A few thoughts, a few sayings

-"Je suis celui qui te connais quand tu fuis jusqu'au bout du monde" Jacques Bertin (Je suis celui qui court)

- "Je ne suis pour toi qu'un renard semblable à cent mille renards. Mais, si tu m'apprivoises, nous aurons besoin l'un de l'autre. Tu seras pour moi unique au monde. Je serai pour toi unique au monde..." Saint-Exupéry (Petit Prince)

- "Et le plus beau, tu m'as trahi. Mais tu ne m'en as pas voulu" Reggiani (Le Vieux Couple)

- "We all got holes to fill And them holes are all that's real" Townes Van Zandt (To Live is To Fly)

- "Et de vivre, il s'en fout, sa vie de lui s'éloigne... Tu marches dans la rue, tu t'en fous, tu te moques, de toi, de tout, de rien, de ta vie qui s'en va." Jacques Bertin (Je parle pour celui qui a manqué le train)

- "I thought that you'd want what I want. Sorry my dear." Stephen Sondheim (Send in the clowns)

- "Pauvre, je suis de ma jeunesse, De pauvre et de petite extrace. Mon père jamais n'eu grand richesse, Ni son aïeul nommé Orace. Pauvreté nous suit à la trace, sur les tombeaux de mes ancêtres, Les âmes desquels Dieu embrasse! On n'y voit ni couronnes ni sceptres." François Villon (Pauvre, je suis)

- "Vous êtes prêts à tout obéir, tuer, croire. Des comme vous le siècle en a plein ses tiroirs. On vous solde à la pelle et c'est fort bien vendu" Aragon (Ce qu'il m'aura fallu de temps pour tout comprendre)

- "And honey I miss you and I'm being good and I'd love to be with you if only I could" Bobby Russell (Honey)

- "And I need a good woman, to make me feel like a good man should. I'm not saying I am a good man Oh but I would be if I could" Fleetwood Mac (Man of the World)

- "Je ne comprends pas ces gens qui peuvent s'installer n'importe où quand je cherche inlassablement avec la tête fermée que tu connais l'endroit où je retrouverai mon enfance" Jacques Bertin (Colline)

mardi, août 28, 2007

Le Vengeur - Chapitre 12. Thibaut - La Fuite

Voilà enfin le chapitre 12. Assez content de voir le troisième cycle (groupe de 5 chapitres) avancer.

Chapitre XII. Thibaut.

Tout avait pourtant bien commencé. Il avait réagit comme à l’entrainement : souplesse, fluidité et rapidité ! Il s’était écarté d’un pas vers la gauche, sa lame tranchant net le bois d’une pique. Le bout de celle-ci était tombé lourdement sur le pont dans un vacarme que Thibaut, dans sa concentration, n’entendait pas. D’un coup sec, il avait repoussé l’autre hallebarde avec le pied, la faisant remonter vers le haut. Son propriétaire surpris fut déséquilibré et tomba à la renverse mais Thibaut s’était déjà retourné. Il écarta une autre pique de son épée. Il était surpris de la facilité avec laquelle tout se passait. Contrairement à lui, ces hommes n’avaient pas eu un entrainement martial depuis le plus jeune âge et malgré l’avantage de l’allonge, le poids de leurs hallebardes rendait le combat presque égal. Ici pas de complication, pas de tournoi, c’était homme contre homme, talent contre talent.
Pourtant il déchanta lorsqu’il reçut un coup de bâton qui l’envoya au sol. Le temps qu’il se relève les gardes étaient sur lui. Celui dont il avait coupé la pique s’était servi de la hampe pour le bastonner. Pas très loyal se disait Thibaut encore sous le coup de la surprise alors que les hommes commençaient à lui donner des coups de pieds dans le ventre.

Malgré sa douleur actuelle il s’estimait chanceux, que serait-il arrivé s’ils n’avaient pas voulu le prendre vivant. Avait-il été trop confiant ? Etait-il aussi incapable qu’il commençait à le croire ? Pourquoi son entrainement n’avait pas fait mention de cette possibilité ?
Il était las. Que faisait-il dans ce cachot ? Que lui voulait-on ? Il se demanda combien de temps il allait devoir rester dans cette cellule aux murs suintant d’humidité. L’attente ne fut pas très longue.
Des pas lourds retentirent dans le couloir et une clé tourna dans la serrure. Il tenta vaille que vaille de se mettre debout. Deux gardes entrèrent sans lui adresser un mot, ils lui passèrent une capuche sombre sur le crâne et lui tirèrent les bras en arrière. Thibaut gémit, son corps le faisait souffrir.
Ils l’emmenèrent sans ménagement au travers des couloirs humides du château. Inquiet, presque paniqué, Thibaut tournait la tête dans tous les sens, ses yeux écarquillés essayant de capter un peu de lumière dans le noir.

