A few thoughts, a few sayings

-"Je suis celui qui te connais quand tu fuis jusqu'au bout du monde" Jacques Bertin (Je suis celui qui court)

- "Je ne suis pour toi qu'un renard semblable à cent mille renards. Mais, si tu m'apprivoises, nous aurons besoin l'un de l'autre. Tu seras pour moi unique au monde. Je serai pour toi unique au monde..." Saint-Exupéry (Petit Prince)

- "Et le plus beau, tu m'as trahi. Mais tu ne m'en as pas voulu" Reggiani (Le Vieux Couple)

- "We all got holes to fill And them holes are all that's real" Townes Van Zandt (To Live is To Fly)

- "Et de vivre, il s'en fout, sa vie de lui s'éloigne... Tu marches dans la rue, tu t'en fous, tu te moques, de toi, de tout, de rien, de ta vie qui s'en va." Jacques Bertin (Je parle pour celui qui a manqué le train)

- "I thought that you'd want what I want. Sorry my dear." Stephen Sondheim (Send in the clowns)

- "Pauvre, je suis de ma jeunesse, De pauvre et de petite extrace. Mon père jamais n'eu grand richesse, Ni son aïeul nommé Orace. Pauvreté nous suit à la trace, sur les tombeaux de mes ancêtres, Les âmes desquels Dieu embrasse! On n'y voit ni couronnes ni sceptres." François Villon (Pauvre, je suis)

- "Vous êtes prêts à tout obéir, tuer, croire. Des comme vous le siècle en a plein ses tiroirs. On vous solde à la pelle et c'est fort bien vendu" Aragon (Ce qu'il m'aura fallu de temps pour tout comprendre)

- "And honey I miss you and I'm being good and I'd love to be with you if only I could" Bobby Russell (Honey)

- "And I need a good woman, to make me feel like a good man should. I'm not saying I am a good man Oh but I would be if I could" Fleetwood Mac (Man of the World)

- "Je ne comprends pas ces gens qui peuvent s'installer n'importe où quand je cherche inlassablement avec la tête fermée que tu connais l'endroit où je retrouverai mon enfance" Jacques Bertin (Colline)

vendredi, août 31, 2007

Le Vengeur - Chapitre 17. Thibaut - Le Débarquement

Voici le premier chapitre de la deuxième partie de mon histoire. Un an a passé et je vais donc beaucoup revenir sur ce qu'il s'est passé cette année dans ce cycle.

Musique d'inspiration: Corvus Corax - Hymnus Cantica


Chapitre XVII. Thibaut - Débarquement


Les vagues se jetaient sur les planches calfatées de la barge. Les embruns aspergèrent le visage de Thibaut et les hommes qui l’entouraient rendant leurs casques luisant. Il pouvait apercevoir les cheveux blonds de Roland dans une autre barge un peu plus loin, celle-ci était ballotée par les vagues et semblait perdue au milieu de la brume. Il espérait de tout coeur que leur plan allait marcher. Thibaut ramena son regard sur les soldats dans son embarcation. La moitié n’avait plus rien à vomir et ce n’est pas la première fois que Thibaut remerciait les cieux pour les embruns qui balayaient l’odeur. Il suffirait d’un seul rocher pour mettre fin à leur voyage. Les cartes n’étaient pas très précises et Thibaut savait que son plan faisait plus confiance à la chance et à l’audace qu’à un réel génie tacticien. Tout ces hommes avaient pourtant foi en lui, ils donneraient leur vie pour lui et nombreux seront ceux qui le feraient avant la fin du mois. Pourtant les choses n’avaient pas toujours été ainsi.
En un an, il avait eu le temps de monter en grade, rapidement d’ailleurs.

