A few thoughts, a few sayings

-"Je suis celui qui te connais quand tu fuis jusqu'au bout du monde" Jacques Bertin (Je suis celui qui court)

- "Je ne suis pour toi qu'un renard semblable à cent mille renards. Mais, si tu m'apprivoises, nous aurons besoin l'un de l'autre. Tu seras pour moi unique au monde. Je serai pour toi unique au monde..." Saint-Exupéry (Petit Prince)

- "Et le plus beau, tu m'as trahi. Mais tu ne m'en as pas voulu" Reggiani (Le Vieux Couple)

- "We all got holes to fill And them holes are all that's real" Townes Van Zandt (To Live is To Fly)

- "Et de vivre, il s'en fout, sa vie de lui s'éloigne... Tu marches dans la rue, tu t'en fous, tu te moques, de toi, de tout, de rien, de ta vie qui s'en va." Jacques Bertin (Je parle pour celui qui a manqué le train)

- "I thought that you'd want what I want. Sorry my dear." Stephen Sondheim (Send in the clowns)

- "Pauvre, je suis de ma jeunesse, De pauvre et de petite extrace. Mon père jamais n'eu grand richesse, Ni son aïeul nommé Orace. Pauvreté nous suit à la trace, sur les tombeaux de mes ancêtres, Les âmes desquels Dieu embrasse! On n'y voit ni couronnes ni sceptres." François Villon (Pauvre, je suis)

- "Vous êtes prêts à tout obéir, tuer, croire. Des comme vous le siècle en a plein ses tiroirs. On vous solde à la pelle et c'est fort bien vendu" Aragon (Ce qu'il m'aura fallu de temps pour tout comprendre)

- "And honey I miss you and I'm being good and I'd love to be with you if only I could" Bobby Russell (Honey)

- "And I need a good woman, to make me feel like a good man should. I'm not saying I am a good man Oh but I would be if I could" Fleetwood Mac (Man of the World)

- "Je ne comprends pas ces gens qui peuvent s'installer n'importe où quand je cherche inlassablement avec la tête fermée que tu connais l'endroit où je retrouverai mon enfance" Jacques Bertin (Colline)

vendredi, août 31, 2007

Le Vengeur - Chapitre 18. Saymar - Souvenirs

Et encore un. On retourne ici sur les événements qui se sont produits en un an pour Saymar.

Musique d'inspiration: James Blunt - You're beautiful

Chapitre XVIII. Saymar - Souvenirs


Si belle ! Dans sa jupe légère qui virevoltait, ses pieds nus se posant légèrement sur l’herbe fraiche, Anna était aussi éblouissante que l’aube. Le soleil se reflétait dans sa chevelure rousse lui lançant des reflets rouges. Elle avait les yeux qui pétillait et riait, riait encore en tournoyant. Ses épaules blanches et nues semblaient aussi douces que des pèches. Elle prit Laurent par la main et l’entraîna plus loin.
Elle ne lui avait même pas accordé un seul regard et pourtant il était sûr qu’elle savait qu’il était là.

Saymar cracha le brin d’herbe qu’il mâchouillait depuis une heure et se redressa. Il fit jouer ses muscles endoloris d’être resté trop longtemps prostré contre la barrière, l’air de rien. Comme s’il n’avait rien d’autre à foutre que de faire semblant de regarder le paysage.
Même pas un putain de regard. Un an que ça durait. Bah !
Il aurait bien voulu s’en foutre mais il ne pouvait s’empêcher de la regarder et de se demander si elle lui en voulait toujours à mort. Avait-elle oublié sa haine et sa promesse ?
Il avait beaucoup trop pensé à elle depuis. Au début, il sursautait à chaque fois qu’elle s’approchait, il ne pouvait la quitter des yeux de peur qu’elle ne tente encore de l’assassiner.
Elle lui avait présenté un visage agréable, une indifférence polie, celui d’une adolescente face à un adulte qu’on connait peu. Il avait tenté de tourner la page, d’oublier cet épisode, de l’attribuer à une lubie.
Mais quand il allait se coucher, il restait là les yeux ouverts à se retourner encore et encore et à sursauter au moindre bruit. Une fois endormi, ses nuits étaient hantées par le souvenir du corps nu d’Anna, il rêvait de lui faire l’amour, il rêvait qu’il tentait de l’attraper.
« Salope ! » Il cracha par terre. Elle avait bel et bien réussi à l’ensorceler, jamais une femme ne lui avait fait cet effet avant et il savait très bien cette fameuse nuit en était la cause.
Quand il croisait son regard il sentait des fourmis lui parcourir l’échine et il souriait bêtement, gêné.

