Inc-Frosty)



Bon c'est sûrement pas le meilleur des exemples vu que je n'imagine pas des gens qui dansent mais c'est le début du sentiment d'épique qui me donne toutes mes idées de base pour une histoire.
Imaginer 200 hommes, épée à la main, faire des mouvements synchronisés en musique ben ça me fait tripper et je dois pas être le seul vu le succès des scènes de combat du Seigneur des anneaux :). Et pas seulement en combat, la musique (comme dans les films) peut rendre une scène tellement plus vivante, plus forte.

Quant on y pense la musique n'a pas une place prépondérante dans la vie, l'épice que j'aimerais apporter dans mes histoires ce sont justement des civilisations qui vivent en musique et que celle-ci se ressente à travers les mots, différente pour chacun bien sûr vu que l'écriture n'offre qu'une base à l'imagination du lecteur.
Mais pour ça il me faut encore l'écrire, ah si seulement faire des films était plus abordable ;).
Mais ça reste un fil conducteur pour mon histoire actuelle (Le Vengeur) en espérant arriver assez loin pour y arriver.

Quant aux musiques que je trouve épiques?
Beaucoup de musiques de film bien sûr (Hans Zimmer, Howard Shore, Vangelis, Jerry Goldsmith,...), de la musique médiévale et celtique évidemment mais aussi des groupes dont ce n'est certainement pas la vocation première que ce soit en Hard Rock (Rammstein, Disturbed, Drowning Pool,...), Blues (Julian Sas, Canned Heat) ou en techno (Kenji Ogura, Quench, Sweet Drop,...).

L'Arme Trouble - Chap 3. La cérémonie


Voici un texte plus ancien qui a maintenant quelques années (le style s'en ressent), toujours fantasy (en même temps j'écris casi que ça). Beaucoup plus féérique et innocent j'étais parti sur un texte léger et humoristique me mettant en scène dans ce monde (et il est clair que je n'ai rien d'un chevalier) mais au fil des chapitres le texte s'est fait de plus en plus sombre.

J'ai du abandonner l'histoire au chapitre 5, celle-ci tournant trop autour de mon personnage pour me plaire et n'ayant pas le courage de remanier plus de la moitié de ce que j'avais déjà écrit. Reste que je la reprends de temps en temps pour corriger des fautes ou remanier des phrases, qui sait, un jour peut-être retournerais-je voir les elfes.



Je sentis d'abord le tiraillement dans mon bras, mon sommeil avait été tourmenté de vision de têtes coupées, de cris de douleur, de visages connus et inconnus qui disparaissaient.
Je me réveillais en sueur, haletant ma main gauche me faisant atrocement mal, sentant chacun de mes muscles. J'avais usé mes dernières forces dans la bataille, je ne savais ou j'étais; ma tête était lourde, mes yeux criaient après le sommeil. Je les ouvris enfin, regardais autour de moi.

Tout était flou mais la langue que j'entendais devait être elfique ou peut-être étais je trop fatigué pour comprendre quoi que ce soit. Ma vue s'habituant à la lumière je vis en effet des elfes vaquer à leurs occupations et j'entendis :
- Enfin, vous êtes réveillé !
J'avais des feuilles sur le visage je me doutais que toutes les parties souffrantes de mon corps devaient en avoir même si j'étais trop fatigué pour sentir quoi que ce soit d'autre que la douleur.
Je tournais ma tête, ce qui fit entendre un crack inquiétant, et vis Ly-iShka avec de grands yeux qui me regardaient émerger péniblement du brouillard. J'essayais de parler mais elle m'arrêta directement.
Les elfes femelles ne se distinguait des mâles que par une finesse encore plus accrue, c'était presque des êtres lumineux et chacun de leur mouvement était plein de douceur, quand elles vous parlaient c'était comme si vous étiez le seul être important à leurs yeux. Je levai ma main comme pour m'assurer que je ne rêvais pas et vis qu'elle était complètement bandée. Ne sachant plus trop ce qui s'était passé j'essayais de prononcer mon inquiétude :
- Qu…que ?
- Doucement vous n'êtes pas encore guéris. Reposez-vous encore. Nous avons repoussés les Rigzo't mais ceux-ci vont sûrement revenir.

Sur ce je me rendormis pour me réveiller plus en avant dans la journée, le soleil semblait être sur le point de se coucher, le ciel était mauve avec des reflets oranges dans les nuages. Il n'y avait personne à mon côté, perdu, déçu peut-être; j'émis de faible bruits de détresse, tout mon corps semblait me tirailler, chacun de mes muscles me faisait souffrir mais le pire était ma main gauche, je sentais chacune de ses cellules.
Ma vision était meilleure et je regardais alentours : nous étions dans une clairière que baignait les derniers rayons de soleils, les elfes semblait être occupé à une mystérieuse cérémonie car j'entendais un chant douloureux et tendre comme la plainte du vent dans les blés. Je soulevais péniblement ma main droite et me débarrassais des feuilles collées à mon visage et qui me gênaient la vue. Je ne voyais aucun elfe alentours alors j'essayais de me regarder moi-même.
Me relevant un peu, un cri du douleur m'échappant j'inspectais mon corps nu, à part quelques cicatrices et les feuilles qui le recouvraient aux endroits les plus douloureux rien ne me parut anormal, c'est alors que j'inspectais ma main gauche et remarquais avec horreur qu'il me manquait un doigt à celle-ci, la bandage m'avait empêché de le remarquer plus tôt et la douleur était telle que rien ne m'avait préparé à cela. Je m'écroulais sur ma couche, les larmes me coulant sur le visage, sanglotant comme un enfant.

