En tout cas vous devez commencer à comprendre que la plupart de mes personnages vont trouver l'aventure bien plus amère qu'ils ne la s'imaginaient avant.
Musique d'inspiration: "La Nef - Air des chevaliers"
edit: version du 02/10/07
Chapitre IV. Orlamund - Fête au château
Les hautbois lançaient leur appel et les chœurs s’élevaient, elle contemplait la scène avec des yeux remplis d’étoiles. Son père n’était pas friand de fêtes et de musique. Jamais Orlamund n’en avait contemplée de plus belle.
Toute la cour du palais resplendissait de couleurs, des rubans ornaient les arbres, des petits fanions avaient été plantés autour du labyrinthe de fleurs préparé pour l’occasion. Elle attendait impatiemment la partie de Colin-Mayard qui allait venir.
Cette pensée la fit sourire, elle allait sûrement avoir la chance de retrouver Vance après le spectacle. Elle s’imagina encore son sourire charmeur, sa façon de lui glisser des mots doux à l’oreille sans que personne ne le remarque. Hier encore, il lui promettait de cueillir la plus belle fleur du labyrinthe pour elle et ensuite, oh ensuite ! Il lui avait volé un baiser.
Son cœur se mit à battre plus fort et elle se sentit rougir à ce souvenir, son soupirant avait pris tant de risques pour elle. Faisant mine de repousser une mèche de cheveux bruns, elle jeta un regard de biais à son père.
Le roi regardait droit devant lui sans avoir l’air de prêter attention aux ambassadeurs étrangers qui essayaient de lui soutirer une faveur ou l’autre.
Cette apparence était trompeuse, elle le savait, les yeux perçants de son père captaient le moindre détail, rien que cette pensée la fit frémir. Il devait être au courant pour elle et Vance ce n’est pas possible autrement et alors il le bannirait. Jamais il n’accepterait que sa fille soit amoureuse d’un simple écuyer.
Elle continua sa rêverie, s’imaginant tenir tête à son père et l’obliger à accepter le mariage. Lorsqu’elle s’extirpait de sa rêverie pour applaudir les artistes, elle y retombait presque immédiatement, imaginant maintenant s’enfuir avec son bel amoureux, vivre à la campagne dans une maison au bord de l’eau. Lui, rapportant des bouquets de fleurs et la couvrant de baisers pendant qu’elle rêvasserait en regardant la rivière.
Elle soupira et s’attira ainsi le regard froid de son père.
Jamais il n’aurait consentit à cette fête si la paix du royaume n’avait pas été en jeu. Tout avait été fait pour satisfaire les ambassadeurs de Liudmark mais alors que tous faisaient des efforts, son père lui gardait son regard de fer et de glace.
Quel dommage que Mère ne soit plus là pour réchauffer son coeur. Kylios Forcefer n’avait plus jamais sourit depuis la mort de celle-ci. Elle frissonna et imagina les bras de Vance autour d’elle.
Ne tenant plus sur place, elle s’excusa auprès de ses dames de compagnie, prétextant un besoin urgent. Son intendante, la grosse Verna, était tellement obnubilée par les artistes qu’elle ne la vit pas se lever. S’éloignant rapidement, elle s’éclipsa dans le labyrinthe, peut-être que son chevalier servant l’y attendait déjà. En effet, celui-ci était en train de ramasser un bouquet de fleur en son centre et se retourna quand elle arriva.
Elle courut dans ses bras :
- Oh Vance ! Emmène-moi loin d’ici, partons et marrions nous.
Celui-ci sourit, calme comme à son habitude, et se mit alors à lui parler doucement, à la rassurer et à lui susurrer des mots doux. Ils s’embrassèrent et Orlamund ressentit tout l’amour qu’elle portait à ce jeune homme. Elle sentit ses mains glisser dans son dos et voulut que jamais cela ne cesse.
Son souffle chaud lui caressa le cou alors qu’il la couvrait de baisers, elle glissa ses doigts dans sa chevelure et sourit lorsqu’il sursauta. Elle sentit ses mains retomber sur ses hanches et une bouffée de chaleur l’assaillit. Son amant lova sa tête contre son épaule et la repoussait contre les buissons, elle se débattit un peu.
- Vance tu vas me faire tomber dit-elle en gazouillant de plaisir.
