A few thoughts, a few sayings

-"Je suis celui qui te connais quand tu fuis jusqu'au bout du monde" Jacques Bertin (Je suis celui qui court)

- "Je ne suis pour toi qu'un renard semblable à cent mille renards. Mais, si tu m'apprivoises, nous aurons besoin l'un de l'autre. Tu seras pour moi unique au monde. Je serai pour toi unique au monde..." Saint-Exupéry (Petit Prince)

- "Et le plus beau, tu m'as trahi. Mais tu ne m'en as pas voulu" Reggiani (Le Vieux Couple)

- "We all got holes to fill And them holes are all that's real" Townes Van Zandt (To Live is To Fly)

- "Et de vivre, il s'en fout, sa vie de lui s'éloigne... Tu marches dans la rue, tu t'en fous, tu te moques, de toi, de tout, de rien, de ta vie qui s'en va." Jacques Bertin (Je parle pour celui qui a manqué le train)

- "I thought that you'd want what I want. Sorry my dear." Stephen Sondheim (Send in the clowns)

- "Pauvre, je suis de ma jeunesse, De pauvre et de petite extrace. Mon père jamais n'eu grand richesse, Ni son aïeul nommé Orace. Pauvreté nous suit à la trace, sur les tombeaux de mes ancêtres, Les âmes desquels Dieu embrasse! On n'y voit ni couronnes ni sceptres." François Villon (Pauvre, je suis)

- "Vous êtes prêts à tout obéir, tuer, croire. Des comme vous le siècle en a plein ses tiroirs. On vous solde à la pelle et c'est fort bien vendu" Aragon (Ce qu'il m'aura fallu de temps pour tout comprendre)

- "And honey I miss you and I'm being good and I'd love to be with you if only I could" Bobby Russell (Honey)

- "And I need a good woman, to make me feel like a good man should. I'm not saying I am a good man Oh but I would be if I could" Fleetwood Mac (Man of the World)

- "Je ne comprends pas ces gens qui peuvent s'installer n'importe où quand je cherche inlassablement avec la tête fermée que tu connais l'endroit où je retrouverai mon enfance" Jacques Bertin (Colline)

vendredi, août 31, 2007

Le Vengeur - Chapitre 16. Arnulf "Lapin-Tordu" - Les Huits


Voici enfin le chapitre 16 qui boucle la première partie de mon histoire. On y retrouve Arnulf qui se voit confirmer son rôle de chef des Burgans.
Montage/Photo de Franck Graeme?

Musique d'inspiration: Basil Poledouris - Anvil of Crom




Chapitre XVI. Arnulf « Lapin-Tordu » - Les Huits

Arnulf fit un saut de côté pour éviter de se faire piétiner par un rhinocéros. Il pesta. La bête énorme était harnachée pour le combat et surtout pour l’esbroufe. Sa corne avait été recouverte d’une pointe d’argent, des oeillères dorées l’empêchaient d’être distraite et son dos était caparaçonné de plaques de métal hérissées de pointes. Une armature de bois garnie de fanions rouge faisait une trainée sanglante à l’animal. Une vision formidable bien que son utilité pour la guerre restait discutable.
- Ce sont les paons qu’ils auraient dû s’appeler.
Alwin venait de le rejoindre sur la colline. Elle aussi embrasa du regard la pleine remplie d’hommes et d’animaux. Les clans s’étaient maintenant presque tous réunis et la vision qui s’étendait sous leurs yeux était irréelle. Peu de burgans encore vivants avait déjà vu un tel rassemblement hétéroclite.
- Mmm, ils maquillent leurs totems et en sont fiers. Jamais un homme de ma tribu n’asservirait ainsi un Lion.
Il réalisa trop tard qu’il avait fait une bourde. La tribu des Lions était presque la seule à ne pas tirer son nom de l’asservissement d’un animal. Ils avaient bien sûr une relation privilégiée avec leur totem mais ces félins étaient trop fiers pour être réellement apprivoisés.
- Vous n’avez peut-être simplement pas le tact nécessaire. dit-elle froidement.
Elle fit demi-tour et s’éloigna à grand pas. Il prit plaisir à regarder sa silhouette presque nue s’éloigner. Elle paraissait tellement fragile en plein jour, son corps svelte à la plastique irréprochable avait toujours ses peintures de guerre mais sous le soleil on aurait dit une ombre d’enfant. Pourtant ses formes n’avaient rien d’une petite fille. Il se demanda si sa femme à lui pourrait être aussi belle après avoir enfanté.