Au bout d’une semaine, il était allé voir Laura et l’avait prise là sur le sol. Elle l’avait giflé ensuite et puis embrassé comme si elle aimait sa sauvagerie. Lui en avait été malade, il avait failli régurgiter son repas avant la fin de leurs ébats et était parti, en évitant son regard. Elle y aurait vu un dégoût profond. Laura n’était pas Anna, aucune ne l’était et ça commençait sérieusement à l’énerver.
Il s’était alors jeté à corps perdu dans la logistique, il avait planifié, travaillé tard et planifié encore pour le jour où les soldats de Liudmark viendraient les débusquer.

Un matin, Haytor était venu le trouver en catastrophe :
- Des soldats ! Par centaine.
Le camp était en effervescence. Ils étaient maintenant une bonne quarantaine d’hommes et de femmes qui savaient se battre. Ceux qui n’en étaient pas capables se préparaient à lever le camp pour s’enfoncer plus profondément dans la forêt, vers les marais. Les autres s’harnachaient.
Mais les soldats ne venaient pas du nord. Toujours pas de nouvelles d’une quelconque force armée de Liudmark dans la région. Non, les troupes présentes venaient des Royaumes du Sud, plusieurs centaines d’hommes en livrée attendaient les bandits.
Les plus jeunes près de Saymar pissèrent dans leur froc quand ils virent les bois remplis d’hommes d’armes. Haytor lui même avait la bouche fermée, crispée.
Banditisme, ils seraient tous pendus pour ça. Il ne s’était jamais attendu à voir une réaction de ces crétins du Sud, putain il ne savait même pas ce qu’on pourrait vraiment leur reprocher, ils n’avaient même pas piqué un putain d’oignon de ce côté ci de la frontière et ils payaient tout en espèce sonnante et trébuchante. Faire bonne figure avec les populations du coin lui avait semblé un bon plan pour rester discret malheureusement les hommes le sont rarement quand ils ont une pièce d’or à dépenser.
Un héraut s’avança et lança :
- Nous voulons parlementer avec votre chef !
Saymar se retrouva presque seul, les autres s’écartant de lui sauf Pilton. Saymar fit la moue, serra l’épaule de son frère et s’avança.
- Qu’est-ce que vous lui voulez ?
Le héraut s’éclairci la gorge avant de prononcer solennellement :
- Les forces de la Dix-Huitième sous le commandement du Général Mark et du lieutenant Frihan demande à se joindre aux glorieux « Soldats de la Princesse » et d’ainsi continuer la lutte contre l’offenseur Liudmarkien à vos côtés, le Roi Kylios ne pouvant autorisé une force d’attaque officielle ne peut donc cautionner notre action, nos officiers ont pris la décision de....Saymar se crut encore endormi, il se retourna vers Pilton, ignorant le héraut qui continuait à déblatérer.
- Il veut quoi ce con ?
Le héraut gêner s’interrompit et se retourna vers ses officiers. L’un d’entre eux s’avança. C’était un grand moustachu au regard bleu acier, les cheveux noirs coupés courts et les pectoraux bien en avant. Il faisait probablement deux fois la largeur de Saymar si pas trois. « Je pourrais me tenir tout seul dans une de ses cuisses » pensa-t’il.
L’homme s’avança et lui tendit la main « Je suis content de trouver un homme qui a la tête sur les épaules et va droit au but. » Il serra la main de Saymar tellement fort que celui-ci grimaça et se recroquevilla.
- Vos exploits parcourent le pays, je suis sûr que d’autres hommes nous rejoindront bientôt. On va leur faire payer à ces salauds.
Saymar réfléchissait à toute vitesse. Rembarrer le type et c’était la mort assurée pour tout son groupe. Mais c’est quoi qu’ils voulaient ces types ? Et depuis quand les appelait-on les « Soldats de la Princesse » ?
- Euh...ouais c’est sûr. Mais euh vous comptez faire quoi là ?
Le regard de l’homme se durcit, il le jaugeait et ne semblait pas aimer beaucoup ce qu’il voyait.
- On peut parler en privé ?
Ils s’éloignèrent donc, le vent faisait craquer les arbres et l’automne n’allait pas tarder à arriver. Saymar se demanda si ce n’était tout simplement pas la fin.
- Je sais que vous n’êtes qu’un brigand, recherché pour meurtre de surcroit.
Saymar sentit un frisson glacé lui secouer l’échine et son ventre se liquéfier.
- Personnellement ça me débecte de devoir m’allier à un personnage de votre espèce. Seulement voilà, la moitié du royaume ne parle que de vous. Vous avez oblitérez un régiment entier de patrouilleur en une seule nuit. En temps normal, on vous aurait pendu et on aurait offert les têtes au Liudmark pour s’excuser du désagrément. Mais ce ne sont pas des temps normaux, la princesse s’est faite enlevée au sein même du château royal, plusieurs gardes ont été tués et personne n’a rien vu. Les questeurs ne l’ont toujours pas retrouvée et n’ont aucune preuve que le Liudmark est en cause. Seulement voilà pour quoi risquer ainsi les relations entre nos deux pays ? Le commerce est perturbé et tout le monde y perds. Le roi a renvoyé les ambassadeurs en leur interdisant de revenir sans la princesse saine et sauve. Ce qui a été pris comme un affront car nous n’avons aucune preuve tangible et le roi Frederik joue l’innocent. Aucun de nos espions ne peut nous dire grand chose sauf que le Liudmark se prépare à la guerre mais contre qui ?
Saymar digérait l’information tout en se demandant ce qu’il pouvait bien avoir à faire là dedans. Sourcils levés, il regardait l’homme déblatérer sur la situation politique actuelle.
- Ce n’est pas logique ! Ce qui est sûr c’est que le roi Kylios se retrouve coincé. Soit il joue le bras de fer, menace d’attaquer si on ne lui rend pas sa fille et passe pour un souverain impétueux qui cherche la guerre. Soit il attend. Et c’est ce qu’il a choisi. Le royaume a déjà survécu à une attaque surprise de Liudmark et il y’a peu de chance que ce soit différent cette fois, les cités libres nous enverraient des troupes en quelques mois. Bref il attend mais ne reste pas les bras croisé pour autant mais aux yeux de la population il est en train de passer pour un lâche. Le peuple s’en fout des risques économiques et des horreurs de la guerre, ils veulent que le roi trouve et punisse les coupables, quitte à envahir Liudmark.
- Mais vous êtes qui vous ?
- Vilnius Mark, lieutenant de la garde noire.
- Pfrrrt. C’était pas général de la ‘ché pas quantième tantôt ?

