A few thoughts, a few sayings

-"Je suis celui qui te connais quand tu fuis jusqu'au bout du monde" Jacques Bertin (Je suis celui qui court)

- "Je ne suis pour toi qu'un renard semblable à cent mille renards. Mais, si tu m'apprivoises, nous aurons besoin l'un de l'autre. Tu seras pour moi unique au monde. Je serai pour toi unique au monde..." Saint-Exupéry (Petit Prince)

- "Et le plus beau, tu m'as trahi. Mais tu ne m'en as pas voulu" Reggiani (Le Vieux Couple)

- "We all got holes to fill And them holes are all that's real" Townes Van Zandt (To Live is To Fly)

- "Et de vivre, il s'en fout, sa vie de lui s'éloigne... Tu marches dans la rue, tu t'en fous, tu te moques, de toi, de tout, de rien, de ta vie qui s'en va." Jacques Bertin (Je parle pour celui qui a manqué le train)

- "I thought that you'd want what I want. Sorry my dear." Stephen Sondheim (Send in the clowns)

- "Pauvre, je suis de ma jeunesse, De pauvre et de petite extrace. Mon père jamais n'eu grand richesse, Ni son aïeul nommé Orace. Pauvreté nous suit à la trace, sur les tombeaux de mes ancêtres, Les âmes desquels Dieu embrasse! On n'y voit ni couronnes ni sceptres." François Villon (Pauvre, je suis)

- "Vous êtes prêts à tout obéir, tuer, croire. Des comme vous le siècle en a plein ses tiroirs. On vous solde à la pelle et c'est fort bien vendu" Aragon (Ce qu'il m'aura fallu de temps pour tout comprendre)

- "And honey I miss you and I'm being good and I'd love to be with you if only I could" Bobby Russell (Honey)

- "And I need a good woman, to make me feel like a good man should. I'm not saying I am a good man Oh but I would be if I could" Fleetwood Mac (Man of the World)

- "Je ne comprends pas ces gens qui peuvent s'installer n'importe où quand je cherche inlassablement avec la tête fermée que tu connais l'endroit où je retrouverai mon enfance" Jacques Bertin (Colline)

dimanche, octobre 14, 2007

Le Vengeur - Chapitre 31. Arnulf "Lapin-Tordu" - Les Dieux se lèvent

Et op co un. Un chapitre somme toute assez calme, pas de climax, je préfère "laisser fumer la cendre des paroles" comme dit Bertin. Je verrai bien à la relecture.
Pas d'excitation incontrôlable ou de dépression en vue, plutôt un sentiment serein au vue du travail titanesque qui m'attends encore.

Musique d'inspiration: B.O. de Blade Runner par Vangelis

Chapitre XXXI. Arnulf « Lapin-Tordu » - Les Dieux se lèvent

Tant de morts. Ils avaient perdu le fils d’Adalrik cette fois. Les Taureaux jouaient tous une musique morne qui assombrissait leur humeur. « Comme le ciel ». Il repensa à tous les morts. Auroch-Rapide était mort dans le premier combat contre les sudistes, il avait été tellement accablé par son erreur, qu’il ne lui avait même pas rendu des hommages dignes de ce nom.
Pourtant il était encore en vie, Alwin aussi mais ce n’était pas fini. Aelor avait perdu une bataille, pas encore la guerre.
Ils étaient arrivés sur des anciens lieux de batailles et le sol était jonché d’ossements et d’une fange verdâtre et odorante. Les pieds collaient légèrement à cette pâte d’herbe et de putréfaction. La terre était malade et il adressa une prière muette à Verion.
- Terre-qui-gronde. Il le disait autant pour lui-même autant que pour ses compagnons.
Alwin pleurait maintenant le soir quand ils allaient dormir. Il n’aimait pas ça. Pas à cause des pleurs mais parce qu’il ne pouvait rien faire d’autre qu’attendre que ça passe. Les nerfs de la femme étaient mis à rude épreuve, tant de morts. De plus, elle savait que la fin de la quête allait signifier leur séparation. Il ne savait trop comment tout ceci allait se passer. Sa femme, il le savait, ne poserait pas de questions mais lui pourrait-il vivre avec le poids du secret ?