Je du m'endormir à nouveau car c'est en pleine nuit que je sentis une caresse sur mon front, j'ouvris les yeux pour voir Ly-iShka me passer un tissu humide sur le visage. Je lui demandais ce qui s'était passé d'une voix qui était encore faible.
- Vous m'avez sauvez la vie, je vous en serai à jamais reconnaissant me dit-elle avec ses grands yeux verts.
Gêné je lui en demandais plus sur le combat et sur ce qui m'était arrivé, je demandais cette dernière chose avec regret sachant que rien ne me rendrait mon doigt. Elle me raconta donc que mon intervention surpris les assaillants qui avait déjà dur à combattre contre l'agilité des elfes. Mais ceux-ci étaient mal en point car leurs épées ne faisaient souvent pas le poids contre les armures humaines et cette nouvelle invention, l'arbalète faisait des ravages. Nos assaillants crurent donc être tombé dans un piège car j'avais quand même abattu trois de leurs hommes, blessés ou morts, et deux chiens. Au total 6 ennemis étaient tombés mais les pertes de notre côté était irrémédiables, deux jeunes elfes étaient morts, sûrement plus âgés que moi c'était quand même une grande perte, m'expliqua-t'elle. Le peuple fabuleux comptait de moins en moins de représentant et leur rythme de reproduction était trop lent pour combler les trous qui se faisaient dans leurs rangs. Un chien m'avait mordu la main dans la bataille et arraché un doigt, d'autres avaient été blessés et pressaient le meneur de la tribu, Syl Nivae, de me laisser aux chevaliers. On ne savait pas encore comment ceux-ci avaient fait pour nous suivre et nous encercler si vite.
De plus, ils n'avaient pas été surpris de voir des elfes ce qui m'intriguait énormément. Les chants que j'avais entendu plus tôt était la cérémonie funèbre de mes étranges compagnons tombés au combat. Elle m'annonça aussi que la cérémonie aurait lieu le lendemain et que je devrais être en forme pour la subir. Ecoutant son conseil, je me rendormis donc ma tête lourde de réfléchir à tout cela, je savais que je n'avais plus beaucoup de temps pour rejoindre le monastère mais que faire ? Je n'étais sûrement pas en état de marcher seul, encore moins de défendre ma vie. Les elfes étaient mon seul espoir et je me doutais bien que je devrais passer la cérémonie avec succès le lendemain. Un elfe que je ne connaissais pas me réveilla le lendemain matin tôt et m'emmena vers la clairière, il ne m'offrit pas son aide pour me relever ni pour marcher ce qui m'étonna, ces êtres ayant été jusqu'ici d'une gentillesse extrême. Encore éprouvé par les jours précédents, j'arrivais dans la clairière tous les elfes étaient présents, assis en cercle. Au centre se trouvait Syl Nivae, je le saluais d'un signe de tête ainsi que tous ceux que j'avais croisés mais tous avaient le visage fermé ce qui eut tendance à m'inquiéter pour ce qui allait suivre. Syl Nivae attendit que tous se furent tut et que mon guide se fut assis, refermant ainsi le cercle autour de nous. A ses côtés se trouvait un livre, une épée, un arc et une coupe remplie d'un liquide noir, à sa droite se trouvait un brasero avec un plateau d'or posé dessus et renfermant une pierre précieuse superbe. Il prit enfin la parole, le silence se faisant lourd : et à mon plus grand étonnement il se mit à parler en elfe, je ne bougeais pas car tous faisaient comme si je n'existais pas. Je n'osais pas m'asseoir même si je tenais à peine debout, prenant mon mal en patience. Il parla et parla, tous les elfes écoutant attentivement, j'essayais de comprendre au début suivant les intonations de leur voix claire mais c'était comme essayé de comprendre ce que nous dit le courant d'une rivière. Je pris donc le temps d'observer leurs visages : de grands yeux enfoncés dans leur orbites et passant de la lumière à la nuit suivant que leurs paupières soient ouvertes ou fermées. Leurs longues oreilles fines et en pointes semblaient la continuation de leur visage, celui-ci avaient des traits si fins que par moment ils ressemblaient presque à des statues d'ivoires. Autre chose que je remarquais fut leurs lèvres pleines et aux formes douces et aussi le fait qu'ils n'avaient pas de sourcils et les mâles ne semblaient pas avoir de barbes ni même naissante. Les femelles n'avaient généralement pas de formes généreuses mais pour la cérémonie tous étaient fort peu vêtus et la délicatesse de leurs corps étaient bien plus fascinante que n'importe quel corps humain. Perdu dans mes pensées, me demandant ce qu'ils allaient bien me demander de faire, craignant de ne pas en être capable (pas seulement à cause de ma faiblesse) ; je ne remarquais pas que Syl Nivae c'était tut et attendais comme tous les autres une réponse de ma part ce qui eu pour effet de me donner une bouffé de chaleur et d'être horriblement gêné. Je souris bêtement et le regardai cherchant un indice de sa part. Au bout d'une minute, qui me semblât interminable et durant laquelle j'ouvrit la bouche plusieurs fois mais sans jamais trouvé quoi dire, il me fit signe d'avancer et de regarder le livre sur le lutrin à sa gauche. Ce que je fis et remarquais avec horreur que c'était écrit en elfe , je le regardais encore complètement désespéré convaincu que je ne passerai jamais la cérémonie avec succès. Syl Nivae me dit simplement :
- Fais preuve de ta connaissance du monde elfique.
Je tournais les pages doucement et remarquais que toutes les autres pages étaient vides, la couverture représentait une scène merveilleuse, des elfes dansant autour de la lune se reflétant sur l'eau, au milieu de saules pleureurs garnis de fleurs.
La scène semblait vivante, je ne pus m'empêcher de dire " c'est beau " tout bas.

Je décidai que de toute façon j'avais déjà raté la cérémonie donc que ma réponse importait peu mais j'étais bien décidé à respecter leur coutumes, ou du moins ce que j'en comprenais. Je remis le livre comme il était et affirmai que j'étais incapable de comprendre quoi que ce soit de ce qu'il y était écris mais que le peu qui s'y trouvait était fascinant à mes yeux. Il y eu des murmures chez les elfes, il semblait que certains traduisait ce que je disais à ceux qui ne comprenaient pas ma langue. Syl Nivae restait de marbre et je n'osais me retourner pour chercher du réconfort chez Ly-iShka.

Syl Nivae me fit ensuite signe de m'approcher du brasero et du plateau qui s'y trouvait, il me dit que j'allais devoir prouver ma résistance et que je devais prendre la pierre centrée sur le plateau sans renverser celui-ci. Je le regardais incrédule le plateau devait être brûlant, je n'avais jamais imaginé les elfes si cruels.
J'hésitais, rageur, pour qui se prenaient-ils, le fait de m'avoir aidé leur donnaient-ils le droit de me torturer maintenant ! Je faillis donner un coup de pieds dans le brasero pour montrer mon désaccord et puis je vis les corps des deux elfes, captivé par l'assemblée je ne les avais pas vu attachés aux deux plus vieux arbres de la clairière, ils étaient enveloppées de lierre comme si les arbres allaient les assimiler en lui.