Il tourna son regard vers la plaine. Les tambours battaient, les trompes sonnaient, tous faisaient le plus de bruit possible. Les Burgans ne s’aimaient pas entre eux, tout au plus se toléraient-ils. Seule la peur de la colère divine les avait fait se rassembler sous sa bannière. Arnulf se demanda comment son père avait réussi seul l’exploit de réunir les tribus contre l’envahisseur venus du Sud, pas étonnant qu’il ait du batailler ferme et montrer sa supériorité pour y arriver. Pourtant, ce passé glorieux n’aidait pas Arnulf, la plupart des tribus s’étaient entre déchirées après la guerre, certaines voulant reconstruire, d’autres préférant pousser l’avantage jusqu’à l’intérieur des terres des hommes de fer. Les hommes qui fourmillaient sous ses yeux n’étaient pas unis, ils restaient en petit clans en gardant leurs distances les uns des autres.
Il était cependant certain que même son père n’avait pas vu autant de troupes à son époque. Il manquait encore la tribu des Termites, des Serpents et celle des Chevaux avant de pouvoir faire route vers l’ennemi. Mais son armée s’annonçait d’ores et déjà formidable. Près de six milles hommes étaient là dans la plaine.
Il faisait déjà face à un cauchemar logistique. Heureusement les Taureaux et les Rhinocéros avaient accepté de s’occuper du ravitaillement, d’ailleurs ces derniers utilisaient des girafes pour tirer des traineaux de fourrage gardant les rhinocéros pour la guerre ce que Arnulf trouvait stupide.
La tribu des Béliers était celle qui semait le plus la pagaille, les chèvres se promenaient librement dans les campements et mangeaient tout ce qui leur passait sous la main, même des vêtements parfois. Il espérait que les hommes de la tribu n’allaient pas se montrer trop frileux quand il s’agirait de partager la viande. Mais ce qui l’inquiétait le plus était les rumeurs rapportées par ceux-ci, des hommes de fer avaient traversé les montagnes et pénétrés dans les terres burgannes. Il lui fallait absolument vérifier celles-ci, pas question de partir du pays en craignant pour les villages restés sans défense.

La nuit fut agitée, les dernières chaleurs de l’été tombaient sur la plaine comme une chape de plomb. Arnufl se retournait sans cesse. Son corps nu luisant de sueur. Il crut entendre la voix de sa chamane, Wilema, « Huiits...men...ace...viens » mais les sons étaient trop indistincts. Des grattements sur la toile de sa tente le réveillèrent, il ouvrit les yeux en grand. Ses paupières ensommeillées les recouvrirent à nouveau et Il batailla contre l’assoupissement tout en essayant de percer les ténèbres. Rien. Sombrant à nouveau dans le sommeil, il se recroquevilla sur sa couche. Un grand corbeau se tenait sur un morceau de bois de l’armature. Il vit clairement les yeux de celui-ci s’ouvrir, l’oiseau tourna la tête pour mieux le fixer de son oeil gauche. Arnulf se demanda comment celui-ci avait pu entrer mais il ouvrit le bec et croassa « Aaaelorrr ». Effrayé, Arnulf recula à toute vitesse en faisant le signe des dieux. Il s’empêtra dans sa couverture et tomba de sa couche. L’oiseau avait disparu lorsqu’il reporta son regard à l’endroit où il se tenait. Il hésita alors d’alerter tout le camp mais il savait que ça ne servirait à rien. Peut-être n’était-ce qu’un rêve mais il aurait juré que non. Il aurait tant aimé que Wilema soit là. Il se demanda si ce n’était pas elle qui tentait de lui faire passer un message. « Les Huits... »

