A few thoughts, a few sayings

-"Je suis celui qui te connais quand tu fuis jusqu'au bout du monde" Jacques Bertin (Je suis celui qui court)

- "Je ne suis pour toi qu'un renard semblable à cent mille renards. Mais, si tu m'apprivoises, nous aurons besoin l'un de l'autre. Tu seras pour moi unique au monde. Je serai pour toi unique au monde..." Saint-Exupéry (Petit Prince)

- "Et le plus beau, tu m'as trahi. Mais tu ne m'en as pas voulu" Reggiani (Le Vieux Couple)

- "We all got holes to fill And them holes are all that's real" Townes Van Zandt (To Live is To Fly)

- "Et de vivre, il s'en fout, sa vie de lui s'éloigne... Tu marches dans la rue, tu t'en fous, tu te moques, de toi, de tout, de rien, de ta vie qui s'en va." Jacques Bertin (Je parle pour celui qui a manqué le train)

- "I thought that you'd want what I want. Sorry my dear." Stephen Sondheim (Send in the clowns)

- "Pauvre, je suis de ma jeunesse, De pauvre et de petite extrace. Mon père jamais n'eu grand richesse, Ni son aïeul nommé Orace. Pauvreté nous suit à la trace, sur les tombeaux de mes ancêtres, Les âmes desquels Dieu embrasse! On n'y voit ni couronnes ni sceptres." François Villon (Pauvre, je suis)

- "Vous êtes prêts à tout obéir, tuer, croire. Des comme vous le siècle en a plein ses tiroirs. On vous solde à la pelle et c'est fort bien vendu" Aragon (Ce qu'il m'aura fallu de temps pour tout comprendre)

- "And honey I miss you and I'm being good and I'd love to be with you if only I could" Bobby Russell (Honey)

- "And I need a good woman, to make me feel like a good man should. I'm not saying I am a good man Oh but I would be if I could" Fleetwood Mac (Man of the World)

- "Je ne comprends pas ces gens qui peuvent s'installer n'importe où quand je cherche inlassablement avec la tête fermée que tu connais l'endroit où je retrouverai mon enfance" Jacques Bertin (Colline)

mardi, août 28, 2007

Le Vengeur - Chapitre 14. Orlamund - Le Viol

!! Je tiens à prévenir les lecteurs que certains passages du chapitre suivant peuvent choquer les âmes sensibles !!
J'ai longtemps hésité à passer le pas. Il me semblait important qu'Orlamund soit révélée via un moment marquant de sa vie et je tiens à décrire les moments importants de la vie de mes personnages. Bref voilà, ça plaira ou pas, tant pis :) mais sans vouloir trop en faire je ne voulais surtout pas m'auto censurer, les choses sont telles qu'elles sont dans un monde difficile.

Musique d'inspiration: Corvus Corax - Qui Nous Demaine

Chapitre XIV. Orlamund - Le viol

Au début, il n’avait fait que la tirer par les cheveux et la frapper. Son cuir chevelu s’en souvenait encore.
Devian l’avait battue encore et encore pour qu’elle se taise alors que c’étaient ces mêmes coups qui la faisaient crier et pleurer. Elle s’était évanouie bien avant qu’il ait finit, la lèvre en sang et les joues brûlantes.
La nuit avait été courte et son tortionnaire avait voulu garder l’avantage sur leurs poursuivants qui devaient encore se demander où ils étaient passés. Le sol s’était fait pierreux à l’approche des Dents de Saints et compliquaient probablement la tâche des pisteurs.
Orlamund avait froid sous sa robe déchirée ce qui l’avait rendue fiévreuse. L’épuisement et l’accumulation de situations difficiles avaient eu raison de sa résistance. La fraicheur des nuits montagnardes l’avait achevée. Elle avait eu droit à une autre bastonnade la première fois qu’elle avait éternué depuis elle essayait de ne pas faire de bruit quand ça la prenait.
Elle n’avait pas pu se lever le lendemain et après l’avoir frappé du pied, Devian s’était résigné à faire un feu et à attendre qu’elle aille mieux. Il avait mis ce temps à profit pour dénicher de la nourriture. Il ne voulait pas qu’elle meure, elle en était certaine.
Elle avait déliré toute la journée, se retournant encore et encore sous la petite couverture de selle. Elle se réveillait parfois en sursaut se croyant encore dans la malle. Devian lui faisait boire de l’eau glacée qu’il avait trouvée dans un ruisseau non loin. Tout en prenant soin d’elle à contre-coeur, il marmonnait maintenant dans sa barbe « T’vas pas me clamser dans les patt’ maint’nant petit oiseau, Devian doit encore t’faire payer...oh oui r’prends des forces ! »