Après vérification des rumeurs sur la disgrâce de sa famille et la mort de son père, la vengeance lui avait noirci l’esprit. Ne disposant d’aucune ressource autre que son nom, il décida de s’engager dans l’armée Liudmarkienne le plus tôt possible. Roland avait bien tenté de l’en dissuader mais il n’en avait pas démordu.
Arrivé à la capitale, il était allé voir le premier capitaine qu’il avait rencontré et alors qu’il entendait Roland le traiter de « crâne de piaf » avait demandé à s’engager.
L’homme était un vétéran d’une quarantaine d’année, le visage marqué par des années à porter un casque, il avait souri d’un air mauvais en le toisant de haut en bas.
- N’engach pas co les esfants avait-il répondu.
Thibaut réalisa que la langue commune n’était pas aussi répandue qu’on lui avait dit et qu’il allait devoir ressortir son vocabulaire Liudmarkien du fonds de sa mémoire.
- Je suis Thibaut Montfaucon, fils d’un seigneur déchu, donnez moi un bataillon et je ferrai tomber Montveilh avant la prochaine lune. Les saints eux même chanteront les louanges des soldats Liudmarkiens.
Le capitaine avait arrêté de sourire et fronçait les yeux dans un effort de réflexion intense. Sans trop savoir que faire de ce jeune homme arrogant, il l’avait emmené voir son supérieur qui lui même l’avait emmené voir son supérieur.
Le Liudmark n’était pas en guerre mais préparait quelque chose, on interrogea Thibaut parfois gentiment, parfois de façon plus musclée, on le sépara de ses compagnons, le laissa mariner un jour au cachot pour le recevoir le lendemain dans un somptueux appartement et l’accueillir comme un pair.
La machine était en route et Thibaut ne fit qu’attendre le résultat final.
Il n’avait fait que compter sur la haine que devait encore éprouver les vétérans de leur défaite vingt ans plus tôt contre les troupes des royaumes. Pourtant dans sa rancoeur, il ne pouvait que prendre cette haine là de haut, elle n’était rien par rapport à ce que lui éprouvait envers la noblesse de son pays natal.
Il ne fallu pas une semaine pour qu’on lui présente le roi du Liudmark. L’homme était vieux mais le paraissait encore plus. Affalé sur son siège il faisait allégrement plus de cent kilos. Pourtant on se doutait que cette masse avait été du muscle a une époque pas si lointaine. Ses yeux étaient bleus clairs et contrastait avec ses cheveux blancs et sa mine grêlée. Thibaut se senti affreusement jeune dans ses habits de marche et son petit visage rond encore boutonneux.
De son trône, le monarque s’était contenté de le regarder dans les yeux un long moment et avait dit :
- Un bataillon pour faire tomber Montveilh et ses deux remparts mmm ? Soyez heureux que je ne vous mette pas au défi.
- Je promets que ....
- Assez ! Des nobles arrogants j’en ai plein mes chausses à ne plus savoir qu’en foutre. Montfaucon ! Un nom illustre, votre père était un meneur d’hommes hors pair, à mon grand damne d’ailleurs. Ces imbéciles préféraient crever vingt fois que voir leur seigneur se cogner un orteil. Si vous avez ne fut-ce qu’un dixième de sa valeur ce n’est pas un bataillon que je vous donnerai mais toute une armée.

Thibaut restait bouche bée, il ne s’attendait pas vraiment à ce que le roi parle de manière aussi familière.
- Tu t’attendais à quoi ? Des cérémoniaux et à ce que tu me baises les fesses fardées d’épices rares peut-être ? T’es rien qu’un noble pisseux qu’est trop en colère pour voir qu’il ferrait mieux de se reconvertir dans l’agriculture. Et pourtant, t’as été assez con pour remuer tout mon état major. Ces imbéciles sont certains que je suis derrière tout ça, que je rallie la noblesse des royaumes à notre cause et autres saloperies. Tu crois franchement que j’ai que ça à foutre de m’occuper de ta petite vengeance ?
Thibaut ne savait vraiment plus quoi dire, trop choqué pour vraiment être blessé par les paroles du souverain et trop perdu pour savoir que faire de sa vie si le souverain le rejetait.
- Un bataillon et le grade de capitaine. Si d’ici trois mois ces pisseux ne sont pas prêt à s’arracher les couilles avec les dents pour être le premier à te moucher la morve qui te coule du nez, je te fais pendre par les pieds à la frontière, comme ça tu la verras tomber longtemps la forteresse de Montveilh.
Exultant, Thibaut s’apprêta donc à prendre congé à force de nombreux merci.
- Une dernière chose Montfaucon.
- Oui Sire ?
- Vous faites pas d’illusions avec ma fille. Elle n’en a jamais fait qu’à sa tête. Mais touchez à un seul de ses cheveux et je vous écorche vif.
- Pa...pardon sire ? Vo..votre fille ?
demanda Thibaut les yeux écarquillés.
Le monarque éclata alors d’un rire tonitruant. Il le congédia d’un geste de la main en se tapant sur les cuisses, les larmes aux yeux et plié de rire, affalé sur les bras de son trône. Aujourd’hui encore, Thibaut avait l’image de ce double menton qui se trémoussait de rire alors que lui, imbécile, se demandait de quoi on lui parlait. Imbécile, il l’était pour sûr.