Il y’avait huit tribus burgannes et donc huit chamanes. Chaque tribu avait son propre territoire mais on disait que les chamanes se réunissaient parfois dans un marais au nord. Personne d’autre ne pouvait y entrer en tout cas personne n’en était jamais ressorti vivant. Etait-ce possible que Wilema lui demande de s’y rendre ?
Il se demandait pourquoi les chamanes des autres tribus n’avaient pas voyagés avec les leurs, il avait d’abord cru qu’ils avaient décidé de prendre les rennes des villages pendant l’absence des guerriers et de leurs chefs. Mais il réalisa maintenant que ce n’était pas l’habitude des chamanes de rester en dehors du destin de leurs peuples. Incapable de se rendormir, il enfila des chausses et sortit prendre l’air.

C’est ainsi que les cinq chefs de clan se retrouvèrent dans les Marais Brumeux une semaine plus tard.
Adalrik ouvrait la marche, il avait de l’eau jusqu’au torse et ne semblait même pas ralenti. Ses bras énorme bougeaient comme des balanciers qui le propulsaient de l’avant en chantant à tue tête. Il ne voyait pas Alwin, elle sautait de branche en branche dans les nombreux arbres au dessus d’eux et ne s’était pas mouillée une seule fois. C’était la première fois qu’Arnulf côtoyait Irkan, le chef de la tribu des Rhinocéros et à vrai dire il espérait ne pas trop devoir avoir affaire avec lui. C’était un jeune homme à la mine fermée et méprisante. Son nez pointu jurait sur son visage enturbanné. Il possédait un long sabre qu’il tentait de mettre à l’abris de l’eau en le soulevant bien haut au dessus de bras musclés et halés par le soleil. Malgré ses tentatives pour ne pas paraître incommodé par l’eau des marais il n’avait pas la même facilité que ses confrères et pestait plus qu’à son tour. Pour preuve, il ne jouait même pas de sa courte flute qu’il avait laissée dans son étui à son épaule.
Le dernier des compagnons était un vieillard qui ressemblait énormément à son animal totem. Ses cheveux blancs en bataille se terminaient sur une petite barbichette qui soulignait sa dentition vers l’avant. Sa face ridée était fermée par l’effort et il faisait de nombreuses pauses obligeant les autres à l’attendre ce qui avait pour don d’irrité le jeune Irkan plus que tout. Celui-ci n’hésitait pas à traiter l’autre de vieillard d’un ton hautain.
- Vous auriez mieux fait de rester sur la plaine avec les hommes, ce n’est plus de votre âge, vieille bique.
L’homme ne répondait jamais mais Arnulf pouvait voir à ses yeux qu’il n’appréciait pas les propos du jeune homme, les pressions sur la petite armature de cuivre qu’il avait à la ceinture s’accentuait et en faisait sortir des « chtoings » grinçants. Arnulf restait au côté du vieillard pour l’aider de son mieux, après tout c’était à cause de lui qu’ils étaient ici. Pourtant il tambourinait des doigts sur son petit tambour portatif et ne réalisait même pas qu’il montrait lui aussi son impatience.

