A few thoughts, a few sayings

-"Je suis celui qui te connais quand tu fuis jusqu'au bout du monde" Jacques Bertin (Je suis celui qui court)

- "Je ne suis pour toi qu'un renard semblable à cent mille renards. Mais, si tu m'apprivoises, nous aurons besoin l'un de l'autre. Tu seras pour moi unique au monde. Je serai pour toi unique au monde..." Saint-Exupéry (Petit Prince)

- "Et le plus beau, tu m'as trahi. Mais tu ne m'en as pas voulu" Reggiani (Le Vieux Couple)

- "We all got holes to fill And them holes are all that's real" Townes Van Zandt (To Live is To Fly)

- "Et de vivre, il s'en fout, sa vie de lui s'éloigne... Tu marches dans la rue, tu t'en fous, tu te moques, de toi, de tout, de rien, de ta vie qui s'en va." Jacques Bertin (Je parle pour celui qui a manqué le train)

- "I thought that you'd want what I want. Sorry my dear." Stephen Sondheim (Send in the clowns)

- "Pauvre, je suis de ma jeunesse, De pauvre et de petite extrace. Mon père jamais n'eu grand richesse, Ni son aïeul nommé Orace. Pauvreté nous suit à la trace, sur les tombeaux de mes ancêtres, Les âmes desquels Dieu embrasse! On n'y voit ni couronnes ni sceptres." François Villon (Pauvre, je suis)

- "Vous êtes prêts à tout obéir, tuer, croire. Des comme vous le siècle en a plein ses tiroirs. On vous solde à la pelle et c'est fort bien vendu" Aragon (Ce qu'il m'aura fallu de temps pour tout comprendre)

- "And honey I miss you and I'm being good and I'd love to be with you if only I could" Bobby Russell (Honey)

- "And I need a good woman, to make me feel like a good man should. I'm not saying I am a good man Oh but I would be if I could" Fleetwood Mac (Man of the World)

- "Je ne comprends pas ces gens qui peuvent s'installer n'importe où quand je cherche inlassablement avec la tête fermée que tu connais l'endroit où je retrouverai mon enfance" Jacques Bertin (Colline)

mardi, août 28, 2007

Le Vengeur - Chapitre 11. Arnulf - Les Taureaux

Je viens de réaliser que je n'avais pas posté le chapitre 11 ici. Pourtant ça fait quelque temps qu'il a été écrit. Donc voici en retard...le chapitre 11 :). *TADA!*
Encore désolé.

Musique d'inspiration: Cultus Ferox - Binder Sänger

Chapitre XI. Arnulf « Lapin-Tordu »