- La dix-huitième n’a jamais existée. Elle vient d’être crée de toute pièce avec des volontaires. La moitié des troupes ici sont membres de la garde noire, la police secrète du roi. Vous avez la réputation, le roi Frederik se demande encore si vous êtes une force armée ou de simples brigands. Vous traitez de brigands publiquement reviendrait à avouer que les frontières ne sont pas sûres et que ses soldats ont perdus une bataille contre des paysans. Vous imaginez bien le dilemme dans lequel il se trouve. S’il accuse le roi Kylios d’être derrière tout ça il prend le risque d’une escalade militaire s’il fait l’inverse il perd de son prestige et de sa crédibilité.
- Et nous là dedans?
- On veut intensifier vos actions et fournir une lueur d’espoir au peuple. Les gens sont mécontents que le roi ne fasse rien, les soldats commencent à déserter. On va canaliser tout ces gens par ici et donner du fil à retordre à nos voisins, couper leurs lignes de ravitaillement, diminuer leur effort de guerre. Bref leur donner des cauchemars tout ça sans jamais impliquer l’armée du Sud.

- Avec vos uniformes c’est mal barré.
- Ne vous inquiétez pas, des charriots sont restés au village sous bonne escorte, ils sont remplis à ras bord avec de l’équipement et du ravitaillement. Aidez-nous à nous battre au nom de la princesse et vous deviendrez un héro, riche de surcroit. J’ai toute latitude pour ce faire du moment que c’est dans les intérêts de la couronne. Vu que l’alternative est la corde je pense que nous sommes suffisamment généreux.

- Puisque j’ai pas le choix, je vois même pas pourquoi vous me demandez mon avis. Mais ça me plait pas de jouer les portes étendards. J’suis pas un soldat moi.
- On s’occupera de la logistique et des questions pratiques, tout ce que vous aurez à faire c’est apparaître comme le général de notre petite armée et faire de jolis discours devant les populations.


Et c’est vrai que la vie avait été plus facile ensuite. Les soldats s’étaient installés avec eux et avait pris toutes les questions logistiques et d’entrainement en main. Saymar s’était enfermé dans sa tente en ruminant. Sa petite vie pépère était finie et il se retrouvait coincé dans une prison dorée. Général sans réel pouvoir. Il était sorti de sa réserve quand Mark avait voulu renvoyé les femmes chez elle. Alerté par Laura, Saymar était sorti en trombe et avait gueulé sur l’officier devant tout le monde.
- Putain vous vous prenez pour qui ? Elles ont combattus aussi bien que les autres. Je me fous de ce que vous avez fait avant mais si vous manquez encore une seule fois de respect envers les nôtres je vous renvoie en morceau à votre famille de merde.
Tout le monde les regardait et Mark avait du faire amende honorable afin de sauvegarder les apparences, les choses étaient maintenant claires, Saymar continuait à prendre les décisions. Leur rapport étaient assez froids depuis mais les hommes avaient été assez content de s’entraîner avec des femmes. Les soldats avait pris un peu trop leur aise et Saymar n’hésita pas en pendre deux pour viol ce qui calme les autres assez rapidement. Au bout d’un mois de cohabitation difficile, ils firent route vers le nord et traversèrent la frontière pour de bon.