Elle se vit au château de son père, le ciel était oppressant, bleu sombre de gros nuages s’accumulant au dessus d’elle. Les arbres étaient tous morts et lentement des formes entrèrent dans les jardins. Son père se tint alors devant elle, les yeux laiteux, son visage fin aux pommettes saillantes pointait vers elle lorsqu’il dit « Catin ! ». Elle voulu lui répondre mais elle ne pouvait pas, ses mouvements étaient lents et lever son bras lui semblait impossible comme si elle était désertée de toute force.
Tous les occupants du château se levèrent de l’ombre, Vance aussi était là. Elle voulu avancer vers eux, son pieds se souleva lentement comme s’il était emprisonné dans la boue. Elle avança en mobilisant toutes ses forces mais n’arriva pas à s’approcher plus.
Tout ceux qu’elles connaissaient alors levèrent le bras et reprirent en coeur et sans fin l’accusation : « Catin ! Catin ! Catin ! Catin ! » Elle sentit les larmes chaudes lui couler sur le visage et elle répondait « Non » faiblement. Et pourtant, elle sentait le désir lui monter des entrailles, elle ressentait à nouveau ce qu’elle avait senti auprès de Vance lorsque ses mains la caressaient. Elle gémit et sentit le rouge lui monter aux joues. En pleur, rageuse elle leur répondit :
- Ce n’est pas ce que vous croyez ! Je l’aimais !
- Catin ! Catin ! Catin ! répondirent les voix.
Elle se tordit, consumée entre le chagrin et le désir. Elle étouffait dans ses vêtements. Elle voulait s’en libérer, s’envoler, se sentir enfin libre, laisser son coeur sortir de sa malle.

Lorsqu’elle ouvrit les yeux, Devian était installé au dessus d’elle. Elle sentait l’air froid sur ses jambes, il avait relevé ses jupes et était occupé à la toucher entre les jambes, là où elle sentait la chaleur. Là, où se trouvait son inimité. Par réflexe, elle lui envoya son talon dans la figure et s’accroupit, les bras autour des jambes, choquée. Il se releva, de l’amusement dans les yeux et ricana en se frottant la joue.
« Hin hin hin ! J’savais que t’allais aimer ça, catin ! »
S’en était trop pour elle, dans un cri rageur, elle se jeta sur lui les ongles en avant, cherchant à lui déchirer son horrible visage de fouine. Elle ne sut pas vraiment si ce qui lui arriva ensuite fut pour la punir de l’avoir balafré la joue ou si elle avait encore plus exacerbé le désir de ce malade en se rebellant mais une fois maitrisée il la prit là, à même le sol.
Il lui tint les poignets dans le dos d’une main en continuant à la traiter de tous les noms. De l’autre main il releva ses jupes en jurant encore plus. Elle avait le visage pressé contre le sol, des graviers lui rentrait dans les joues et de la poussière dans les yeux. Elle criait mais ne s’entendait même pas tellement elle était terrifiée.
L’air frais qu’elle sentit sur ses fesses ne fut rien comparé au dégoût qui la prit lorsqu’elle sentit le membre durcit de Devian pointer contre sa peau. Elle n’en avait jamais vu mais savait pertinemment ce qu’il essayait de faire, cela faisait des semaines qu’elle le craignait maintenant. Lorsqu’il la pénétra, elle eu mal, elle se sentit déchirée de l’intérieur, écartelée. Elle avait l’impression qu’il lui enfonçait un gros vers chaud qui fouaillait dans son ventre. Elle le sentit bouger et s’enfoncer plus profondément malgré ses efforts pour le repousser.
Lorsque Devian poussa plus loin en elle, elle cria. Elle cria, encore, la poussière lui rentrant dans la bouche. Les poussées de l’homme lui faisaient racler le sol de sa tête, la faisant glisser en arrachant les cheveux pris sous son poids. Elle se maudit et sentit une profonde haine d’elle même car son sang facilitait le travail du violeur. Soulagée, elle le sentit glisser hors d’elle mais lorsqu’il replongea en elle, jubilant et la traitant de salope, elle se sentit littéralement expulsée hors de son corps.