Elle ouvrit les yeux et découvrit ceux grands ouverts et morts qui la fixaient. Elle cria et tomba à la renverse, le corps de Vance la recouvrant, déversant son sang sur sa robe. C’était le sang de son amant qui l’avait réchauffée et non un quelconque frisson de désir. L’horreur la pétrifia alors qu’elle relevait la tête prête à appeler de l’aide.
Son père la toisait de haut, son couteau encore rouge dans la main.
- Petite idiote. Furent ses premiers mots.
- Non ! Nooon ! Vance ! Noon ! sanglotait-elle en secouant le corps inanimé de son aimé.
Le roi donna son couteau ensanglanté à un de ses gardes. Celui-ci s’empressa de le planter en terre et de l’essuyer sur son pourpoint afin de le nettoyer.
Il l’attrapa par le bras et la releva violemment.
- Je te croyais plus intelligente que cela. Tu es une princesse ! Jamais ma fille ne frayera avec un simple écuyer coureur de jupons. Encore moins…
- Tu ne peux pas dire ça ! Tu ne connais rien à l’amour, Vance est…était …Vance m’aimait ! Il…
Son père la gifla.
- Ne me parle pas de ce que je connais ou pas. Ton « Vance »…
Jamais Orlamund n’avait entendu son père utiliser un ton aussi méprisant.
- …a engrossé trois servantes sur la seule dernière année. Tu crois peut-être qu’il t’aimait, qu’il se souciait de tes sentiments. Tout ce qui l’intéressait était de se faire une petite dinde de plus, une princesse quel met exquis pour ce godelureau. Et tu aurais aimé ça n’est-ce pas ?
Orlamund aurait voulu lui dire d’arrêter, elle aurait voulu l’empêcher de diffamer ainsi son amour. Mais son cœur la faisait souffrir, elle se sentait déchirée de l’intérieur. Elle se sentait comme recroquevillée sur elle-même alors que son père la tenait debout, lui serrant toujours le bras sans aucun ménagement. Il lui faisait mal mais ses mots lui avaient fait plus de mal encore, plus qu’il ne pourrait jamais plus lui en faire.
- Lâche-moi. dit-elle en essuyant ses larmes.
Elle était une princesse en effet et elle n’allait plus pleurer devant ce monstre sans cœur. Il la regarda froidement dans les yeux, se demandant probablement si elle allait tenter de faire un esclandre.
Elle savait que son père ne mentait pas, Kylios Forcefer ne s’était jamais embarrassé de mensonges. Mais aujourd’hui n’était pas le jour pour réfléchir à sa propre conduite. Ne savait-elle pas au fond d’elle-même que tout cela n’avait été que folie ?
Peu importe ! Il était peut-être roi de ce pays mais jamais elle ne lui pardonnerait de l’avoir traitée ainsi.
Utilisant sa colère pour se refaire un visage fier et dur, elle lui cracha au visage un :
- Je te hais !
- Peu me chaut ton amour. Ton rang exige que tu fasses honneur à ta famille, rien d’autre. Si ta mère avait été là, elle aurait pu…
- Elle est morte…tout comme Vance. Ça te soulage peut-être de tuer les gens que j’aime ?
Il la gifla à nouveau, plus fort cette fois. Elle chancela. Sa joue la brûlait.
- Je ne pouvais laisser vivre quelqu’un qui ridiculise ainsi notre famille. T’aurait-il engrossée que tu aurais fini tes jours au couvent, reniée et sans honneur. Un jour peut-être tu prêteras plus attention à ce qui se passe autour de toi.
Il se tourna alors vers ses gardes.
- La princesse est fatiguée, raccompagnez là dans ses quartiers.
La tête haute, Orlamund décida qu’elle n’adresserait plus jamais la parole à son père. Le garde qui s’était occupé du couteau de celui-ci s’inclina devant elle:
- Princesse, si vous voulez bien me suivre.
L’homme n’était pour rien dans tout cela, elle le suivit donc, arborant fièrement ses joues marquées de la main royale.
Elle n’eut cependant pas le succès escompté, son gardien préférant éviter les ennuis face aux ambassadeurs fit un détour par l’arrière du château.
Ils passèrent au milieu des tentes des comédiens, ceux-ci n’étaient bien sûr pas autorisés à entrer dans l’enceinte même.
Plusieurs d’entre eux se changeaient en rigolant, certains retiraient les robes et les artifices qu’ils avaient utilisés pour se faire passer pour des femmes, interdites dans la profession.
Elle les ignora superbement, si seuls les manants pouvaient voir son visage, que cela soit. Peut-être l’un d’entre eux en ferait une chanson ?