Arnulf était accroupi, sa main tâtait le sol du bout des doigts : une bonne terre. La tribu des Lions n’avait jamais pris la peine de cultiver ni même de dépasser le stade de l’élevage de chèvre. La forêt et la chasse subvenaient à leurs besoins.
Il en était tout autrement pour la tribu des Taureaux. Le sol était cultivé par toute la communauté et les élevages de bovidés pullulaient. Il renifla dédaigneusement. Il n’était d’ailleurs pas le seul à le faire depuis leur arrivée ici. Les Lions étaient trop fiers pour s’abaisser à passer leurs journées pliés en deux afin de retirer des mauvaises herbes. Il pouffa, comment pouvait-on même considérer des herbes « mauvaises ». Les dieux avaient tout créé, rien ne pouvait être mauvais. La loi du plus fort voilà la seule qui comptait en ce bas monde.
Arnulf se releva, son armure cliquetant un peu, il en resserra les lanières de cuir. Il fit jouer les muscles de ses jambes, mécontents d’avoir été trop longtemps accroupis.
Les Taureaux étaient peut-être trop présomptueux envers les Dieux mais ils étaient encore forts et têtus.
Il avait décidé de s’occuper d’eux en premier. Il espérait que Wilema avait été efficace pour convaincre leur chef. Les hommes de la tribu des Taureaux portaient bien leur nom, les cheveux ras, un cou énorme et un front buté. Leurs bras, terminés par des mains qui pouvaient arracher la tête d’un homme, effrayaient même les ours. Enfin ça c’était ce qu’on racontait au coin du feu. Son père avait toujours vanté le mérite de ces hommes au combat.
Mais au fond de lui, et tant qu’il ne devrait pas les affronter, il n’en avait cure. Il avait bien plus besoin de leur réputation que de leurs guerriers. Si les taureaux le suivaient, les autres tribus rejoindraient sa quête. L’important maintenant était de ne pas les offenser.
La lueur du soleil levant apparut à l’horizon. Un petit vent doux balayait les hautes herbes de la savane. Il inspira profondément et donna le signal d’un geste de la main.
Ses guerriers se relevèrent en demi-cercle autour de lui.
La configuration choisie était celle hautement symbolique du Lion. Les hommes étaient disposés selon un dessin qui formait une gueule ouverte prête à happer le petit village en face de lui. Enfin ça c’est que les oiseaux devaient voir, d’en bas on aurait pu croire à un amas d’hommes désordonnés. Il n’en était rien. Arnulf était disposé au milieu. Lui et quatre autres guerriers étaient la langue du Lion. Un endroit dangereux si l’ennemi tentait de percer l’encerclement en son centre mais rares étaient ceux assez stupides pour tenter cela.
Les Taureaux n’étaient cependant pas vraiment connus pour leur sagesse. Au combat tout était possible.
La formation du Lion était efficace pour faire peur à un ennemi en sous nombre, celui-ci n’étant pas encore encerclé tentait de s’échapper avant que les « crocs » ne se referment. C’est là que la « griffe » frappait ! Une bonne dizaine d’hommes attendaient dans ce but de l’autre côté du village. Cachés au milieu des champs, javelots en main, ils étaient là aujourd’hui au cas où les choses tournaient mal.

Arnulf leva sa hache, haut dans le ciel. Les hommes frappèrent tous en rythme de leur arme sur leur bouclier, deux fois « Clac Clac ». Le bruit de tonnerre fit s’envoler les oiseaux cachés dans les herbes. Les hommes derrière Arnulf firent jouer du biniou, cinq notes stridentes. Les guerriers reprirent le rythme « Clac, Clac ».
Le village devait être réveillé maintenant ou alors les habitants étaient déjà morts. Arnulf baissa sa hache et tous s’arrêtèrent.
Et il chanta accompagné d’une seule flute au son plaintif.
Il entonna le chant dans la langue des anciens afin d’ajouter encore plus d’importance à ses dires :
« Wer die alle säht, wer die zu ehre ten erfassen
Grusse herm und kleine spasse haben, immer trözand
Stir mit jongen magd einkommen
Aus Deiden fur wis bluden moritat».


Les autres guerriers reprirent alors la suite en chœur. Les binious appuyant encore plus l’appel. Une centaine de voix d’hommes chantant dans le petit matin. Arnulf en frissonna mais continua le couplet :
« Grusse herm und kleine spasse haben
Witten kieloben tribe das zee an land
Ist auch nocht Burgans kast bekomen
Aus Deiden fur wis bluden moritat».


Le chant se termina et mourut sur la plaine.
Il venait d’inviter les Taureaux à se joindre à leur quête divine. La traduction aurait pu donner ceci:
« Tout ceux qui sont ici, ceux qui la gloire veulent saisir
Larges casques ou petites lames, fiers toujours
Jeunes taureaux répondez à l’appel
Les Dieux réclament des morts sanglantes

Larges casques ou petites lames
Allons combattre par delà les mers et les terres
Les Burgans partent en quête ce soir
Les Dieux réclament des morts sanglantes
»