C'est alors que j'eus réellement honte, ces deux êtres que je ne connaissais pas avaient donné leur vie pour moi sans me connaître, sans savoir si j'en valais la peine, contrairement à moi si je mourrais eu il perdais une éternité. Cette race merveilleuse était sur le déclin et mes actions n'avaient pas arrangés les choses, je fermais les yeux et pris la pierre, ma main hésita au contact, je serrais fort la pierre c'est alors que je sentis sa chaleur, elle était bouillante ma main voulu s'ouvrir pour lâcher ce morceau de lave en fusion et je la rattrapais avec l'autre de justesse, mes dents serrées.
Mon bandage me permit de tenir la pierre un peu plus longtemps et de la remettre à Syl Nivae qui ne bronchait toujours pas, même pas impressionné ce qui n'était pas le cas de la plupart des elfes derrière lui, qui même si ils gardaient le silence avaient leurs yeux grands ouverts sur moi. Je me tenus la main brûlée et à mon étonnement au lieu d'y voir une marque ronde et rouge gonflée j'y découvrit une petite étoile gravée, symbole elfique par excellence. Syl Nivae me rendit la pierre, elle était froide comme le marbre, une illusion j'aurais du m'en douter mais la douleur elle avait bien été présente, non provoquée par les elfes mais par mon esprit. Je m'étais fait berner comme un gosse mais je me concentrais maintenant sur l'étape suivante.

Celle-ci semblait simple, j'avais un arc, une flèche tout deux de facture elfique de très bonne qualité, et une cible. Le but n'était rien d'autre que d'atteindre la cible, le problème outre celui de viser était surtout ma main qui me faisait toujours atrocement mal. Cette fois-ci j'étais bien décidé à arriver aux bouts des épreuves et confiant je saisis l'arc, encochais la flèche et tendis l'arc qui failli me revenir en pleine figure, ma main me lançant terriblement. Je serrais les dents à nouveau et bandais l'arc à nouveau, visais et tirais. La flèche atteignit la cible mais bien loin de son centre, j'en voulais à ma chance d'avoir échoué mais ce qui est fait est fait.
Me retournant je vis que Ly-iShka me regardait anxieuse, c'est elle qui m'avait soignée et je doutais fort que je n'avais pas l'air glorieux à cet instant. Abattu, fatigué je me préparais pour ce qui m'attendait, Syl Nivae me tendit juste la garde de l'épée. Elle était superbe, gravée sur toute la longueur de la lame, aussi fine qu'une feuille, veinée comme un arbre, le soleil se reflétant et jouant dans les creux du dessin la recouvrant, je testais la lame et elle était étonnamment solide pour une lame aussi fine. Il me dit que ce serait un combat à mort entre moi et un ancien parce que certains de la confrérie contestait mon droit de rester parmi eux.

Je n'en cru pas mes oreilles que Syl Nivae laissait faire une telle chose, cela semblait bien barbare de la part des elfes et trop fatigué par le stress des derniers jours et par mes blessures je refusais de combattre espérant encore à un simple test. Malheureusement mon adversaire me regarda d'un air méprisant et dégaina.

Je laissais la pointe de mon épée toucher le sol pour prouver mon attitude non belliqueuse, j'avais toujours préféré la fuite au combat, me résignant à combattre que lorsque tout autre alternative était exclue. En plus j'étais trop faible pour espérer vaincre un elfe au combat, pourtant celui-ci, me sous estima énormément et je vis deux trois ouvertures dans son jeu que je n'exploitais pas. Mon épée se levait juste pour parer ses coups de justesse. Quoi qu'il en soit les elfes sont toujours beaucoup plus agiles que nous les humains et je me retrouvais vite avec quelque blessures sur les bras et les jambes sans avoir jamais touché mon adversaire. J'en avais assez de ces épreuves, de ces castes racistes d'elfes à la réputation d'être pur. En cet instant je ne voyais pas en quoi ils étaient meilleur que les humains, la beauté ne pardonnait pas tout. Lorsque la lame de mon adversaire toucha ma gorge et fit perler mon sang, je compris que celui-ci jouait avec moi comme avec un animal. Il était persuadé de mon infériorité et comptait bien la prouver à ses congénères. Toute ma haine, ma peur des derniers jours s'accumula pour se joindre à ma rage de l'instant. J'étais épuisé et je compris que le repos serait soit dans la mort, la mienne ou celle de mon adversaire. J'attendis, mon regard fixé sur celui qui était maintenant mon pire ennemi, je le haïssais lui et ses congénères, je ne voulais plus de leur pitié, je ne voulais plus être considéré d'un air condescendant, comme un animal blessé.
J'attendis qu'il frappe, je lui laissais une ouverture sur mon flanc gauche et bougeai à droite au dernier moment, il me coupa la chair de mon côté et je fermai mon bras gauche sur son bras pour l'immobiliser, surpris il me regarda et je lui enfonçais l'épée dans le cou d'un large mouvement du tranchant de ma lame.
Direct et sans pitié je lui criai ma rage pour qu'elle entre aussi profond que mon épée, celle-ci s'enfonça en lui et j'entendis ses os craquer. Il me fixait d'un air stupide, son visage incrédule, de sa bouche jaillissait du sang tout aussi rouge que celui qui dégoulinait de mon côté. Je le repoussais comme un poids mort et lui crachais dessus. Je ne le vis pas mais entendis plusieurs elfes se lever et dégainer.

Je n'en avais cure, j'avais laissée mon arme dans le cou de mon adversaire, je pleurais épuisé, meurtris. La suite évolua comme dans un cauchemar…comme un des nombreux que je fis après ce jour. Syl Nivae me mena à la coupe et me dis de boire, malgré ce qui s'était passé.