Elle imaginait déjà le titre « La Princesse torturée ». Une mélodie triste, l’histoire d’une fille superbe emprisonnée par son père, un jeune chevalier viendrait pour la sauver et …
Elle se cogna à un homme qui la regardait en souriant. Décidemment il faudrait qu’elle arrête de rêver en marchant, mais cet homme aurait du s’écarter !
- Imbécile, vous ne savez donc pas qui je suis ? Laissez-moi donc passer ou je serais obligée de vous faire rosser par mon garde.
L’homme partit d’un rire gras.
- Tu nous facilites la tâche la donzelle, droit dans la gueule du loup.
Il lui attrapa le bras.
- Impudent ! Garde !
Un autre homme, le visage encore grimé en femme s’était approché et la mimait « gaarde gaaarde ! » d’une voix de fausset.
Elle voulut se retourner pour voir ce que faisait son gardien mais un troisième compère était là, un sourire mauvais et gâté. Il la regardait de près, la tête penchée tantôt à droite tantôt à gauche. Il avait le visage émacié, des yeux fiévreux rentrés dans leurs orbites et une dentition à faire pâlir un cheval. Elle voulu reculer face à ce regard fou mais l’autre homme lui attrapa les bras.
- Mmmm jeune et fraiche, une belle prise ! dit-il en voulant lui toucher le visage.
- Lâchez-moi ! Gaarde Ga…
L’homme derrière elle lui mit la main sous le menton.
- Tut tut tut, petite princesse. Dit-il avant de relâcher son emprise.
Le fou lui montra alors la tête du garde, coupée net, elle affichait un regard effrayé au dessus d’une bouche béante, la chair déchirée à la base du cou dégoulinait de sang. Elle eu du mal à reconnaître l’homme qu’elle connaissait dans cet objet macabre. Elle sentit la nausée monter et vomit sur l’homme.
Celui-ci ouvrit grand les yeux et la frappa avec un rictus mauvais.
- Sale garce, je vais te saigner ! dit-il en sortant un long poignard.
- Arrête Devian ! Tu sais qu’on ne doit lui faire aucun mal avant la livraison.
Elle aurait bien voulu demander ce qu’ils lui voulaient mais en vérité elle tremblait de peur, la gorge en feu d’avoir vomit, elle était certaine que plus aucun son ne sortirait de sa bouche. Elle pria pour que quelqu’un passe par là et alerte la garde.
Ils la bâillonnèrent et lui attachèrent les mains dans le dos. Le fou ne faisait que tourner autour d’elle, il la regardait toujours en penchant sa tête de droite à gauche.
- Petite oie hehe oui petite oie. Pas de mal oh non.
Il parlait tout seul et la terrifiait.
- Pas de mal, rien que du bon. Et tu aimeras ça oh oui, tu aimeras ce que Devian va te faire, hehehe. Disait-il en jouant avec son couteau.
Pour la seconde fois de la journée, Orlamund pleura. Les dieux devaient être bien cruels pour lui infliger tout cela.
Pourquoi son père avait-il été là pour assassiner son amant mais était absent pour la sauver de ces bandits? Etait-ce encore un de ces sales tours pour lui faire peur ?
Elle se posait des milliers de questions : Que lui voulaient ces hommes ? Qui étaient-ils ? Pourquoi ne s’était-elle pas débattue ? Pourquoi n’avait-elle pas crié directement ? Pourquoi, pourquoi, pourquoi, …ce mot résonnait dans son crâne.
Ils la firent entrer dans une tente, une femme aux cheveux gris et aux traits bovins l’y attendait ainsi qu’une malle ouverte, capitonnée.
Elle comprit alors qu’ils allaient l’enlever, elle se débattit mais il était trop tard pour cela. La femme et Devian l’immobilisèrent et la poussèrent vers la malle.
Lorsqu’ils l’y installèrent, Devian commençait à la toucher. Elle sentit ses mains errer sur son corps. Elle l’entendait ricaner alors qu’il lui pressait un sein. Il lui faisait mal. Orlamund sut que son calvaire ne faisait que commencer. Elle sanglotait tellement qu’elle avait du mal à respirer, son nez coulait tout autant que ses larmes.
La femme mit fin aux tripotages du fou d’une tape sur les mains mais avant même que Orlamund puisse profiter de ce répit le couvercle se referma. La laissant seule et désespérée dans le noir. Elle aurait tant voulu pouvoir crier maintenant.
©2006-2007 SA_Avenger
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