Les falaises de la côté approchaient et Thibaut ordonna à son second de donner le signal. Des drapeaux furent agités de barge en barge et la plupart des hommes se relevèrent péniblement. Leurs armures si belles hier étaient maintenant maculées de merde et de vomi. Thibaut eu un petit sourire en coin. En un an son monde avait bien changé, de l’innocence du château à faire des jeux dans la cour avec Sorj et Eliana, à écouter les histoires de père et à recevoir tous les soirs les baisers de mère avant le coucher, il était passé à un monde de soldats. On y jurait plus que de raisons, on crachait sur les nobles et on leur servait de la merde à dîner. Pourtant c’est ici qu’il était devenu homme.

Il avait retrouvé Roland et Luclin, le jour même. Roland était assis sur un banc du château en train de faire causette à une jeune fille en livrée. Il était en train de lui susurrer quelque chose à l’oreille quand Thibaut fit irruption. Luclin lui regardait béatement les murs du château en se déboîtant la tête.
- Ah voilà mon petit piaf. Oh oui il est un peu rustre ma donzelle mais ce soir je te raconterai l’histoire du jeune noble qui partit à la conquête de son royaume perdu. Oui je sais, je suis fantastique.
- Arrête tes conneries, le roi m’a nommé capitaine. Je l’ai mon bataillon !
Bizarrement le regard de la fille passa du dédain à l’intérêt le plus sincère mais Thibaut avait le cerveau trop en ébullition pour s’inquiéter de ce que pouvait penser une servante, pas qu’il s’en soit jamais inquiété d’ailleurs.
- Génial ! A nous l’aventure, les macchabés, les nuits dans la boue et la dysenterie ! Tu me combles de joie mon capitaine !
- T’as intérêt à aimer ça, car tu vas m’aider. Euh...sinon t’as pas vu Frida. J’ai deux trois mots à lui dire...
- OH-oh ! Problèmes !

Le sourire stupide et la réponse laconique de Roland suffirent à lui confirmer ses doutes.
- Tu savais, espèce de salopard de la pire espèce, tu m’as laissé me ridiculiser tout ce temps et ...tu...tu...tu.
- Le temps se fait orageux, rentrons ma donzelle et laissons le « capitaine » à ses vocalises.

Laissant Thibaut en plan, il se retourna juste pour lui dire « Ce soir !». Luclin rigolait doucement.
- Qu’est-ce que t’as toi ?
- Pas en colère PRIN-cesss, PRIN-cesss gentille.
- Princesse gentille princesse mon cul OUI ! Tout le monde est au courant sauf moi.
La petite lueur de satisfaction dans l’oeil de Luclin était de trop pour Thibaut, le géant n’était pas aussi stupide qu’il aimait le laisser le croire. De rage il frappa du pied dans une pierre et l’envoya cogner contre le rempart qui surplombait le jardin. Il entendait encore le petit rire grave de Luclin.

Frida. Elle avait été adorable tout du long. Comme si elle tentait de s’excuser du chamboulement qui était survenu dans la vie de Thibaut à cause d’elle. Sa gentillesse et son corps de rêve perturbait celui-ci au plus haut point. Incapable de la haïr vraiment, la croyant dans la même situation que lui, il avait commencé à vraiment l’apprécier. C’était le genre de femme qui ne se laissait pas abattre. Combattive et pleine de vie, sa façon de toujours aller de l’avant et de chercher un moyen de s’en sortir forçait l’admiration de Thibaut. Elle esquivait le baratin de Roland de manière cinglante et les deux n’arrêtaient pas de se jeter des piques. Roland n’était pas homme à s’embarrasser avec des convenances, il n’hésitait jamais à l’appeler « gueule d’amour »en face. Elle n’avait pas hésité non plus à lui envoyer son pied dans l’entrejambe lorsqu’il lui avait caressé les fesses en le traitant de « Muron ! ». Thibaut avait rit sous cape pendant deux jours à regarder la face congestionnée de son compagnon. Sans savoir ce que « Muron » voulait dire il se doutait que c’était une insulte et il gardait ça en tête pour le ressortir un jour. Roland avait sursauté pendant près d’une semaine chaque fois que Frida s’était approchée de lui mais il avait été beaucoup plus aimable avec elle.
Thibaut adorait parler avec elle le soir. Ils passaient ensemble une heure ou deux à parler chaque soir. Frida perfectionnait ainsi sa connaissance de la langue et ça permettait au jeune homme de sortir ce qu’il avait sur le coeur sans risquer les railleries.
Il y’avait une autre raison aussi, le soir Thibaut la trouvait belle. Il ne voyait alors pas son visage dévasté pouvait imaginer qu’il était assis près de la plus belle fille sur terre, une princesse. S’il avait su.