Il attendit, anxieux. Allait-il être ignoré là toute la journée pour avoir osé réveiller la tribu de ses beuglements ? Les Taureaux allaient-ils croire à un affront de la tribu des Lions et foncer tête baissée et armes hautes ?
Les mains d’Arnulf était moites, sa gorge picotait d’avoir chanté si fort par un matin si frais.
Il avait besoin de cette tribu, de leurs guerriers, de leur prestige ainsi que de leurs montures. Il n’allait pas pouvoir faire tout le chemin vers le sud à pieds. Tous les guerriers grognaient déjà d’avoir marché sans arrêt les deux derniers jours. Sûr de lui, il avait aussi compté sur l’aide des Taureaux pour le ravitaillement, un échec maintenant serait catastrophique pour le moral.
Alors il les entendit. Doucement, des voix montèrent du village reprenant son chant.
Arnulf soupira de soulagement. Tous ensembles, ils chantèrent ainsi dans le matin. Il sentit des larmes lui dégouliner le long du visage et de sa barbe naissante. Des hommes allaient bientôt mourir. Tous les savaient, les femmes chantaient quand même sans ciller alors que leur maris allaient partir. Ce qu’il était fier d’être Burgans.

Lorsque les voix commencèrent à s’érailler et les musiciens à s’essouffler, les membres de la tribu des Taureaux sortirent du village. Les femmes portant des paniers de fruits et les hommes des peintures de guerre. Ils s’étaient préparés tout en chantant, Arnulf espérait que les autres tribus seraient aussi faciles à convaincre.
Pourtant les formalités n’étaient pas finies. Il allait maintenant y’a avoir un banquet ainsi que des négociations entre chefs.
Celles-ci ne se passèrent pas vraiment comme il l’avait espéré. L’autre chef, Adalrik, faisait le difficile et refusait d’accorder plus de trente bêtes à l’expédition. Trente pauvres bisons ! Arnulf se demandait vraiment ce qu’il allait pouvoir faire avec ça, c’était à peine suffisant pour emmener le matériel et la nourriture. Il allait devoir compter sur d’autres tribus pour lui fournir des montures. Adarlrik resta intraitable et l’alcool le rendait irritable. Arnulf pris congé et s’éloigna un peu du village et de la fête qui battait son plein.
Il s’assit dans les hautes herbes et contempla la lune. La mélancolie le gagna. La quête allait probablement être difficile et il n’avait aucune idée de la logistique à déployer pour faire vivre une armée en campagne. Son père lui manquait, il avait toujours été de bons conseils. Lapin-tordu pourrait-il jamais être à la hauteur de Lion-Brisant ? Il en doutait.

Un bruit d’herbe écrasée le fit sursauter. Il porta la main au couteau passé à sa ceinture. Son regard se fit d’acier et son corps se figea, prêt à sauter sur la moindre bête ou le moindre ennemi qui passerait à sa portée. Les bruits se rapprochaient et il aperçut deux yeux orangés qui le fixaient, il se tendit. Un chat sauvage ou….Non ! Ce n’était pas possible. « Bonsoir beau guerrier » quelqu’un lui mordilla l’oreille. Il se détendit, projetant sa main pour attraper la gorge de l’intrus mais son mouvement n’avait pas été assez rapide et il n’attrapa que le vide.
- Toujours aussi impétueux. Grrrr appétissant !
Face à lui, une femme presque nue et recouverte de tatouages. Sous ses cheveux courts en bataille, des yeux félins et rieurs. D’autres ombres se relevaient tout autour.
- Alwin ? demanda t’il incrédule.
- Je savais que tu ne m’avais pas oubliée.
- Que fais-tu ici ?