Un instant, elle eu froid, très froid, pourtant elle se sentait libérée. Elle fut étonnée que tout s’arrête ainsi. Toute sa haine, sa peur et son dégoût avaient disparu. Pour la première fois depuis des semaines (une partie d’elle pensa « depuis toujours ? ») elle se sentait vraiment libre. Elle regarda alentours, s’émerveillant de la beauté de la montagne la nuit. La lune se reflétait sur les monts enneigés et l’air sentait bon la terre humide. Elle sourit. Son sourire s’effaça lorsqu’elle se retourna.
Devian était là, en train de « travailler » son corps. Un instant elle ressentit de nouveau de la colère mais celle-ci s’évapora. En même temps, la scène était comique. L’homme avait un visage crispé, concentré, son pantalon abaissé sur ses fesses blafardes lui donnait vraiment un air stupide et ses mouvements de va et vient apparaissaient comme un tic nerveux.
Même pas étonnée, elle s’observa ensuite. Son visage était inexpressif, ses yeux gris ouverts regardaient fixement devant eux. Elle était contusionnée et sale, le visage maculée de boue, de larmes et de poussière.
Ses cheveux bruns en bataille, remplis de noeuds ne lui donnaient pas bel air. Et pourtant elle se trouva belle, elle avait un port noble, des traits fins aux courbes douces et des lèvres qui avaient du sourire dans une autre vie. Elle décida alors de mettre fin à cette mascarade.

Il cria, il cria même plus qu’elle. Il pleura aussi. Pourtant il n’y avait aucune violence dans les gestes d’Orlamund. Elle laissait ses mains faire, doucement presque avec tendresse, comme des mains de femmes. Pourtant elle se doutait que se faire arracher la peau à vif devait faire mal. Il n’avait pas l’air beaucoup plus intelligent maintenant qu’auparavant. Elle se demanda même comment elle avait jamais pu avoir peur de lui. Par facilité, elle avait commencé en lui tirant doucement la peau des épaules, elle s’était détachée comme une pelure d’orange. Un petit bruit de déchirement se faisait entendre et elle gloussa lorsqu’elle réalisa que le corps ne réalisait pas de suite qu’il fallait saigner. Elle avait largement eu le temps de voir les muscles avant que le sang n’afflue.
Du sang maintenant il y’en avait partout. Le corps d’Orlamund en était recouvert, le sol aussi mais cela ne la dérangea pas. Devian s’était relevé, avait tenté de se débarrasser de ce qui lui arrachait la peau. Il essayait maintenant d’empêcher celle-ci de s’enfuir. Apparemment c’est le ventre qui lui fit le plus de mal. La statue de muscles et de sang s’écroula avant qu’elle n’aie fini. Le blanc des yeux exorbités sur un épouvantail rouge. Elle termina le travail cependant.