Saymar grimaça. Putain de soldats. Leur plan c’était de tout brûler sur le passage pour faire réagir le Liudmark et installer un climat de peur. Saymar avait changé tout ça. Son but était de piller les châteaux et de laisser la population tranquille.
Ils avaient pris le castel Rouarde par surprise. Le pont levis était baissé, les gens vaquaient à leurs occupations. Les troupes de Saymar s’étaient approchées à couvert et puis il avait envoyé quelques hommes et femmes à l’intérieur. L’alarme fut donnée alors que le château était déjà pris. Seulement la population ne le prit pas aussi bien qu’il l’avait espéré. Craignant des pillages et des viols la moitié s’enfuit, l’autre tenta de résister à l’envahisseur. Ils ne pouvaient pas faire grand chose mais se barricadaient chez eux ou lançaient des pierres. Haytor et ses hommes calmaient les ardeurs des soldats de métier qui avaient tendance à vouloir résoudre les problèmes au fil de l’épée.
Saymar se plaça sur un tonneau au centre du village, ses cheveux lui tombant sur les yeux. Il s’éclaircit la voix et commença son discours bidon sur la libération du peuple de Liudmark de l’oppression de la noblesse. Seulement une vieille arriva et tenta de le faire descendre de son tonneau. Elle parlait un patois incompréhensible et frappait ceux qui essayaient de la retenir. Saymar garda son calme et continua son discours en parlant plus fort. Certaines fenêtres s’étaient ouvertes et il voyait des gens dans l’ombre qui écoutaient. Mais la vieille ne le lâchait pas et se mit à crier des choses incompréhensibles, s’agrippant à ses chausses.
Conscient qu’il allait passer pour un bouffon devant plusieurs centaines de personnes, Saymar sentit un calme profond l’envahir. Il descendit du tonneau et serra la vieille dans ses bras. Il serra et serra encore. La vieille se débattit et puis il entendit un crac de sa nuque et elle retomba flasque. Il fit un signe à ses hommes pour qu’ils l’emmènent et repris son discours. Il n’oublierait jamais le regard qu’ils avaient tous autant qu’ils étaient, choqués. Sauf Anna, elle avait rejoint les soldats peu de temps auparavant et souriait lorsqu’il creva la vieille. Etrangement ça le gêna, il s’en foutait en général de ce que les autres pensait et il savait bien qu’il aurait pu ordonner le massacre de tout le village que les autres l’auraient suivis tout de même. Mais le regard qu’elle avait lorsqu’il craqua la nuque de la vioq lui fit terriblement penser à cette nuit où elle lui avait promis un sort identique. Le pire était de voir qu’elle prenait autant de plaisir à le voir quelqu’un clamser, il se demanda même si elle n’avait pas plus de plaisir que lui. Parce que bon, crever du vieux ça le faisait pas franchement bander, c’était juste un défouloir. Un putain de bon défouloir.

Saymar gloussa. Se rappeler tout ces souvenirs lui avait fait du bien. Le reste de la campagne s’était bien passée au final. Ils avaient capturé deux autres petits forts et gagné à leur causes de nombreux villages qui se réjouissait de l’or et des provisions apportées par l’armée. Ils avaient rejoint la voie centrale il y’a un mois à peine et maintenant ils attendaient. Tout marchand désirant passer devait payer un tribu pour ce faire, les convois d’armes étaient réquisitionnés. Cette situation ne devrait plus trop durer car l’armée de Liudmark était en chemin. Enfin !
Plus de vingt-cinq milles hommes aux dernières nouvelles, ils avaient mis du temps mais ils avaient fait ça bien. Saymar pouvait au mieux compter sur dix milles hommes, les déserteurs avaient été nombreux à les rejoindre, des villageois aussi mais au final ils étaient trop loin de la frontière maintenant pour recevoir une aide substantielle. N’empêche passer de trente à dix mille en un an c’était un bon score, on n’était pas prêt d’oublier le général Saymar.
Bah de toute façon ça faisait trop longtemps qu’il n’avait senti son couteau crever un bide bien gras, ça lui ferait peut-être oublier cette catin d’Anna et son petit soldat. Laurent ? Quel nom à la con.
Il inspira profondément l’air du matin, il était temps de se remettre au boulot, il fallait être prêt pour accueillir tout ces braves soldats. Il tapa du pieds dans une pierre, souriant et parti en sifflant vers son état major.


©2006-2007 Avenger

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