Plus ils s’enfonçaient dans les marais moins le soleil arrivait à percer la frondaison des arbres. L’ambiance était vraiment oppressante, surtout pour Arnulf qui avait passé la plus grande partie de sa vie au grand air dans les plaines de l’ouest où il pouvait courir à perdre haleine dans les hautes herbes et ne s’arrêter qu’au bord des falaises blanches plongeant dans l’océan.
Il soupira, ce marais n’était qu’ombres, brumes et décrépitudes. Les arbres étaient couverts de toiles d’araignées, d’humus visqueux et de plantes en décomposition. Et puis il y’avait l’odeur, elle vous retournait l’estomac comme si on avait évidé les estomacs de cinq vaches mortes il y’a une semaine.
Arnulf lança son bras pour rattraper une fois de plus Olin qui venait de trébucher dans l’eau saumâtre. L’homme le remercia du regard, il était épuisé et les sangsues qui couvraient leurs jambes prélevaient leur dû sur le vieillard. Les deux autres compagnons les avaient distancés et seule une trainée d’eau boueuse indiquait leur passage. C’est toujours au moment où tout le monde est éloigné les uns des autres qu’un drame se passe. Arnulf entendit un cri en hauteur suivant d’un plouf sonore. Craignant pour la vie d’Alwin il courut aussi vite que l’eau le lui permettait abandonnant Olin derrière lui.
Le marais devant lui était agité de vaguelettes, il agrippa une racine pour se hisser en hauteur et observa la surface avec attention. Il sortit son épée à deux mains du fourreau huilé qui barrait son large dos et attendit.
Il vit des bulles crever la surface et plongea. Sous l’eau il ne voyait plus rien mais sa tête butta contre un corps, d’une main il tâta le corps et essaya de reconnaître ce que c’était. Il sentit un bras et une longue membrane visqueuse. On ne l’appelait pas Arnulf « Lapin-Tordu » pour rien, de sa main gauche il souleva l’amas de membres qu’il sentait et le sortir hors de l’eau le tenant à bout de bras.
Il tremblait sous l’effort et cria lorsqu’il sortit la tête hors de l’eau, sa crinière trempée faisait dégouliné l’eau devant ses yeux mais il ne perdit pas de temps. Il passa son épée à travers le corps du serpent, celui-ci se contorsionna et sa gueule frappa Arnulf au visage. Il chancela et manqua glisser ce qui aurait été la fin. Le serpent retomba dans l’eau mais avait à moitié libéré sa proie pour s’attaquer à l’intrus. Lâchant son épée Arnulf lui attrapa la tête à deux mains et serra, serra encore. Le serpent se débattait et tentait de se libérer de l’étreinte du guerrier. La bête s’enroula petit à petit autour du torse d’Arnulf et l’enserra mais il était déjà trop tard pour elle. Il avait réussi à enfoncer ses pouces dans le crâne du reptile. Celui-ci se contracta un peu et puis devint flasque et tomba dans l’eau.
Alwin suffoquait accrochée à une racine. Elle avait le teint pâle et les yeux rougis. Lorsqu’il s’approcha d’elle, elle lui entoura le cou de ses bras et pleura.
Evidemment c’est à ce moment là qu’Irkan et Adalrik firent irruption. Irkan ne dit rien pour une fois mais son sourire narquois fit bien comprendre à Arnulf qu’il utiliserait cet épisode à son avantage.
Il tapota le dos d’Alwin gentiment, un peu gêné de sentir ses seins contre son torse.
- Vous foutiez quoi par Furn ! s’emporta Arnulf.
- Les forts avancent, ils ne passent pas notre temps à baiser dans la fange.
- Ose répétez ça espèce de bouse de zébu !

Arnulf s’était laissé emporter et savait qu’il n’avait plus d’armes si Irkan voulait réparer l’affront avec un duel. Celui-ci rit d’un air narquois et continua son chemin. Adalrik souleva ses épaules d’un air désolé avant de le suivre. Après avoir remit Alwin sur pieds, il chercha son épée à tâtons dans la boue. Lorsqu’il se releva avec l’épée couverte de saloperie dégoulinante Alwin lui demande d’une voix croassante: « Olin ? »