Il se remémora alors cette nuit, il y’a dix ans. C’était sa première fois. Une nuit torride qu’il n’oublierait probablement jamais.
La tribu des Panthères était composée exclusivement de femmes. Il n’avait jamais compris pourquoi les anciens toléraient une telle aberration, probablement parce que comme lui ils avaient eu une nuit spéciale dans leur jeunesse. Comme elles ne pouvaient évidemment pas se reproduire entre elles, les Panthères enlevaient des jeunes garçons prometteurs aux autres tribus dans un but de reproduction.
Les parents fermaient les yeux et en échange tout enfant mâle qui naissait de ces unions était offert aux couples ne pouvant enfanter. Les Panthères étaient farouches et caractérielles. Arnulf n’avait jamais compté leur demander leur aide pour la quête, il semblerait que Wilema aie été d’un autre avis. Il pesta intérieurement, il aurait dû s’y attendre. Les problèmes ne faisaient que commencer.
- Tu es encore plus beau aujourd’hui, tu as encore pris du muscle.Alwin se rapprocha et voulut lui caresser le torse. La lueur de la lune faisait ressortir ses seins nus et Il se sentit gêné.
- Tu as bien changée aussi, tu n’es plus la petite peste d’il y’a dix ans. Dit-il en reculant d’un pas.
Elle rit.
- Je te plais n’est-ce pas ? Si tu n’as pas trop vieilli et que tu sais encore m’attraper peut être que…
- Je suis marié aujourd’hui.
- Je le sais bien sûr, et alors ? Le mariage t’aurait-il fait perdre ta virilité ?

Elle lui attrapa l’entre jambe et il la repoussa violemment.
Elle tomba à la renverse, un éclair de colère dans les yeux
- Tu es aujourd’hui plus aigri que naïf, Arnulf Lapin-Tordu
Il eut un réflexe et son bras partit prêt à frapper. Il retint son geste.
- Ne m’appelle pas comme ça. J’aime ma femme et je la respecte. Je répète ma question. Que fais-tu là ?
- Je croyais aussi que tu étais homme à respecter ta propre fille mais tu ne t’en es jamais inquiété.
Ces paroles le blessèrent, il s’était toujours demandé si cette nuit avait eu des « conséquences » de ce type. Il se rendit compte qu’il avait toujours sut que c’était le cas mais qu’il avait préféré ne rien savoir.
- Comment s’appelle-t-elle ?
- C’est un peu tard pour s’en inquiéter.
- COMMENT S’APPELLE-T-ELLE ?
Il réalisa que la fête s’était arrêtée avec l’arrivée des intrus et qu’il venait de crier à travers toute la campagne.
- Léa…
Il sentit des larmes monter à ses yeux, Léa était le nom qu’il avait toujours voulu donner à sa fille s’il en avait une. Il le lui avait dit cette nuit là entre deux ébats.
- Je suis dés…
- Nous ne sommes pas là pour ça et tu le sais. Les Dieux t’ont appelé, tu as sans doute cru pouvoir mener une telle quête sans nous. Wilema t’avais bien dit qu’elle préviendrait TOUS les chefs. Les Panthères ont autant le droit que les autres clans de servir les Dieux.
Elle lui tourna le dos et s’éloigna, fière et belle.
Il savait qu’elle avait raison bien sûr. Lui refuser le droit de participer à la quête serait la plus grande offense qu’il pourrait faire et il risquait de s’aliéner ainsi tous les autres clans. Pourtant il craignait déjà les conséquences. Soixante femmes sauvages et nues au milieu de deux cents hommes en campagne, il risquait d’y avoir du rififi au retour à la maison.
Ils partirent vers le village, l’heure n’était plus à la fête. Les femmes Taureaux emmenaient leur mari à la maison, la jalousie était déjà à l’œuvre. Enlever des garçons de quinze printemps soit, mais partir avec les maris pendant qu’elles devaient garder les enfants et s’occuper du village. La pilule était amère à avaler et les problèmes ne faisaient que commencer. Cette nuit Arnulf se sentait terriblement seul.


©2006-2007 Avenger

1 commentaire:

Anonyme a dit…
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