Et quoi donc s’il avait su ? Rien probablement. Thibaut n’était pas très doué avec les filles et sa vie de soldat n’avait pas amélioré ce fait. Oh, il n’était pas vierge mais ce n’était pas la même chose de se faire chevaucher par une fille de joie que d’avoir des sentiments. Et jusqu’à Frida, Thibaut n’en avait jamais eu des sentiments. Mais pourquoi les choses devaient-elles toujours se compliquer ? Le fait qu’elle soit défigurée avait déjà rendu ses sentiments naissants difficiles à accepter pour Thibaut. Apprendre qu’elle était une princesse et ne lui avait jamais rien dit avait failli les tuer dans l’oeuf. Pourtant aujourd’hui c’était ses couleurs à elle qu’il portait. L’étendard vert et noir était le symbole de son unité et la fierté de tous les hommes. Le jour où il avait ramené celui-ci il avait vu briller plus d’un regard et le troisième bataillon de Fransk lui fut acquis à jamais.

La princesse Frida avait une réputation. A huit ans, elle dirigeait déjà les soldats pour ses jeux. Tous la traitaient de petite peste mal élevée dans son dos. Et pourtant tous cherchaient ses faveurs. Elle faisait combattre les gardes entre eux et le gagnant avait droit à une cérémonie où il recevait une bague marquée d’un lion vert. Les gagnants n’hésitaient donc pas à arborer ce symbole princier et certains l’arboraient encore aujourd’hui. La petite princesse ne se gênait pas pour entrer la mêlée et bastonner un homme si elle trouvait qu’il ne se battait pas avec assez d’ardeur.
A douze ans, elle fuguait pour visiter les tavernes de la ville. Le premier tavernier à recevoir sa visite, l’attrapa violemment et voulu lui donner une fessée pensant avoir affaire à une voleuse venue faire les poches de ses clients. Lorsqu’elle lança son cri de ralliement, il était déjà trop tard pour l’homme. Il eu beau avoir lâché l’enfant, trois soldats s’étaient déjà levés parmi la vingtaine qui remplissait alors le bâtiment. Les autres suivirent. On ne retrouva pas le corps mais aucun aubergiste ne toucha jamais plus aux cheveux des jeunes filles de Liudmark. Les vingt furent punis par le roi pour avoir semé le trouble en ville et si Frida ne s’étaient pas dévoilée aucun d’eux n’aurait avoué avoir vu la princesse en ville ce jour là.
Son père lui assigna des perceptrices à qui elle pourri la vie. Elle n’hésita pas à en attacher une à une chaise avant de se faire la malle en ville. A quinze ans, le roi s’était fait une raison. Sa fille gambadait où elle voulait quand elle le voulait. L’enfermait-il dans une tour qu’un jeune garde venait la libérer tout ça pour avoir une de ces stupides bagues. Il eu même l’idée d’interdire le port des bagues mais les membres de son état majors protestèrent. Il n’avait jusque là jamais encore réalisé à quel point sa fille avait réussi à se faire aimée des troupes. Et le pire de tout, c’est qu’elle s’en foutait.