Il fut jeté au sol et sa capuche enlevée. Pour le coup, il aurait préféré qu’on la lui laisse. La lumière des torches dansait sur les outils de torture et Thibaut sentit ses genoux flancher sous lui et les larmes lui monter aux yeux. « Non ! Ne faites pas ça. Mon père paiera rançon ! ». On attacha ses poignets à un anneau de métal froid et sombre. Il peinait pour toucher le sol du bout des orteils et se doutait de la douleur qu’il allait ressentir d’ici peu. « Non, je suis Thibaut Montfaucon, vous ne pouvez pas. Je suis un noble. Laissez-moi, je vous en prie. Par Saint Viach non ! » Personne ne réagissait à sa litanie, personne n’avait même un regard de compassion pour lui. Un homme le regardait dans l’ombre et semblait attendre qu’on installe Thibaut. Même dans la faible clarté de la pièce, il pouvait voir la richesse des vêtements de l’homme. Des fils d’or étaient cousus sur sa tunique bleue roi. Probablement le seigneur de Montveilh lui-même. Ca ne pouvait pas être, pourquoi celui-ci voulait-il sa mort ? Comment osait-il défier ainsi l’autorité de son seigneur ? De tels actes envers la noblesse entraineraient des représailles. La famille Montveilh serait rayée des livres d’histoires, trahison envers son seigneur lige, il n’y avait pas de pire crime. Mais tout cela ne rassurait pas Thibaut outre mesure, au contraire, il avait maintenant perdu tout espoir. Il perdit aussi toute dignité quand un prêtre de Péran fit son entrée et que sa vessie lâcha.
Historiquement les prêtres silencieux de Péran ne s’occupaient que des morts, leurs prérogatives s’étaient cependant vues étendues à tout ce qui touchait à la douleur, aux maladies incurables, aux condamnés à mort et aux tortures. On les utilisait dans ce dernier cas lorsqu’on voulait être sûr que ce qui allait être appris par ce biais ne serait pas répété. Les prêtres de Péran avaient en effet tous eu la langue arrachée lors de leur ordination. Le prêtre avait une tunique rouge sang poussiéreuse qui donnait une apparence encore plus sinistre à son regard bleu acier sans âge. Des cheveux blonds soyeux encadraient son visage. « Tel un ange de la mort. » pensa Thibaut.
La peur tenaillait le ventre de Thibaut qui se tortillait à chaque crampe virulente qui le parcourait, la sueur dégoulinait le long de ses bras musclés mais il avait froid. Seule l’urine sur ses jambes le réchauffait un peu. Il n’avait jamais été entraîné pour résister à la douleur, il se doutait bien qu’on allait lui faire avouer n’importe quoi. Probablement quelque chose qui nuirait à son père, Thibaut était encore trop jeune pour avoir un autre seigneur pour ennemi, reste qu’il ne s’était jamais douté pas que son père en avait.
Les gardes saluèrent le prêtre avec déférence. Thibaut eu cependant l’impression d’avoir déjà vu cet homme quelque part. Celui-ci retira sa capuche et Thibaut cru avoir perdu la raison. Le prêtre n’était autre que Roland le regard toujours aussi inexpressif comme s’il ne le reconnaissait pas. Il voulu ouvrir la bouche, demander pourquoi, crier sa haine aux dieux mais sous la surprise rien ne sortit.
Thibaut sentit son sang se glacer encore plus, la trahison de Roland lui insuffla un grand vide au fond de ses entrailles. Celles-ci se réchauffèrent instantanément quand son ancien compagnon attrapa un instrument de torture et le balança à la figure du garde à gauche de Thibaut. Le nez boursouflé de l’homme craqua et sembla se rétracter dans son visage alors que le sang maculait le métal de l’outil.
Roland avait déjà lâché l’outil et planté sa dague dans le gorgerin d’un second garde avant que quiconque ne réagisse. Le dernier garde avait enfin sorti son épée mais cela ne lui servi pas à grand chose.
Thibaut ne put qu’admirer la technique de son sauveur, qui se contenta d’éviter l’épée d’un mouvement fluide et de pousser le garde qui dans son élan alla se cogner contre une vierge de fer avant de s’affaler par terre. Oh il essaya bien de se relever mais Roland lui écrasa la nuque d’un coup de pieds bien senti.
L’homme dans l’ombre n’avait pas bougé mais il avait crié comme un putois « A la garde ! A la garde ! »
Ses cris se terminèrent dans un gargouillis sanglant, un objet (une dague ?) l’avait atteint au visage. Roland bougeait trop vite pour les yeux fatigués de Thibaut et celui-ci s’afférait déjà à le libérer.
- Si tu pouvais éviter de combattre une garnison tout seul la prochaine fois. J’ai pas que ça à foutre que de retrouver mes vieilles fripes pour faire le guignol dans ce taudis humide.
Thibaut ne faisait que sourire béatement en répétant le nom de son sauveur. Il lui sauta aux bras dès qu’il le put.
- Je... j’ai cru. Comment ??
- Plus tard, faut se défiler ! ça va grouiller de soldats.
Ils n’eurent pas le temps de sortir de la salle avant que deux gardes n’arrivent. Il leur fallut une seconde de trop pour comprendre ce qui se passait. De ce temps Roland avait frappé le premier dans l’entrejambe. Le deuxième encore dans l’encadrement de la porte ne pouvait sortir son épée et décida de foncer directement sur son adversaire. Roland eu un mouvement des plus étrange, flottant presque dans les airs un instant, il envoya son pied frapper le menton du soldat là où le casque ne le protégeait pas. L’homme qui allait probablement dire quelque chose claqua ses dents pourries les unes contre les autres, en cassant plusieurs et en se coupant la langue. La douleur le fit s’arrêter pour porter ses mains à son visage.
Ce réflexe permit à Roland de sortir l’épée du fourreau du garde et de la lui renfoncer directement dans le bide. Le garde était gros et Thibaut fut étonné de le voir rentrer autant le ventre sous le choc.
Roland était couvert de sang mais grâce à sa robe celui-ci passait presque inaperçu.
Ils suivirent plusieurs couloirs, Roland semblait savoir où aller et les gardes n’avaient pas encore assez d’informations pour savoir ce qui se passait. Ils passèrent même en courant devant un qui ne réagit qu’une fois qu’ils étaient passés.
C’est donc haletant et poursuivis de nombreux cris qu’ils arrivèrent sur le chemin de ronde.
Celui-ci était désert alors que le château s’illuminait au fur et à mesure. La nuit tombait et Thibaut pouvait apercevoir un certain nombre de gardes, torche au poing, qui sortaient dans la cour.
- Allez, va rejoindre gueule d’amour ! dit Roland en lui montrant un grappin accroché à un créneau.
- Qui ?
- Fonce ! Crotte de saint !