Le cercle des elfes était brisé, certains n'avaient pas bronché, attendant la fin de la cérémonie ; d'autres pleurais la mort d'un de leur frère d'une chanson douce et émouvante ; et d'autres encore me montraient de leurs épées et réclamaient vengeance. Je ne sais l'effet que la potion eu sur moi mais elle ne put jamais effacé le mal que j'ai subis en ce jour. Je me sentais lourd, absent, triste et seul. Plus rien ne m'importait, j'avais tué un des leurs et je trouvais normal qu'ils se vengent, j'avais subis cette cérémonie à cause du sacrifice que ces êtres avaient consentis pour moi et je n'avais rien fait d'autres qu'apporter le malheur et la zizanie dans leurs rangs. Je me haïssais, me considérant comme les autres hommes, ceux qui considéraient les
elfes comme des démons qu'il fallait à tout prix exterminer. J'en voulais à ces
êtres, qui m'avaient aidé, de m'avoir poussé à tuer un des leurs, m'avoir fait
subir ce que j'ai subis lors de cette cérémonie.
C'est alors que je le sentis, d'abord une impression de vide en moi, puis comme si mon ventre travaillait j'eus l'impression que j'allais exploser de l'intérieur. Je tombais à genoux, prêt à subir d'autres souffrances, et puis je sentis cette chaleur m'envahir,
j'oubliais la fatigue mes blessures et sentis comme un déchirement, une fouille
complète de mon être, je du crier et m'écrouler. Ensuite, je fus comme soulagé
et je m'endormis.

Je me réveillais en ayant l'impression d'avoir dormis deux jours mais peu de temps avait du se passer depuis que je m'étais écroulé. Ly-iShka était près de moi avec un jeune elfe qui semblait terrifié. Je tournais la tête vers ce qu'ils regardaient, encore incapable de percevoir les sons distinctement et ce que je vis ne me rassura pas. Syl Nivae avait dégainé son épée et il se tenait majestueux et terrifiant devant un groupe d'anciens qui semblaient décidé à je ne sait trop quoi faire. C'est là que je compris pourquoi il menait la tribu, en temps normal c'était quelqu'un de discret et conciliant, j'avais vu lors de la cérémonie qu'il savait être implacable mais là, là il était beau.
On m'aurait affirmé qu'il était entouré d'un halo de flammes que je l'aurais cru, tellement il était impressionnant, presque terrifiant en colère, je n'aurais pas voulu me trouver en face de lui en ce moment et ça se voyait clairement que ces adversaires hésitaient. Enfin, après un temps qui parut interminable, ils rengainèrent. Je fus soulagés mais j'eus comme l'impression que ce n'étais pas le cas de tout le monde, comme si le mal qui avait été fait était irrémédiable. Il semblait que tout avait été dit et les elfes entreprirent d'honorer leur frère mort par ma faute.

Ly'iShka m'emmena à l'écart, vers ma couche. Je regardais vers le sol, du sang me dégoulinait sur le visage, me brouillant la vue ou peut-être était-ce mes larmes je ne le savais. Je n'entendais toujours pas bien, la potion semblait faire effet mais lequel ? Je ne souffrais plus de mes blessures charnelles en fait je ne sentais plus mon corps mais le poids de ce que j'avais vécu dernièrement me faisais le traîner.
Je ne savais que penser, des elfes étaient morts pour moi et j'en avais tué un moi même, je n'avais pas voulu le faire mais avais-je eu le choix ? Avais-je encore choisis une mauvaise route qui blessait ceux qui m'entourent. Je m'endormais à moitié, Ly'iShka devait maintenant me porter mais je ne le remarquai pas.
Je me laissais tomber sur ma couche, sans entendre ce que Ly'iShka me disait, pleurait-elle ? Quelle importance ? J'avais besoin de dormir car je savais qu'il me faudrait partir le lendemain.

Ma nuit fut agitée, je me réveillais et à chaque arbre se trouvait le corps d'un elfe d'une couleur bleue cadavérique, les orbites vides, les corbeaux étaient encore en train de manger les yeux de certains, je faillis vomir de dégoûts car la plupart étaient encore vivants, agonisants. Je vis Syl Nivae levant vers moi des yeux sans vie et me murmurant:

-C'est ta faute, vous les humains n'avez respect de rien…vois ce que tu as fait, sache que toujours nous serons dans tes rêves
Il soupira sans que je puisse faire quoi que ce soit pour lui. Je vis l'elfe que j'avais cru avoir tué la veille, il attachait Ly'iShka avec l'aide de ceux que j'avais vu tiré l'épée contre Syl Nivae la veille. Je courrais vers eux, trébuchais, des feuilles sur le visage de la terre sur les mains je m'essuyais comme je pouvais pour leur crier d'arrêter. J'étais lent comme si je portais le poids de tous les corps que j'avais vu. Je les poussais et ils rirent de moi, je voulu débarrasser le corps presque sans vie de Ly'iShka du lierre qui l'entourait mais il semblait revenir, je criais son nom pour qu'elle se réveille et le lierre se transforma en ronce, je m'écorchais comme il s'enroulait autour de moi, il me serait contre son corps, me faisait saigner de toutes part. Je criais, j'appelais à l'aide, je
me débattais ce qui ne faisait qu'accentuer mes souffrances.
J'étais contre son corps chaud, elle me regarda les larmes dans les yeux et me demanda "Pourquoi ?", je voulus lui dire que je ne savais pas, que je ne comprenais pas, que j'essayais de bien faire, que tout allait bien se passer mais elle ferma ses yeux, des larmes de sang coulant sur ses joues et je sentis son corps devenir froid comme le marbre.
Les ronces m'étouffaient, j'avais de plus en plus dur à respirer. " NON ! " Je me réveillais en sueur, haletant.


©2004-2007 SA_Avenger

samedi, avril 14, 2007

Jacques Bertin


Jacques Bertin est un chanteur poète français. Plus proche de Ferré, d'Aragon et de Caussimon (dont il reprends parfois les textes) que de la StarAc rassurez vous :D.

Difficille d'expliquer ce que représente Bertin pour moi, une voix du coeur, une douleur de l'âme, une caresse de l'imagination. Il est plus simple de dire que je me retrouve dans ses textes et eux me définissent.

Bertin est un homme torturé, alors que ses débuts sont plus proches des troubadours d'antant (Les Ponts de Cé, Les Chansons du Temps Passé, J'ai vu ses yeux,...) il passe ensuite a un style plus poétique avec des chansons belles et pleines de tendresse (Portrait d'Aude, Hélène, Je suis celui qui court, ...).

Il écrit de nombreux textes engagés(Ambassade du Chili, A Besançon,...) et ensuite plus personnels et torturés (Où tu t'en vas, Un voyage, Les grands départs,...).

Mais ceux-ci restent riches, touchants, parfois presque visionnaires (Menace).