La forêt était immense et pourtant de grandes traces de brûlures la couvrait et des milliers d’arbres avaient été abattus. Des formes sombres s’agitaient en lisière.
Ils se déployèrent au fur et à mesure qu’ils approchaient. Arnulf donna ses dernières directives. « Personne ne rentre dans la forêt ! »
Aelor les attendait, seul. Le vieillard barbu était juché sur son cheval, la tête courbée et le dos couvert d’un manteau de plumes. Ses yeux étaient enfoncés dans ses orbites et son visage semblait s’être fondu dans un casque étrange fait dans un crâne de corbeau géant avec des orbites sombres et insondables. Il semblait endormi.
Il releva doucement la tête et ses longues moustaches frémirent.
- La forêt me refuse. Elle ne veut pas de moi. Je suis si fatigué.
Arnulf était étonné du ton plaintif du vieillard, il s’était attendu à devoir combattre avec acharnement.
- Chaque matin, ils reviennent et tuent mes chéris. Il n’y a plus un seul oiseau dans le ciel. Ils m’ont tous abandonnés.
- Les dieux ne veulent pas de vous et de vos plans.
- Vos dieux sont mauvais, ils regardent les hommes mourir et s’en réjouissent.
- Les dieux sont des dieux, ils n’ont pas à être bon ou mauvais.
- Vous êtes un homme sage pour un Lion. Mais comprenez vous les bienfaits d’une terre sans dieux ? Où l’homme serait libre.
- Cessez votre petit discours. Vous ne cherchez pas à supprimer les dieux mais à prendre leur place.

Les shamans étaient arrivés en premier ligne.
- Le sanctuaire doit resté intact, sinon vous tuerez toute magie sur cette terre.
- Et la vie est magie !
- Et la mort est magie !
- Et l’âme est magie !

Reprirent les autres shamans en chœur.
- Des shamans, des prêtres, la première ligne pour garder les moutons dans l’enclot. J’aurais pu devenir immortel, régner sur ces terres et donner toute la magie que les pauvres gens désirent. Vous aussi le pouvez ?
Il éleva la voix.
- Quiconque désire être un dieu, entrez dans la forêt et trouvez le sanctuaire ! Allez y, je ne vous en empêcherai pas.
- Que personne ne bouge, ordonna Arnulf en réponse.
Le vieillard leva sur lui des yeux fous.
- Crédule ! Tous autant que vous êtes.
Il se tourna vers Guylhom
- et toi le premier ! Tu écoutes une ombre ancestrale et tu as donné ta vie pour quoi ? Pour ne jamais avoir d’enfant pour errer sans fin sur terre, seul ? Entre dans cette forêt et tu auras ce que tu veux, même elle ! Elle te désire déjà tant.
Orlamund rougit un peu mais gardait un visage sévère.
- Rentrez chez vous Aelor, tout Pylos croit en vous, vous pourriez encore avoir une carrière de conseiller, libérez ces hommes de vos sortilèges.
- Ah ! Pylos. Comme si je me foutais d’une carrière politique. Vous ne comprendrez jamais rien au pouvoir ma petite. Enfin, il est trop tard. Ils arrivent et ça m’étonnerait qu’ils fassent une distinction. Ils sont étrangement en colère contre tout être humain. Tiens n’est-ce pas à Pylos qu’on a abattu les premiers Saints Sacrés ?
Les regards se tournèrent vers Orlamund mais elle haussa les épaules.
- Qu’en sais-je. Je n’en ai point vu en effet.
- Mon père a fait abattre le sien, il y’a peu.
Intervint Guylhom
Aelor partit d’un gros rire.
- Et vous me blâmez moi pour ce que je fais à vos dieux. Ceux-ci étaient déjà en colère avant que j’arrive. « Vengeur » qu’ils crient. Mais si vous les laissez faire ils réduiront votre monde en poussière.
Les shamans Burgans étaient scandalisés.
- Vous avez abattu les sanctuaires divins ?
- Pas nous, les croyances s’étiolent, certains dirigeants ne voient pas l’utilité de garder des arbres en pleine ville.
- Des arbres ? Malheur sur vous ! Ce sont des Dieux que vous avez tués !