Malgré la peur de tomber, le désir de s’enfuir fut plus grand. Le fait de ne pas voir le ravin en contrebas lui permis aussi de resté concentré sur ce qu’il faisait.
En bas il fut accueilli par la fille qu’ils avaient fait prisonnier et par Philass, un instant il hésita à remonter à la corde craignant un piège. Roland l’avait suivit de peu et lui donna une tape sur le dos.
- On se barre, faut passer la frontière avant que les croteux ne se réveillent. Tu peux remercier Philass pour son tir parfait, du premier coup qu’il nous l’a placé le grappin.
Thibaut ne comprenait pas grand chose à ce qu’il se passait mais il était content que quelqu’un d’autre prenne le commandement. La fille coupa la corde et Philass tendit un morceau de pain à Thibaut.
Celui-ci réalisa alors qu’il était mort de faim.

Ils marchèrent en silence jusqu’a atteindre la sortie du village. Ils y retrouvèrent Luclin et Adian couché au fond d’une charrette sous un paquet de couverture.
Les hommes s’entretinrent à voix basse et Philass gêné vint lui parler :
- Partez vers le Liudmark monseigneur. La situation à changé. Le prince Sigmund est mort et...je ne sais comment vous l’apprendre mais les nobles ...ils ont décrété votre famille responsable. Il est..mort, pendu.
Le monde de Thibaut s’écroula.
- Il vous faut fuir, vous êtes recherché pour haute trahison. Votre famille à perdu tout ses biens et doit être exilée.
- Père ? Non, ce ne peut pas être vrai non !
Les larmes coulaient le long de ses joues et il sanglotait.
- Ne perdez pas espoir jeune seigneur. Partez ce soir, Roland et Luclin vous accompagneront et...elle aussi. Roland vous expliquera. Mais il vous faut partir. Je vais amener Adian en lieu sûr et puis j’essaierai de venir en aide et d’apprendre ce qui est arrivé à votre famille. Je ne crois pas qu’il leur soit fait du mal, on ne peut accuser une femme et des enfants n’est-ce pas ?
Il accompagna cette remarque d’un regard appuyé sur leur ancienne prisonnière. Thibaut le remarqua à peine, occupé qu’il était à pleurer.
- Je vous retrouverai. Roland est quelqu’un plein de ressources, il saura vous aider.
Ils se séparèrent ainsi, Philass menant la charrette le long de la route royale, l’obscurité les recouvrit vite.

Thibaut et ses compagnons partirent vers le nord. Ils passèrent la frontière en douce à travers la plaine. Roland les poussant de l’avant pour qu’ils soient de l’autre côté avant le lever du soleil.
Lorsqu’ils s’arrêtèrent enfin dans un sous bois, Thibaut s’affala par terre. Trop épuisé pour parler ou pour pleurer même. Il n’arrivait pas à réaliser tout ce qui s’était passé ces derniers jours et il se sentait vide. Les autres le laissèrent tranquille et Roland ne pipa même pas un mot lorsqu’il lui apporta de quoi manger. La fille s’approcha alors de lui et lui dit avec un très mauvais accent:
- Moi ...Frida...désolé toi. Liudmark maison.
Il hocha la tête, absent, en pensant « gueule d’amour ». Il pouffa et eu son premier sourire depuis ce qui lui sembla être une éternité.


©2006-2007 Avenger

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