Ses reprises d'autres auteurs sont une vraie réussite et je préfère son "Paris dans chaque faubourg" que celui de Brassens (que j'adore aussi) par exemple.

Malheureusement l'orchestration va changer, d'un groupe qui le soutennait et le comprenait Bertin travaille aujourd'hui sur une musique synthétique et plus froide (moins de musiciens l'accompagnent aussi). Ce qui fait que je ne suis plus vraiment adepte de ses derniers disques.


Cependant nombre de ses textes répondent à mes émotions, mes attentes, mes angoisses et mes rêves, parfois par une seule phrase, une seule liaison imagée.


Bertin a une âme, à chaque heure sa chanson, à chaque humeur aussi, tout ne s'écoute pas à n'importe quelle heure. Certains le diront déprimant, je le trouve juste.


Bref un homme à écouter "Qu'on découvre dans les yeux de l'homme défait, l'enfant des fées..."

Westvleteren

Difficile de parler des choses que j'aime sans parler de la Westvleteren.

Cette bière Trappiste de l'abbaye de St Sixtus est une de mes préférées, ce qui la rend encore plus particulière est son statut de meilleure bière du monde et sa rareté. Il faut en effet prendre rendez-vous avec l'abbaye et se déplacer jusque là pour en avoir. Il est évident que le stock part rapidement (les américains sont très friands de bières belges), les moines refusant d'augmenter la production de peur de perdre en qualité (on les en remercie).
La revente est interdite vous ne la trouverez donc que là (officiellement en tout cas car il est possible d'en trouver sur internet à des prix exhorbitants)


Il existe 3 versions: la blonde 6°, la brune 8° (amer) et la brune 12° (sucrée). La 12 est ma préférée et reste un délice à déguster tempérée (à température de cave donc fraiche et non chaude ou froide).
Vu la difficulté pour trouver cette bière il reste possible de s'approcher du Saint Graal en dégustant la St Bernardus 12, bière de l'abbaye d'à côté qui utilise la même eau qui comme certains le savent est l'élément le plus important de toute bière. Attention l'abbaye de Watou n'a plus l'autorisation d'utiliser la recette de la Westvleteren, les deux bières sont donc différentes malgré les similitudes.

Bonne dégustation!

Henry Lejeune











Artiste peintre de son état, j'ai l'honneur de vous présenter mon papa! :D Celui-ci a eu une vie bien chargée, autodidacte de profession il dessine depuis plusieurs dizaines d'années, grandement inspiré par Armand Simon dont il fut l'ami, il a commencé par le noir et blanc pour petit à petit dériver vers la couleur.
Bien qu'il aie touché aux sculptures en céramique et en terre, son activité principale reste le dessin à l'encre de chine. Des couleurs jetées sur le papier et ensuite un travail de longue haleine pour en dessiner les détails à l'encre.
Refusant l'étiquette de suréaliste il préfère l'étiquette toute simple de peintre abstrait et ce qui me réjouit toujours c'est que chacun voit ce qu'il veut dans ses dessins, chacun en a sa propre interprétation un peu comme pour un écrit, l'imagination joue.
Je suis fan même s'il est vrai que je baigne dedans depuis que je suis petit.
Bref vous pouvez toujours avoir un aperçu sur son site www.henrylejeune.com (malheureusement pas toujours mis à jour par manque de temps) même si lui préfère les contacts humains et le partage autour d'une bonne Chimay tout en rêvant de douce Provence.

Shadow Assassins - Une Intro

D'où vient le SA de mon surnom?
Shadow Assassins était un clan que j'avais créé avec un ami autrichien pour le jeu Rogue Spear (FPS tactique) en 1999. Sans être les meilleurs ont était un clan reconnu et j'en suis donc resté fier et nostalgique, j'ai donc décidé de garder mon pseudo de cette époque.
SA a donné naissance a des amitiés, des souvenirs, des concepts de jeux et des petites histoires qu'on créait pour le plaisir.
L'avantage au niveau du pseudo c'est que si vous croisez SA_Avenger, ça ne peut être que moi :).

Bon tout ça pour introduire un petit texte sans prétention sur le sujet, c'est une traduction du texte original en anglais.

Deux autres balles ricochèrent sur le mur du couloir à trente centimètres de la tête d’Avenger, assis derrière le coin il n'en pouvait plus, il tenait son épaule gauche blessée, serrant les dents et hésitant entre les pleurs et l'évanouissement. Un corps était allongé devant lui en équipement de combat, du sang coulant d'une blessure quelque part au ventre.
Il souffle et laisse tomber sa tête sur sa poitrine. Le corps devant lui est agité de soubresauts et l'homme se met à tousser. Avenger relève la tête doucement et regarde la scène, des gravats partout, de la poussière, du sang, une odeur de sueur et de plastique brûlé.
- uhh uuhhh, pa..part sans moi vieux lui dit l’homme en toussant.
Avenger sourit et murmure, "Si j’y vais, tu viens" Il arme son beretta avec une grimace alors que d’autres coups touchent le coin du couloir et envoie de la poussière en plus dans ses cheveux. Après avoir mis le flingue dans sa ceinture, il se relève péniblement s'aidant de sa main valide.
Il récupère son arme et se laisse presque tomber sur l'autre mur, son épaule valide et sa tête s'appuyant sur le mur alors qu'il avance doucement, son revolver pointé
approximativement devant lui. Un homme passe la tête pour viser de son arme, un fusil d’assaut militaire, de quoi envoyer quiconque "ad patre". "BANG BANG BANG"
Avenger a déjà fait feu, seul un coup a atteint le but mais l'adversaire s'écrase au sol, son arme faisant un boucan d'enfer en rebondissant par terre alors que l'écho des coups de feu s'éteints. "Ca c'est du tir au pistolet connard".
L'homme ne risque pas de le contredire, un trou au milieu de son front laisse couler un filet de sang ridicule et la surprise se laisse encore voir sur son visage. Avenger lui crache dessus mais tout ça n’a qu’un goût de poussière. La porte en face de lui s'ouvre et des coups de feu sont tirés à nouveau alors que tout devient noir.

De Corvus Corax

Corvus Corax a sorti son dernier album "Venus Vina Musica" l'année passée. Le titre principal est d'ailleur un petit joyau, source d'inspiration pour moi.