Pour la seconde fois de la journée, Arnulf courut. Cette fois-ci il tenait Alwin par la main, résolu à ne pas la laisser seule. L’ancêtre n’avait pas fait de bruit lorsque la bête l’avait attrapée et pourtant il s’était débattu comme le vieux bouc qu’il était. Il n’avait pas appelé à l’aide alors qu’ils auraient pu lui sauver la vie. Quand Arnulf arriva il était en train de se faire emporté sous l’eau par des crocodiles. Une de ses jambes flottait sur l’eau à moitié déchiquetée, deux bêtes se la disputaient. Le vieillard était encore vivant sa bouche tremblait, ouverte, de l’eau s’y déversant et ses yeux étaient larmoyants. Arnulf n’hésita pas une seconde, d’un seul coup formidable il trancha un crocodile en deux, envoyant une gerbe d’eau alentours. Dérangés dans leur repas les autres bêtes se tournèrent vers lui mais il avança sans peur au milieu d’eux.
D’une main formidable il tint fermé le museau du reptile le plus proche et planta son épée à travers les écailles d’un autre. Il sentait la rage monter en lui et lança un cri guttural aux dieux. Le crocodile qui tentait d’emmener Olin sous l’eau sentit le vent tourner et tira un peu plus sur sa proie. Alwin lui grimpa sur le dos et lui déchira les chairs de ses deux dagues. Elle frappa encore et encore jusqu’à ce qu’il ouvre la gueule pour la déloger. Elle lui souleva alors la gueule et lui ouvrit la chair de haut en bas. L’animal se débattit aussi fort qu’il le pouvait mais ce n’était pas assez fort. De ses deux mains Arnulf avait eu le temps de craquer le cou du dernier crocodile. Il s’était ensuite précipité vers Olin. Les dernières forces quittaient celui-ci. Il le hissa sur des racines mais la perte de sang avait été trop importante. Il toussa un peu pour recracher de l’eau et du sang et ne dit que deux mots dans un faible râle « Mène-les ! ». Sa main tapa contre le torse trempé d’Arnulf et celui-ci l’attrapa et la serra fort.
Le vieillard mourut une seconde plus tard et c’est seulement lorsqu’il le porta pour le laisser partir dans l’eau qu’il remarqua le pendentif qu’il avait tenu serré entre ses doigts. Il le prit, décidé à le remettre au futur représentant des Béliers.
- Péran, mène cet homme par delà les marécages, fait lui voir à nouveau le soleil et demande lui de me pardonner pour nous avoir envoyé ici. Dis lui de préparer de longues tables pour les guerriers qui bientôt le rejoindront et puisse-t’il retrouver sa jeunesse auprès de toi, Père de tout.
Alwin embrassa le front du vieil homme avant qu’il ne s’enfonce sous l’eau. Ils chantèrent tous les deux, un chant de remerciement pour la longue vie de l’homme, la voix puissante d’Arnulf soutenue par la douceur de celle d’Alwin. A ce moment ils étaient proches et ça l’inquiétait. Arnulf n’aurait voulu penser qu’à sa femme. Il rougit d’avoir des pensées impures alors qu’il prononçait une oraison funèbre.
Les sangsues, attirées par le sang, affluaient de partout et se collaient à leurs jambes. Ils battirent en retraite en silence.
Moroses, ils retrouvèrent leurs compagnons dans un endroit plus ou moins secs. Ils avaient installés un feu et à voir l’état d’Arnulf et Alwin comprirent que quelque chose avait mal tourné. Cette fois ci Irkan ne tenta pas de provoquer Arnulf, celui-ci supposait même qu’au fond de lui le jeune homme avait du respect pour le défunt, être chef de clan n’était pas facile surtout quand on était jeune et impétueux.
Ils mangèrent en silence et après le repas s’occupèrent de leurs armes. Avant le coucher ils jouèrent tous de leur instrument, chacun son tour, un air triste en y ajoutant probablement une prière silencieuse. Adalrik pris le premier tour de garde mais il n’y eu rien à signaler cette nuit là, ni le jour suivant. Le marais avait prélevé son dû.


Lorsqu’ils rejoignirent les chamanes, ceux-ci étaient déjà au courant pour la tragédie. Ils se tenaient debout dans une clairière chacun portant une torche et un masque de bois peint. Ils levèrent les bras devant eux et parlèrent d’une unique voix.
- Olin « Feu poilu » tu es aux côtés des dieux
Adalrik « Bois Fendu » les dieux te saluent
Alwin « Tempête » les dieux te saluent
Arnulf « Lapin-Tordu » les dieux te saluent.
Irkan « L’irascible » les dieux te saluent

Ensuite seulement ils furent accueillis au sec. A nouveau, ils entreprirent de brûler les sangsues qui leur couvraient les jambes.
Soudain, des centaines d’hommes sortirent des ombres, ils étaient couverts de peintures de guerre et de babioles en os. Ils entourèrent les chefs de clans et pointèrent leurs courtes lances sur eux. Un enfant se glissa entre les guerriers d’une démarche fluide.
- Vous avez tuez un de nos frères dit-il en levant un sourcil et en bougeant les bras en un mouvement sinueux.
Arnulf ne dit rien mais maudit intérieurement Wilema. Elle ne l’avait prévenu en rien et il ne savait même pas qu’il était sur les territoires de la tribu des Serpents. L’enfant, une jeune fille en fait, s’approcha de lui et lui mit les mains sur les épaules.
- Mais tu t’es bien battu et nous mangerons sa chair ce soir. Les Serpents sont fiers de se joindre à vous dans ta mission divine. Je suis Silsian « Ombre Amère ».
Les chamanes reprirent en choeur :
- Silsian « Ombre Amère » les dieux te saluent.