Elle s’occupa ensuite de son corps amorphe. Elle le porta au ruisseau et le nettoya. Elle ne put rien faire pour la robe, elle était imprégnée de sang et gardait une teinte rose. Elle récupéra ce qu’elle pouvait dans le camp de fortune et couvrit son corps du mieux qu’elle le put. Elle y insuffla de la chaleur sans oser le réintégrer encore, elle le savait meurtri, souillé. Cette coquille vide lui faisait pitié et un peu peur aussi. Qu’était-il donc arrivé ? Elle n’arrivait pas bien à se concentrer, les bouffées de sentiments qu’elle pouvait ressentir étaient balayés tels des souffles d’airs. Elle passa donc encore un peu de temps à expérimenter sa nouvelle forme. Elle prit son envol et survola les alentours. Elle se sentait bien et tourna ainsi en rond pendant un long moment.
Un peu par hazard, elle tomba sur les soldats des royaumes qui avaient tenté de la libérer auparavant. Elle s’en approcha. Il n’était pas loin mais avait pris la mauvaise direction pour la rejoindre. Dommage, ils auraient peut-être pu sauver Orlamund. Elle fut surprise de penser à elle à la troisième personne. Si son corps était Orlamund, qui était-elle ?
Deux formes étaient allongées en train de dormir. Deux autres discutaient à voix basse près d’un faible feu de brindilles. Elle s’approcha encore, s’installant en tailleur entre eux.
- Tu crois qu’on la retrouva ? murmura l’un avec un air abattu.
C’était un jeune soldat, assez bien de sa personne, les cheveux courts et un bouche pleine.
- Mmmph, chûr. répondit l’autre
Il n’était pas convainquant du tout et n’y croyait probablement pas lui même. Celui-ci était un vétéran, un air de parenté semblait les lier même si l’âge avait pris son du sur ce soldat. Il lui manquait des dents et un morceau de nez. Ses yeux étaient profonds et il gardait une oreille attentive tout en parlant calmement.
- Elle est si belle.
- Ni pour toi, m’neveu. Ch’t une nob’ et une princhesse en pluch. S’ni pour toi. T’ferrais mieux de t’en souvenir avant d’sauter dans l’eau à nouveau.
- Je sais, je suis désolé
soupira le jeune homme.
Elle le trouva touchant et lui caressa les cheveux.
Il frissonna.
- C’était qui ces types de toute façon ?
- Des p’tains de fanatiques, pas des brigands c’est sûr. Z’avaient ‘cune chanch mais z ‘ont qu’même bazardé Joffrey et Ruch.

Au souvenir du combat, l’homme grimaça en tenant son bras. Orlamund remarqua qu’il était blessé et que sa blessure devait le démanger sous le bandage. Elle l’apaisa d’un geste.
- Les questeurs sont chûrs qu’y viennent de l’mark mais va chavoir, chi on attrape le dernier va’l regretter l’jour où l’est venu à s’monde, t’el dit.
- Liudmark ? mais ça voudrait dire la guerre ?
- Alors ? N’est payé pour cha t’façon.


Elle les laissa disserter entre eux et repartit trouver son corps. Le contact, même bref, avec des personnes qui ne lui voulaient pas de mal lui avait fait du bien et elle se glissa enfin dans son enveloppe corporelle.
Orlamund se releva en aspirant l’air goulument. Elle se sentait courbaturée et encore un peu fiévreuse mais le pire était la souillure, elle l’avait rattrapée. Elle regarda autour d’elle et heureusement n’était pas en vue du corps de Devian. Malgré tout ses nerfs lâchèrent et elle pleura.
Au petit matin, elle se lava encore une fois au ruisseau même si elle savait que rien n’enlèverait cette sensation de sentir encore des mains sur son corps et ce...cette chose en dedans.
Princesse ? Elle ne l’était plus, son père ne lui avait-il pas dit que si elle se déshonorait elle finirait ses jours au couvent ? Catin ! Voila ce qu’il lui dirait. Elle n’était pas prête à l’entendre, pas encore une fois.
Le Liudmark la voulait ? Son père la renierait? Il ne lui restait qu’une seul échappatoire : les Cités Libres. Il lui suffirait de suivre la ligne montagneuse vers le nord est et elle arriverait à la frontière, là bas la ville de Pylos serait une première étape.
Elle partit donc, résolue de choisir sa vie cette fois.


©2006-2007 Avenger

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