Pour ceux qui ne connaissent pas, Corvus Corax est un groupe allemand qui chante principalement en latin et en vieux français.
Certains y veront de la musique gothique, d'autre du metal (O_o), d'autres encore juste des percussions, pour moi ils sont vraiment l'essence de la musique médiévale, revisitée certes mais de façon épique grâce aux percussions et à la puissance qu'ils dégagent sur scène.
Costumes et instruments fabriqués par leur soin, du show comme on aime (Photo de gauche: concert à Mülheim an der Rhur le 02 aout 2003 )

Un petite vidéo de Kaltenberg (l'une des plus grosse manifestation médiévale européenne) mise en musique par Corvus Corax (le nom de la chanson est Hymnus Cantica):

Le Vengeur - Chapitre 1. Jon


Voici le premier chapitre d'une histoire que j'ai commencée il y'a peu.
Si le titre (Le Vengeur) est bien sûr inspiré par mon surnom, l'histoire n'a rien à voir avec moi :).
C'est censé être le premisse d'une épopée Dark Fantasy.
Ce chapitre est dédié au travail de Mr George R. R. Martin que j'admire. :)
Bonne lecture.



Jon


Jon courrait à perdre haleine, il n'avait aucune idée de
l'identité de ses poursuivants mais la peur le tenaillait. "Seule la flamme de l'aube revient de l'Au-delà" disait-on mais lui était bien décidé à s'en sortir. Il savait très bien que personne ne viendrait à son aide, ni maintenant ni jamais, pas ici en tout cas.
Pourquoi donc avait-il déserté? Ses poursuivants étaient-ils des hommes ou des bêtes?
Le pire c'était le bruit, le bruit de course dans les fourrés, le bruit de sabots de l'enfer ou de chiens enragés en train de flairer sa piste.
- Je pars cette nuit, tu es avec moi? avait demandé Jon à Casier alors qu'ils faisaient leur ronde au sud de la frontière.
- Tu... tu es sûr? avait bredouillé Casier.
Casier était un jeune soldat qui se demandait ce qu'il faisait si loin de chez lui, Jon aussi d'ailleurs. Casier était bête, ça oui, mais il utilisait ses deux bras avec tant de force qu'il écrasait de sa masse d'armes les têtes et les poitrines des malheureux qui se présentaient aux portes de la mort sans le savoir.

Les archers postés en embuscade dans les bois s'étaient fait charger directement par la cavalerie adverse. La plupart coururent en espérant sauver leur vie mais pas Jon. Oh non! Pas Jon. Il savait, lui, qu'un cheval court plus vite qu'un homme et en effet les fuyards s'étaient fait rattrapés et fauchés tels les moissons. Jon était resté près de son lieutenant, le petit groupe avait plus ou moins tenu jusqu'a la charge de l’infanterie. Pas les troupes d'élites d'Aelor bien sûr, juste la masse humaine et faiblement armée qui servaient à absorber les charges de l'ennemi. Croyant sa dernière heure venue, le sergent à ses pieds, une balafre rouge en travers de la joue, Jon avait fermé les yeux un instant puis il avait entendu hennir. Lorsqu'il avait rouvert les yeux, il put voir un géant roux défoncer la cage thoracique du cheval devant lui, et continuer son chemin après avoir écrasé le casque du cavalier et la tête que celui-ci contenait. Ni une ni deux, Jon l'avait suivit et de sa dague et de son arc il avait protégé ce mur vivant que rien n'arrêtait et derrière lequel il se sentait un peu plus en sécurité que partout ailleurs sur le champ de bataille.

Au chaos du combat, où s'arrêter pour distinguer les amis des ennemis était souvent synonyme d'une mort rapide, succéda alors une période d'accalmie une fois la cavalerie ennemie en fuite. Son géant protecteur se retourna alors, les yeux hébétés, et demanda à Jon d'un ton incertain
- C'est...C'est fini?
- Pour cette fois, oui.
Une grande fatigue s'empara de Jon et le géant ne semblait pas en mener beaucoup plus large. Au bruit des combats s'était substitué le bruit des mourants et
la puanteur, les corbeaux n'avaient même pas attendu que la mort frappe pour manger les yeux des malheureux. Après des mois de combats, les corbeaux étaient gros et gras et n'étaient plus vraiment effrayés par quiconque. Au début, on les abattait à vue mais il en venait toujours plus. Maintenant la compagnie était suivie d'une nuée de corbeau qui attendait impatiemment la prochaine bataille. Ils n'avaient généralement pas à attendre longtemps et certains appelaient en cachette le général Aelor: "le seigneur des corbacs".
Ce qui ne devait pas tout à fait être faux si l'on en jugeait sa mine sombre
et son nez crochu. Dans ses rêves Jon voyait parfois le général enlever sa
cape et prendre son envol de ses plumes noires, tellement noires. Il fondait
alors sur Jon et lui mangeait les yeux.

Jon n'ayant plus d'unité il se contenta de suivre Casier, celui-ci se révéla être un bavard devant l'éternel. N'arrêtant pas de papoter sur tout et rien mais cela ne gênait pas Jon qui n'y faisait plus vraiment attention et se contentait de hocher la tête à cette musique de fond monotone. Mais une fois au combat c'était fini, le géant invincible était de retour et il écrasait tout sur son passage Jon sur les talons. Ils avaient survécu ensemble combien de batailles ainsi? dix? trente? Jon ne se le rappelait plus, tout ce qu'il savait c'est qu'ils étaient de moins en moins nombreux, s'il avait pu compter les corbeaux qui les suivaient il en aurait probablement dénombré plus que de soldats.
Pourtant le "seigneur des corbacs" ne s'arrêtait pas, jamais, il sortait de moins en moins de sa tente et lors de l'avancée vers le nord il restait en silence sur son hongre noir encapuchonné dans sa cape. La garde d'Aelor n'avait plus l'air d'une garde d'honneur mais de soldats de l'enfer, dépenaillés, bardés de morceaux d'armures pris autant aux vivants qu'aux morts et des lames pleines de sang séchés dégainées en permanence en cas d'attaque surprise ou de rébellion.