Aelor riait en s’éloignant.
- Eh ! Revenez ! lui criait Orlamund.
Les shamans et chefs Burgans s’étaient retournés contre Guylhom comme s’il était responsable de l’abattage de quelques arbres.
Un brouhaha se leva et Arnulf tentait de calmer les shamans lorsque la terre se mit à trembler
- C’est fini. Murmura Alwyn d’une petite voix.
Il se retourna et une vision terrifiante l’assaillit. Deux arbres énormes approchaient, ils écrasaient tout sur leur passage. Des lianes se balançaient et plongeait sur les hommes corbeaux, en attrapant au vol, les étripant. Ceux-ci tentaient de submerger, les colosses sans succès.
L’un tenait une énorme épée d’os et l’autre un grand marteau avec lequel il écrasait plusieurs volatiles à la fois.
Aelor avançait vers eux, serein et sans s’arrêter de rire.
Les sudistes commencèrent à paniquer, des hommes jetèrent leurs armes et fuirent. Même les burgans n’en menaient pas large et Arnulf sentit la peur lui tenailler les tripes.
Wilema s’approcha.
- Nous allons rentrer chez nous. Nous ne pouvons rien contre les dieux en colère.
- Et Aelor ?
- Il est déjà mort et il le sait. Toi par contre tu dois te souvenir de ce que les dieux ont dit. Va ! Va embrasser Terre qui gronde.
- N’y vas pas, je t’en supplie.

Alwin l’implorait les larmes aux yeux.
- Je dois y aller ma belle. Sache que tu m’a offert autant de bonheur qu’un guerrier puisse rêver. Je…dis à Léa que je viendrai la voir. Si ce n’est pas en chair et en os ce sera en rêve et que je la ferai danser au bal pour ses vingt ans.
Elle se détourna de lui, incapable de le regarder s’en aller.
Arnulf sentait ses jambes flageoler à mesure que les énormes créatures sylvestres approchaient. Il réalisa que ce n’était pas vraiment des arbres, juste des êtres gigantesques couverts d’écorces, de lierre et de lianes vivantes.
Des éclairs commencèrent à tomber du ciel sombre, frappant les oiseaux qui se trouvaient hors de portée. Orlamund était agrippée au bras du chevalier scintillant.
Il s’approcha d’eux.
- Je vais aller à leur rencontre comme me l’ont demandé les dieux. Je ne sais pas si vous devez venir mais ça me ferait plaisir.
Guylhom sourit.
- Vous savez qui est celui de gauche avec sa grande épée blanche ?
- Non. L’autre pourrait être Furn, le dieu de la colère et du tonnerre.
- Saint Royan, rien que ça. Je ne pense pas qu’il me fera du mal n’est-ce pas.

Il semblait parler à quelqu’un d’autre.
Les hommes du sud étaient décidemment bien étranges mais il aimait bien celui-ci il était agréable et avait du courage.
- La Vierge ?
- A mon avis elle préfèrerait « princesse ».
dit Guylhom en souriant.
- Prin-cess ?
Elle tourna la tête vers lui et fit signe qu’elle suivait.
Ils allèrent à la rencontre des Dieux. Ceux-ci avaient presque fini de combattre le restant de l’armée d’Aelor et toisait le vieillard de haut. Il mourut dignement sans un cri. Le géant que Guylhom avait appelé Saint Royan l’attrapa et l’avala, comme ça tout simplement. Arnulf trouva étrange que l’homme qui avait causé tant de tumultes sur terre puisse disparaître aussi facilement.

Les géants les regardèrent, prêt à frapper et puis abaissèrent leurs armes.
- Fils ! dit Saint-Royan
Il se baissa doucement et passa la main devant Guylhom. Celui-ci tomba à genoux et porta ses mains à son visage en criant. Du sang coulait entre ses doigts. Orlamund effrayée s’agenouilla près de lui en criant « Laissez le ! Laissez le ! » mais lorsqu’il retira ses mains son visage était redevenu comme avant.
Saint-Royan sourit.
- Elle vous attend. Dit-il. Sa voix trop forte couvrait les hurlements du vent.
Furn lui s’était désintéressé d’eux. Il continuait de faire pleuvoir des éclairs et son visage était rouge de colère malgré le teint verdâtre de ses cheveux.
Arnulf pénétra dans les bois avec ses compagnons. Les arbres en lisière étaient marqués de coups de haches et d’épée mais plus ils s’enfonçaient dans les bois plus la forêt se faisait dense.
Des lianes descendaient parfois vers eux, leur tournaient autour comme renifle un chien et puis se rétractaient.
Il écarta un buisson de baie et contempla un instant la clairière. Un arbre autrefois magnifique siégeait au milieu. Ses branches pendaient mollement mais il gardait une certaine majesté.
A ses pieds, trois cercles de terre les attendaient, chacun avait une racine qui en faisait le tour.
Il ressentit une chaleur lui parcourir l’échine et souffla légèrement, laissant la tension le quitter.
Il fit signe aux autres de le suivre et ils s’allongèrent dans les tombes creusées pour eux.
Arnulf ferma les yeux et pensa à ses enfants et à ses femmes.
« Maison » murmura une voix avant que les racines ne se contractent et ne referment la terre sur eux.

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