Thibaut, lui, avait été abasourdi d’entendre tout ça. Une partie de la bouche de Frida elle-même, l’autre de la part de certains vétérans. La discussion qu’il avait eue avec elle le soir de sa nomination avait été empreinte de tristesse. Il était arrivé frustré et fâché. Il aurait aimé être content de l’aboutissement de la première étape de son plan mais au fil de l’après-midi l’appréhension l’avait gagné. Pourquoi ne lui avait-elle rien dit ? Qu’allait-il devenir de leur amitié ?
Elle l’avait rejoint le soir dans l’auberge, il se leva à son entrée mais resta figé. La femme qui se tenait devant lui n’était plus la même. Fini la chevelure blonde en broussaille, fini la tenue provocante. Elle était habillée d’une robe noire longue, des lions verts sur tout le pourtour. Deux gardes l’accompagnaient et le silence se fit dans la taverne à son entrée. L’aubergiste vint la saluer bien bas et tout les hommes présents retirèrent qui leur casquette, qui leur rond de cuir.
Il était mal à l’aise lorsqu’elle s’assit en face de lui avec un sourire gêné. Ils parlèrent longtemps quand même mais elle lui fit clairement comprendre que leurs relations ne pourraient être les même. Malgré ses frasques, elle restait une princesse et son statut à lui de capitaine rendait la situation encore pire, il n’était plus qu’un « simple soldat » ici. Elle lui serra la main avant de partir et lui adressa un faible sourire désolé qui tira sur sa cicatrice.
Thibaut en aurait presque pleuré tellement son coeur lui faisait mal, pour la première fois il réalisait qu’il l’aimait. Il ne l’avait pas vu venir et ce qui le chagrinait vraiment c’était d’en prendre conscience au moment où le monde bougeait sous leurs pieds pour les séparer. Sa rancoeur l’avait quittée et un grand abattement l’assaillit. A l’heure où il aurait voulu avoir l’esprit tout entier à sa vengeance il se surprenait à rêver d’une princesse défigurée. Le monde était étrange.

Pour sûr, il l’était. Il l’avait revue deux mois et demi plus tard. Thibaut avait sué sans et eaux pour se faire accepter sans y parvenir tout à fait. Il lui restait peu de temps pour transformer la troisième Fransk en un bataillon qui lui obérait au doigt et à l’oeil sur le champ de bataille. Et encore, il en devait qu’à la discipline liudmarkienne ne pas s’être fait poignarder la première semaine. Elle lui avait rendu une visite surprise dans sa tente, deux des quatres sergents de Thibaut se tenait derrière elle.
- Ces deux imbéciles me disent que tu te débrouilles bien.
Hésitant à cette entrée en matière qui ne correspondait pas vraiment aux rêves romantiques qu’il s’était fait ces derniers mois, Thibaut répondit de façon laconique.
- Mouais, n’empêche les hommes ne m’aiment pas.
- Le but n’est pas qu’ils t’aiment mais qu’ils fassent ce qu’ils te disent. N’est-ce pas Ulrich ?
- OUI PRINCESSE !
- Fous-moi ton capitaine par terre soldat !

L’homme fonça sur Thibaut sans même hésiter. Choqué celui-ci senti l’air s’expulser des poumons quand l’homme le ceintura et l’envoya au sol. Il se demandait vraiment ce qui se passait lorsqu’il vit les yeux de Frida.
- C’est comme ça que tu te bats Thibaut ? Je croyais que t’en avais dans les couilles, que tu voulais te venger ? Je croyais que t’allais montrer à ces pisseux qui avait réussi à capturer leur princesse. Bats toi peigne couille !
Elle le frappa du pied, sans retenue. Thibaut serra les dents et envoya un coup de boule dans le nez d’Ulrich. Il sentit le nez craquer, l’homme lâcha prise et puis tenta de se reprendre mais Thibaut était déjà sur lui. Il l’envoya valser à travers la table et sur les cartes, il laissa libre court à la frustration accumulée ses derniers temps et frappa l’homme encore et encore.
Frida l’arrêta.
- Arrête Thibaut. Ce n’est pas à lui que tu dois en vouloir. Mais c’est comme ça que tu dois faire s’ils ne te respectent pas. Frappe les jusqu’à ce qu’ils apprennent. Aujourd’hui Ulrich a perdu et c’est toi mon champion.
Elle lui baisa le front et lui donna une bague. Le matin en partant elle lui avait aussi laissé l’étendard.
Il n’eut plus jamais de problème avec ses hommes.

- Capitaine ?
Il reporta son regard sur la côte qui approchait.
- On se déploie en silence. Aucun survivant chez l’ennemi. Ces trois tours de guet doivent tomber dans l’heure. Compris ?
Les hommes se passèrent le mot, certains se retournèrent vers lui et embrassèrent leur bague au lion.
Thibaut lança une prière aux saints. Il ne savait pas trop s’il voulait revenir pour revoir Frida ou mourir pour ne plus jamais être torturé par son visage si beau et si terrible.
La barge toucha la plage en crissant et les hommes s’élancèrent comme des ombres. « Des lions verts» pensa-t’il.


©2006-2007 Avenger

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