Une mutinerie n'était en effet plus à craindre, on ne se posait plus la question de savoir si elle allait arriver. Ce n’était plus qu’une question de jour ou d’heures
pour ce que Jon en savait. On approchait de la frontière nord du monde connu, le froid se faisait de plus en plus insistant et l'Au-delà n'était plus très loin. Les hommes le savaient et étaient de plus en plus nerveux.
Personne n'osait encore rien dire, le dernier qui avait osé demander sa paye au général ornait encore de sa tête l'étendard de celui-ci, alors demander la raison de leur présence ici? Il ne valait mieux pas. Personne ne savait ce qui les faisait aller encore de l'avant vers des régions plus sombre, plus dangereuses et sans espoir de butin. Personne sauf le général Aelor bien sûr. Beaucoup promirent de partir, de déserter mais les éclaireurs d'Aelor les ramenaient toujours, encordés et les pieds en sang d'avoir dû courir derrière les chevaux. Oh! ils ne se plaignaient pas longtemps des douleurs aux pieds après qu'on leur eu couper la tête devant les troupes rassemblées. C'était d'ailleurs les meilleurs amis des fuyards qui devaient exécuter la sombre tâche. Jon avait alors eu l'idée du siècle, plutôt que de déserter vers le sud, vers le pays, il voulait partir vers le nord, là où on ne le chercherait pas, longer la frontière quelques jours et puis bifurquer vers le sud pour retrouver sa ville natale, Pylos. Enfin c'était avant, avant de mettre son plan à exécution et de partir avec Casier, Rolof et Brital. Jon les avait choisis avec soin pour avancer avec célérité et survivre dans les plaines. Ils avaient tous hésité, l'Au-delà faisait peur mais Jon leur ayant promis de ne jamais traverser la
frontière, ils avaient finalement cédé.

Ils étaient partis la nuit même pour que personne ne change d'avis. Ils ne s'étaient pas arrêtés avant la deuxième nuit où ils s'étaient effondrés dans des buissons épineux. Le deuxième jour, les avait vu atteindre la frontière qu'ils avaient longées
vers l'est, la peur leur nouait le ventre mais pour finir cette frontière n'était qu'une large pleine sèche et froide où le vent s'engouffrait avec une puissance telle qu'on avait l'impression de pousser une charrette devant soi. Seule la forêt au loin, sombre et impénétrable, marquait l'entrée de l'Au-delà comme la bouche d'un monstre titanesque. Au soir, le moral était meilleur, oh ce n'était pas la joie mais les éclaireurs ne les avaient pas rattrapés et on osait espérer s'en sortir.

Les problèmes avaient commencés le lendemain.
Rolof s'était tordu la cheville dans un nid de poule, Brital voulait l'abandonner et à vrai dire Jon aussi mais Casier ne voulait pas partir en laissant un compagnon derrière. Brital s'était emporté brièvement mais face à Casier il ne pouvait pas faire grand chose. Après lui avoir fabriqué une attelle avec deux couteaux et de la ficelle, le géant transporta donc le blessé sur ses épaules mais leur vitesse s'en était vue fort réduite. Pour une fois Casier se taisait. Brital, lui par contre, pestait sans cesse et regardait Rolof d'un oeil mauvais. Son attitude inquiétait Jon et il garda un oeil ouvert pendant la nuit, enfin il essaya car la marche de la journée l'avait épuisé et il s'endormit avant l'aube. Au matin, Brital était partis emportant la majorité de leurs provisions, ils le voyaient au loin mais leurs appels étaient restés vains. Trop loin pour être abattu par une flèche, surtout avec ce maudit vent et encore plus loin à chaque minute, Casier continuant à porter Rolof.

Rolof,lui, ne disait plus rien et quelques heures après le lever, la fièvre le gagna.
En milieu de journée, il vomissait sur l'épaule de Casier et délirait complètement,
obligeant les fuyards à s'arrêter. Contre l'avis de son compagnon valide, Casier voulut faire un feu mais il n'y avait pas d'autre combustible que l'herbe humide.
Dans un accès de colère, Jon désigna la forêt lointaine avec un sourire
mauvais.
- Va donc chercher du bois si tu tiens tant à réchauffer ton protégé!

La nuit arriva soudainement comme d'habitude dans cette région désolée mais le vent ne cessa pas, il soufflait encore et encore comme s'il criait sa haine de toute
forme de vie. Jon et Casier se pelotèrent contre Rolof pour le réchauffer et
essayèrent de dormir. Le vent et les délires du malade n'aidaient pas mais ce
qui les glaça encore plus furent les cris poussés dans le lointain.
A demi masqué par le souffle du vent leur parvenait des cris inhumains ou plutôt trop
humains "...itié!...noooon... ... pitié!....aaaaaaah...".
Les cris continuèrent assez longtemps pour que Jon comprenne qu'il ne rêvait pas mais que faire alors qu'il faisait nuit noire? Jon n'osait pas ordonner de se mettre en marche, aucune lune ne pourrait les guider, et s'ils réussissaient à ne pas passer la frontière ils pourraient tomber sur leur poursuivants où sur ceux qui provoquaient ces cris. Avec Rolof qui gémissait mieux valait ne pas tenter le diable, et rester à l’abri, et tendre l'oreille, surtout, tendre l'oreille.

C'est au petit matin que des bruits de chevaux se firent entendre, portés par le vent eux aussi. Avec le soleil blafard qui se levait ils purent voir une trentaine de cavaliers noirs foncer dans leur direction.
Ils avaient adoptés une formation en ligne droite afin de ratisser un maximum de terrain et Jon fut certain que les cris entendus la nuit passée étaient ceux de Brital. Il prit Casier par le bras et lui dit de courir vers le seul couvert qu'ils pouvaient atteindre, la forêt de l'Au-delà. Celui-ci hésita mais lorsque Jon fit mine de partir sans lui, il le suivit, Rolof sur l'épaule, le visage fermé par l'effort. Ils marchèrent ainsi une heure avant d'être repérés, le soleil blafard ayant joué en leur faveur, la forêt était à portée lorsque les cavaliers se lancèrent au galop. A portée mais encore bien trop loin pour Jon et
surtout pour Casier qui n'avançait plus.
- Laisse-le, on ne peut plus rien pour lui.
- N..Non.
- Tu sais que j'ai raison, on n'atteindra jamais le couvert à cette allure.
- T..tu n'fais que...que m'rép...péter qu'l'faut l'a..abandonner.
- Cette fois-ci on a plus le choix, même toi tu ne peux arrêter
tout ces cavaliers. La forêt est notre seul refuge Cas.