Ils mangèrent donc du serpent ce soir là, grande première pour Arnulf, mais après avoir traversé les marais il aurait mangé n’importe quoi qui ne soit pas humide. Les chamanes restaient sur le côté en transe en attendant la levée de la lune. Une fois celle-ci levée, ils l’appelèrent et il put enfin parler avec les dieux.
Parler avec les dieux n’était qu’une expression, probablement inventée par les chamanes qui rappelaient ainsi d’où venait leur autorité. Depuis qu’il avait entendu la vraie voix des Dieux, Arnulf était beaucoup moins intéressé par ces simagrées. Il parla d’abord, racontant sa mission, son rêve de corbeau et ce qu’il avait accomplis. Les autres chefs confirmèrent et prêtèrent serment devant les dieux.
Ensuite, Wilema prit la parole :
- Les dieux sont contrariés. Les autres reprirent en choeur « Contrariés »
- Le chemin des rêves est obstrué, certains dieux ne répondent même plus. Le monde menace de changer pour toujours. Terre-qui-gronde a été dérangé dans son sommeil et se bat aujourd’hui pour sa survie. Il vous faut faire vite, une armée est passée à travers nos terres, nous les gardiens, dans notre aveuglement n’avons rien fait pour l’en empêcher. Celui qui les dirige est Aelor, un homme de grand pouvoir mais juste un homme. Pourtant il veut devenir Dieu et il faut l’en empêcher. Il combat en ce moment même la tribu des chevaux. La population Termite a déjà subi son courroux.
Il te faut absolument accomplir la prophétie et trouver le chemin scintillant et la vierge sanglante. Ensemble seulement pourrez vous abattre Aelor.
- Je croyais que ce n’était qu’un homme, c’est à moi que les dieux auraient dû demander, je l’aurais déjà tué ? demanda Irkan
- Irkan a une grande bouche mais de petites couilles répondit son chaman ce qui fit rougir le jeune homme.
- Où était-il quand Olin rejoignait Peran ? demanda le chaman de la tribu des Béliers.
- Où sera-t’il quand l’heure viendra ? demanda le chaman de la tribu des Taureaux.
- Il te faut partir vers le sud mon enfant dit Wilema en s’adressant à nouveau à Arnulf. Lorsque tu auras trouvé les composants de la prophétie va trouver Terre-qui-gronde et sauve le. Je ne sais pas s’il te sera reconnaissant, peut-être ne verras-tu jamais tes enfants grandir mais si tu ne le fais pas ils ne grandiront pas du tout car ce qu’Aelor veut il l’obtiendra lorsque la lune croisera l’ombre de la terre.- Combien de temps cela nous laisse ? demanda Adalrik
- Un peu plus d’un an nous pensons mais nous n’en sommes pas sûrs, les hommes de fer ont de meilleures instruments pour observer les étoiles. répondit le chaman des Termites. Beaucoup de mes enfants sont morts, à peine une centaine vous rejoint aujourd’hui. Il faudra des générations pour que les termites reconstruisent leur cité. Mais seul l’accomplissement de la prophétie le leur permettra.- La tribu des Chevaux se joindra-t-elle à nous ? demanda Arnulf.
- Ils sont en route répondit leur chaman, Aelor ne bougera plus de là où il est jusqu’à obtenir ce qu’il veut. L’heure est venue pour les burgans d’entamer le grand voyage vers le sud.
Tous se levèrent et répétèrent « L’heure est venue »
Alwin serait la main d’Arnulf et il n’osait pas la retirer car il avait bien besoin d’aide, aujourd’hui il avait compris que le destin des Burgans reposait sur ses épaules.


©2006-2007 Avenger

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