Casier s'arrêta comme s'il venait de réaliser qu'ils allaient entrer dans la forêt.
- N...Noon. Pa...pas la fo...forêt.
- On n'a pas le choix, laisse le ici et vient.





Jon se mit à courir mais se retourna quand il vit que Casier ne le
suivait pas. Il continua de courir à reculons en lui criant de le rejoindre.
Casier resta bêtement debout à regarder la forêt puis leurs poursuivants qui approchaient. Jon se détourna et continua sa course. Jon avait atteint la lisière quant il entendit crier son nom.
- Joooon, a...attends!
Casier avait enfin laissé tomber Rolof et courrait à grandes enjambées vers la forêt.
Jon vit clairement qu'il n'arriverait pas à temps, en temps normal il n'aurait eu aucun problème mais les privations et la fatigue accumulée à porter Rolof avaient eu
raison de la force du géant au moment le plus critique. Jon avait toujours mis un point d'honneur à assurer sa survie d'abord mais là Casier faisait autant partie de sa survie que ses propres jambes et il décida d'accorder quelques secondes précieuses à son ami.
Il banda son arc et décocha flèche sur flèche jusqu'à avoir les doigts en sang. Les flèches sifflaient aux oreilles de Casier qui n'arrêtait pas de courir. Quatre cavaliers étaient tombés, ce qu'avec ce vent et à cette distance Jon n'aurait jamais cru possible.

Les deux compagnons avaient réussi à échapper aux cavaliers, s'enfonçant profondément dans les fourrés denses, trébuchant sur les racines, se coupant aux fougères, les épines de ronciers séculaires leur déchirant les chairs malgré leur tunique. Mais ils avaient survécu, les cavaliers s'étaient arrêtés et étaient retourner s'occuper de Rolof.
La course, elle, ne s'était pas arrêtée là, à peine la nuit tombée que des bruits de courses s'étaient fait entendre. Et ils avaient de nouveau couru, ils ne sentaient plus leurs jambes, à leur place se tenaient deux tisons brûlant qui les faisaient souffrir à chaque pas. Au matin, ils avaient fait une halte car la poursuite s'était arrêtée, mais le soir... Alors qu'ils reprenaient leur souffle appuyé contre un arbre.
Casier s'était fait happé vers le haut comme une vulgaire brindille. Jon n'avait pas eu le temps de voir quoi que ce soit que son ami retombait durement sur le sol comme lacéré par une bête de l'enfer. Le ventre était ouvert et il ne pouvait plus rien faire pour son ami.
- Co...coo...cours. furent les derniers mots du géant.
Et c'est ce qu'il fit.

Une racine fit trébucher Jon, le sortant de sa rêverie. Hébété, le souffle court il prêta l'oreille un instant, affalé qu'il était entre deux vieilles racines fripées. Rien! Plus un bruit. Cela devait être le matin, depuis trois jours qu'il courrait Jon avait pris l'habitude à ce que la poursuite cesse au matin, mais plus il s'enfonçait dans la forêt et plus elle reprenait tôt. Il ne savait même plus où était la lisière, occupé qu'il était à courir pour sauver sa peau. Tout son corps le brûlait et lorsqu'il s'effondrait il avait encore l'impression de courir. Il ne tiendrait plus longtemps, il le savait. Il s'endormit presque aussitôt, épuisé mais le repos lui sembla de courte durée, car quelques instant plus tard, probablement quelques heures en fait, il se réveilla. Il se releva sur ses membres douloureux, ses vêtements en lambeaux et la faim lui tenaillant le ventre, que diable n'avait-il pas emporté plus de nourriture.

Comment réussir à chasser avec le diable aux trousses? Titubant il se mit en quête de baies ou de racines qui pourrait lui permettre de tenir encore un peu. Il lui faudrait aussi monter à un arbre pour s'orienter, il lui fallait à tout prix sortir de cet enfer cette nuit, demain il ne pourrait plus courir. Et tant pis pour les cavaliers noirs, tout valait mieux que de continuer ainsi sans savoir ce qui le poursuivait.
Seule l'image de Casier le ventre ouvert lui permettait encore d'aller de l'avant. A partir de quand, tout ceci s'était transformé en cauchemar? Il se fraya un chemin à travers les sous-bois, sursautant au moindre son, écartant des branchages secs entourés de feuilles mortes en décomposition qui formaient un amas gluant verdâtre remplis de bêtes de toutes sortes. Ses bras couverts de croûtes, de saletés et de sang.
Il écarta un branchage qui lui donna alors la vision la plus agréable de ses derniers jours: une clairière s'ouvrait devant lui, un îlot de soleil et de verdure dans cette forêt de cauchemar. Des buissons de baies en faisaient le tour et l'arbre le plus étrange qu'il aie jamais vu se tenait en son centre. Ovale, presque rond, buvant le soleil on l'aurait dit prêt à éclater. Ses feuilles partaient en bouquet du centre du tronc tel un jet d'eau figé dans les airs. Jon respira enfin, ses yeux se mouillèrent de soulagement devant ce havre de paix, il tendit la main vers les baies et en porta à sa bouche encore et encore. Un choc arrêta ses mains rouges du jus des baies. Il hoqueta alors que quelque chose le transperçait de part en part. Le monde sembla tourner autour de lui, le sang qui lui montait à la bouche se mêlait au jus des baies. Il hoqueta une dernière fois avant de fermer les yeux.
A son dernier ppel vers sa mère se mêlèrent les murmures alentour "Vengeur, Vengeur, Vengeur"...






©2006-2007 SA_Avenger

Flock Flock Flock, Qui est là?


Pour le moment j'ai des discussions très intéressantes avec Flock, le dessinateur officiel de l'actualité sur clubic et jeuxvideo.fr.
Outre son style caricatural mordant, il fait aussi des dessins d'inspiration fantasy/féériques qui sont vraiment de très bonne qualité.
J'apprécie particulièrement ses dessins au café, non pas sur le coin d'une table devant une bonne bière (quoi que) mais il trempe son pinceau dans le breuvage pour donner un fond sépia du plus bel effet. Original et de bon ton avec son trait de crayon détaillé.
Sa petite BD est elle aussi sympathique, plein de petits détails loufoques et avec une première page pleine d'atmosphère :).

Vous trouverez le blog officiel de ce passionné ici: http://www.dessincretin.com/